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Réaction de Genres Pluriels à l'événement organisé par le BOZAR le 17 juin 2014

posté le 17/06/14 par Genres Pluriels Mots-clés  répression / contrôle social  genre / sexualité 

Réaction de Genres Pluriels à l’événement organisé par le BOZAR le 17 juin 2014 : An intergenerational debat Part 3 : Transgenderism : from underground to popular culture

Nous recevons il y a quelques jours un e-mail d’une personne de BOZAR nous invitant au symposium « Summer of Photography ».
Nous lisons dans l’introduction qu’un des sujets abordés sera « the topics of transgenderism and activism today » et nous étonnons déjà de ne pas avoir été consultés sur la question préalablement.

Pour rappel, Genres Pluriels est la seule association francophone de visibilisation et soutien des personnes trans*, aux genres fluides et intersexes. Nous sommes donc en première ligne de l’activisme : nous organisons un grand nombre d’activités mensuelles, un festival consacré aux questions trans*, genres fluides et intersexes ; nous militons, depuis des années maintenant, au niveau politique ; et, comble de tout puisqu’il s’agit d’un de vos angles d’approche, nous avons un Groupe Médias qui a déjà, à plusieurs reprises, porté plainte contre des reportages transphobes et sexistes auprès de l’IEFH.

Notre stupeur ne fait que croître lorsque nous découvrons que les invités pour les questions trans*, sous l’intitulé « Transgenderism : from underground to popular culture », ne sont autres que Joz Motmans, coordinateur du « Transgender Infopunt » de l’équipe de genre de Gand, et Griet de Cuypere (Centrum voor Seksualiteit en Genderproblematiek, UGent), coordinatrice et psychiatre de la même équipe. Il est très surprenant que cet universitaire et ce médecin soient les seules voix « underground » et « popular culture » des transidentités ! Dans cette équipe, on prône encore la psychiatrisation des identités trans*, on classe les personnes trans* dans des cases qui spécifient si elles sont plus ou moins trans*, et ce, en dépit de leur point de confort et sur base de critères arbitraires, et on diffuse des images sexistes pour illustrer ces idées sur « le genre ». On parle de « problématique » de genres là où n’est « problématique » que la transphobie qui s’attaque aux identités de genres non cisgenres1.

Si ces images ont été retirées des brochures peu de temps après avoir été critiquées par des personnes trans* politisées, le fait qu’elles soient apparues dans ces brochures « d’informations » trans* témoigne du grand sexisme latent dans ces équipes.

Ces équipes ne respectent pas les Droits Humains. Elles sont représentatives d’une transphobie normalisée, institutionnalisée. Par le simple fait de refuser aux personnes trans* le droit de décider elles-mêmes de leurs identités, ces équipes les paternalisent et les dénigrent pour en faire des identités malades.

Dans un symposium sur l’activisme, nous sommes outré.e.s de ne voir invité.e.s aucun.e.s militant.e.s trans*, pour laisser toute la place aux experts auto-proclamés. La « popular culture » ne se construit pas dans les couloirs des hôpitaux, l’ « underground » ne correspond pas à ce qui est validé par une société transphobe dont la loi « relative à la transsexualité » de 2007 impose encore la psychiatrisation, les chirurgies génitales et la stérilisation aux personnes trans* pour l’obtention de papiers d’identité reconnaissant leurs genres.

Si vous aviez fait le travail de recherche nécessaire, vous auriez découvert les Drag Kings de Bruxelles, qui font des spectacles depuis 2009 et qui déconstruisent les genres. Vous auriez appris à connaître les photographes qui ont fait les expositions du festival « Tous les genres sont dans la culture ». Vous auriez lu des analyses d’universitaires2 qui effectuent un réel travail de déconstruction militant dans un soucis véritable de soutien aux questions trans*.
Au lieu de cela, vous avez décidé de ne pas offrir la parole aux artistes, musiciens, comédiens, cinéastes, dessinateurs, performeurs, aux militants, activistes, penseurs, écrivains, universitaires des questions trans* et vous avez choisi de laisser prospérer le discours transphobe des médecins qui nous invisibilisent.

N’osez pas nommer vos débats « (Mis)Representation of Women In Arts And Media » quand il s’agit d’écraser en leur sein les identités de genres qui subissent déjà un tel manque de reconnaissance.

Et si vous cherchez encore l’activisme, le voici.

