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Réclamer la liberté pour Ebru Fırat

posté le 20/11/16 Mots-clés  répression / contrôle social 

Ce 8 septembre, date de son arrestation, la jeune femme arrivait à l’aéroport Atatürk, en provenance de Diyarbakır, où ses parents sont retournés vivre il y a un an. La police turque ayant, affirme-t-elle, reçu des informations décrivant qu’elle s’apprêtait à commettre un attentat suicide à Istanbul et qu’Ebru Fırat l’aurait préparé en tant que membre du Parti des travailleurs du Kurdistan, dont on l’accuse d’être membre, et donc forcément “terroriste”.

Depuis septembre, de nombreux articles de presse en France, localement ou nationalement, ont décrit cette situation, et un comité de soutien a été mis en place sur Toulouse, sans qu’un résultat probant n’apparaisse jusqu’alors, le gouvernement français refusant de communiquer officiellement sur le sujet. Il est cependant probable qu’il fut évoqué lors de la visite récente du Ministre français des Affaires étrangères aux autorités gouvernementales turques.

Ebru Fırat s’était rendue en 2015, comme volontaire internationale en Syrie aux côtés des forces du Rojava, comme l’avait montré un reportage vidéo de la chaîne Antenne 2. Elle n’y passera que quelques mois. Elle était rentrée en mars 2016 à Toulouse où elle avait repris sa vie et entrepris une réinsertion sociale et professionnelle. Elle était seulement repartie en Turquie cet été 2016, pour passer des vacances en famille. C’est donc sur le chemin du retour qu’elle a été interceptée alors qu’elle faisait escale à Istanbul.

Voilà pour les faits et le déroulement, jusqu’à sa détention.

Son avocate Agnès Caséro expliquait le 24 octobre dernier à l’Actu Coté Toulouse que les accusations sur la préparation d’un attentat suicide reprises en choeur par les médias n’étaient pas fondées et que faute de preuves, Ebru sera jugée désormais, pour “appartenance à une organisation terroriste”.

“Ebru combattait Daech en Syrie dans une brigade féminine, donc elle est considérée comme terroriste par la Turquie“, précise son avocate. “En Turquie, elle risque 10 à 20 ans de prison”. Agnès Caséro ne désespère pas de pouvoir la ramener en France après le procès. Elle s’appuie pour cela sur le fait que le PKK est également considéré par la France comme organisation terroriste et qu’à ce titre, l’accusation pourrait être reprise ici.

Rappelons que pour unE ressortissantE française, ce n’est cependant pas un crime ni un délit que de se rendre au Rojava comme volontaire. L’accusation d’appartenance au PKK, si elle mène les ressortissants turcs en prison, n’est pas juridiquement en soi une preuve de volonté de commettre un acte terroriste, sauf dans la tête de procureurs politiques de l’AKP, les mêmes qui accusent les élus HDP des mêmes “crimes” aujourd’hui.

Le fait d’avoir été volontaire internationale pour le Rojava et y avoir croisé des militantEs identifiéEs comme membres du PKK n’est pas en soi juridiquement non plus une preuve d’appartenance à un “groupe terroriste”.

Afin de ne pas interférer avec d’éventuelles démarches en cours à la veille du procès, nous ne ferons pas de commentaires sur sa nature politique, et chacun sait dans quel contexte il se déroule. Ses soutiens en France n’ont même pas de certitudes sur le déroulement du procès.

Cependant, si une condamnation lourde intervenait, sans possible retour, la pression pour que le gouvernement français se mobilise pour une de ses ressortissantes, devra dépasser le cadre local toulousain, soyons en sûrs.

Mettre en lumière la “combattante contre Daech” et soutenir la militante pour le soutien au processus politique en cours au Rojava reste aussi fondamental.


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