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Rémi Fraisse mort à Sivens : fin de garde à vue pour le gendarme qui a lancé la grenade

posté le 15/01/15 par le parisien Mots-clés  répression / contrôle social  luttes environnementales 

Le gendarme qui a lancé la grenade ayant tué le militant écologiste Rémi Fraisse sur le chantier du barrage de Sivens (Tarn), le 26 octobre dernier, est sorti de garde à vue, ce mercredi dans la soirée.

Selon nos informations, aucune charge n’a été retenue contre lui.

Comme nous l’annoncions ce mercredi matin, le maréchal des logis-chef J. a été placé en garde à vue en début de journée pour être entendu au Bureau des enquêtes judiciaires, situé à Malakoff (Hauts-de-Seine), qui dépend de l’inspection générale de la gendarmerie.

La garde à vue a lieu dans le cadre de l’enquête judiciaire ouverte le 29 octobre dernier par le parquet de Toulouse (Haute-Garonne) pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, faits commis par une personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions ». Deux juges d’instruction avaient été désignés pour mener les investigations.

Agé de 32 ans, le maréchal des logis-chef J. était, au moment du drame, chef d’un groupe de huit militaires chargés de sécuriser la « zone de vie » du site de Sivens. Jusqu’à ce geste fatal, cet homme avait effectué un parcours sans faute au sein de la gendarmerie, qu’il avait intégrée en 2001.

Cosse (EELV) : cette garde à vue « laisse penser que le gendarme a commis un délit »

« Le régime de la garde à vue a été choisi pour lui permettre de bénéficier des droits de la défense et ne présage pas des suites qui seront données au dossier », souligne-t-on de source judiciaire.

Ce qui n’a pas empêché Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’Europe-Ecologie-Les-Vert, de déclarer : « Quand on met quelqu’un en garde à vue, ça veut dire que vous avez des informations comme quoi la personne a commis un délit », a-t-elle déclaré mercredi lors de sa présentation des voeux à la presse. Le parti écologiste qui, dès le lendemain du drame, avait remis en question les méthodes d’intervention employées par les forces de l’ordre à Sivens, attend désormais de « voir ce qui se passera par la suite ».

Les déclarations de la patronne d’EELV sont dénoncées par l’avocat du gendarme. « Affirmer qu’être en garde à vue signifie que l’on est coupable marque une ignorance crasse de notre système judiciaire, souligne Me Jean Tamalet. (Cela) constitue par ailleurs une ignoble atteinte à la présomption d’innocence, d’autant plus grave qu’elle est proférée par un élu. C’est inacceptable et passible de poursuites judiciaires. »

Une enquête administrative, demandée début novembre par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, à l’Inspection générale de la gendarmerie (IGGN), a écarté, début décembre, toute faute professionnelle des gendarmes.

Le rapport a réaffirmé que les autorités n’avaient eu confirmation de la cause exacte de la mort que le mardi 28 octobre, après les résultats de police scientifique. Mais les PV d’audition des gendarmes témoins du drame ont cependant montré que les forces de l’ordre avaient fait, dès les heures qui ont suivi le drame, le lien entre la mort de Rémi Fraisse et l’explosion d’une grenade offensive lancée par un gendarme, dont l’utilisation a depuis été interdite par le gouvernement.

Quand le militaire racontait la nuit du drame

Le militaire avait expliqué les conditions de son geste à deux officiers de police judiciaire, chargés de l’enquête, détaillant dans son procès-verbal une situation qui avait dégénéré.
« J’ai constaté qu’un groupe de 5 à 6 personnes déterminées venait vers nous. Il était suivi de quelques mètres par un groupe plus nombreux. Ils étaient violents, agressifs et motivés. Ils nous projetaient des pierres », indique-t-il. Aux yeux du militaire, la situation est critique : « Je prends la décision de jeter une grenade offensive. Je préviens les manifestants de mon intention. » Entre les manifestants et lui, un grillage. « Je suis obligé de la jeter par-dessus. » « Je la dégoupille, il fait noir mais je connais leur position. » Il assure « éviter de l’envoyer sur les manifestants eux-mêmes », mais précise : « Ils bougent beaucoup. » La grenade explose. « Deux de mes camarades me disent qu’ils ont vu quelqu’un tomber. » Les manifestants qui accompagnaient Rémi, eux, « sont tous partis au moment de l’explosion ». Au bout de « cinq à dix minutes », le commandant d’unité annonce la mort du jeune homme âgé de 21 ans.
Élisabeth Fleury


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