Genres Pluriels, le 16 juin 2014

Genres Pluriels ASBL
Activités et permanences
Visibilité des personnes aux genres fluides et intersexes
www.genrespluriels.be
00-32(0)487/63 23 43


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Commentaires
  • Excuse-moi mais j’ai un peu de mal à te suivre...

    Le phénomène "trans-genre" existe à sa source par des cas atypiques qui ont connus depuis la naissance des expériences marquantes induisant plus tard le doute sur sa propre appartenance à tel ou tel genre. Par-exemple, l’épanouissement des familles éclatées et l’émancipation de l’homosexualité depuis les ’80s, etc. sont intimement liés à l’importance que prend aujourd’hui cette idée et sa concrétisation.

    Parmi ces personnes, certaines désirent transgresser la nature et vivre l’expérience du sexe opposé, ce que la science permet actuellement jusqu’aux moindres détails (du moins elle arrive à en contenter certain/e/s ?), d’autres le font pour valider un changement d’identité. Rappelons-nous que le m/f décrit dans l’état-civile n’est qu’une convention arbitraire qui s’est jusque là suffise à soi-même.
    Il serait beaucoup plus constructif de chercher à faire valoir le nouveaux genres m/f/t qui en découlent que de chercher à accéder à l’opposé, ce à quoi, je crains, personne n’arrive jamais : il s’agit tout au plus d’expérience, à la façon de "L’invention de Morel" qui se filme en cherchant l’immortalité mais immortalise son état de recherche.
    Il serait bien plus judicieux d’ouvrir une troisième possibilité masc/fém/trans (ou inversement) avec des sous rubriques qui ne regardent que les intéressé/es et dont les employés communaux ou l’état n’ont pas à s’intéresser.

    Sinon il s’agit effectivement de partir en croisade pour réformer l’orthographe et la grammaire en y ajoutant de nouveaux termes et là, y faudrait quand même pas trop pousser !

    La recherche en question : "être du sexe opposé" n’a pas plus à faire l’objet d’une propagande que d’être placée entre les griffes de la psychiatrie. On sent déjà pointer le "phénomène de mode-future" mais cette facette là n’a plus rien de profond, au contraire...

    Si on apprend à tous/toutes "comment" se poser la remise en question de son propre genre, tout en leur proposant de rectifier le tir s’ils/elles le souhaitent, le fun l’emportera sur le psychologique, c’est la voie de l’abrutissement complet et le transhumanisme cher aux scientologues marche main dans la main avec ce projet de société !

  • Excuse-moi mais j’ai un peu de mal à te suivre Tobor...
    les personnes aux genres fluides et intersexes savent de quoi ce texte parle,
    visiblement toi pas !
    Il serait beaucoup plus constructif !!!!
    Il serait bien plus judicieux !!!!
    que tu ne donne pas ton avis sur des sujets que tu à du mal à suivre,
    et ta remarque sur les scientologues serait vraiment à mourir de rire
    sur un site de droite !
    mais là sur indymédia çà donne juste envie de vomir !

  • C’est mignon, tu me dis que "je ne comprends rien au sujet" puis pas un argument... juste du vomis.
    "Je ne maîtrise pas le sujet donc je ne dois pas donner mon avis"
    c’est un peu comme
    "T’es pas ingénieur alors tu peux pas critiquer le nucléaire"

    Ton texte s’adresse-t-il exclusivement à une élite trans ?
    Sache que sur ce site je ne suis pas le seul à ne pas en être,
    tant qu’à faire, autant nous éclairer plutôt que de pester.

    Cela dit, tu n’as pas plus l’air d’avoir compris/e mon message...

  • Cher Tobor,

    je suis une personne trans*, et je dois dire que ton commentaire me choque. Je n’entrerai pas dans une longue discussion sur les histoires trans* mais te conseille vivement de t’inscrire aux atelier de Genres Pluriels, de parcourir le site de GPs ou celui de l’observatoire des transidentités.

    Car en aucun cas, les personnes trans* ne sont "atypiques", ne "transgressent la nature". Yels ne souhaitent pas non plus la création d’une "troisième catégorie" de genre. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi les trois catégories que tu crées (h-f-t) seraient plus valables administrativement que les "sous-catégories" dont tu parles. Cela hiérarchise les identités...

    Quand à la réforme de la langue, ben oui, la langue marque les rapports de pouvoir. Les féministes le décrivent très précisément.

    On ne peut pas, comme il me semble que tu le fais, faire l’économie de la déconstruction des genres pour théoriser les multiples vécus trans*. Il ne s’agit, loin de là , pas de questions de modes mais bien de réalités humaines, de faits sociaux.

    Je terminerai par cette citation : "Vos catégories sont trop étroites pour penser ma réalité."

    Bo.

  • Maon chèr/e BO, désolé d’avoir été choquant,
    j’ai peut-être été confus dans la forme que j’ai donné au fond,
    mais je suis convaincu de ne pas me poser en défenseur des frontières ni en idéaliste machisant.
    Je suis un homme avec une grande part féminine tout à fait assumée et les standards sexistes m’ont toujours rebuté. Mes pulls, gilets sont quasi-exclusivement des trucs designés "pour femmes" car je trouve les coupes des fringues de mecs "à chier". Depuis tout petit, les poignées de mains, le foot, la bagarre, la drague, me montrent un genre auquel je ne m’identifie pas. Je préfère sans-doute marquer mon "la preuve qu’y sont pas tous comme ça" que de chercher à m’en extraire ?

    Le fait de parler d’une "3ème catégorie" répond essentiellement au système du "registre des populations" que je n’ai aucune raison d’appuyer mais dont il faut bien se rendre compte que l’organisation à l’échelle nationale en est institutionnalisée depuis longtemps et qui plus est, mondialement unifiée.
    Ce système est archaïque et fermé comme dans de nombreux domaines où l’activisme se débat.

    De ce point-de-vue administratif, il est plus facile de garder les 2 ambivalences existantes m/f et d’aménager des portes dérobées pour passer d’une catégorie à l’autre. Mais, puisqu’il semble que les structures officielles sont gourmandes en procédures, certificats, constats et tracasseries, ces portes dérobées sont cadenassées.
    S’il fallait ouvrir grand et laisser toustoutes choisir sa case, ce système entier de classement m/f perd sa raison d’être. Bref, ce système de classement tentera par tous ses moyens de continuer à exister et manque de bol, il domine allègrement.

    Une nouvelle catégorie représenterait une brèche possible qui, si elle avait été une option à mes 18 ans, m’aurait semblé intéressante et aurait peut-être été mon propre choix dûment réfléchi ?! Par-contre n’ayant jamais ressenti le désir d’être une femme, si l’option "changement de genre" était proposée, elle m’aurait laissé indifférent. Je n’ai donc, dans ce système binaire, aucun poids dans aucune balance pour signifier quoi que ce soit dans ce domaine, comme tu me le faisais remarquer.

    Je crois qu’une nouvelle catégorie ouvrirait bien plus les esprits sur les vices de fonctionnement du système m/f, un genre t(?) qui par la variété de ses adhérent/es tant idéologiques qu’actif/ves, sexué/es ou pas, éviterait toute réelle stigmatisation, comme un vote-blanc possible quand on te demande ton sexe, ce serait un acquis précieux !

    Quant à réformer la langue, ça se fait sans-doute petit à petit et "yels", "maon", ou "luiel" s’inventent dans l’underground. C’est là que les choses se montrent fonctionnelles ou pas. La conjugaison pleine de slash’s, points, parenthèse, doit encore un peu se trouver... Personne ne va inventer la façon de faire, elle émergera d’elle-même si tout-le-monde cherche. À un moment la langue évolue mais ça se passe en rétro-actif, parce que la pratique s’est généralisée.

    Pour terminer, je voulais aussi donner toute sa valeur humaine et sociale au trans-genre en opposant le "phénomène de mode" qui découlera de sa récupération par le système dont bozar se veut l’avant-garde (certes bien en retard).
    N’oublions pas que l’aura transgressive et provocatrice dont tu sembles dire qu’ils usent, remporte généralement un grand succès auprès d’un publique-cible.
    Après quelques années, le système digère ce qu’il a identifié comme "déviance" et en chie une pâle copie qui comme par hasard devient la norme pour la génération suivante ! Là pour trouver la dimension humaine et sociale, on peut toujours gratter !

    Le jour où hollywood aura dans ses directives de communiquer aux bas-peuples que "les femmes préfèrent les androgynes" ou un cliché du style, un trans-genre de surface risque de déferler sans plus aucune réflexion chez les intéressés.

    C’est pourquoi je préconise l’underground, c’est bien l’underground ! et vis-à-vis de l’état, des propositions pragmatiques, consensuelles et exemptes de pathos...

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