La répression des civils palestiniens se poursuit impitoyablement à Jérusalem-Est. La diplomatie belge doit agir pour y faire mettre fin et faire cesser les politiques d’apartheid et de colonisation qui en sont la cause première.
Depuis plusieurs semaines, militants suprémacistes juifs et autorités israéliennes multiplient les actes de provocations et de violence contre les Palestiniens de Jérusalem-Est. Ce lundi 10 mai, anniversaire de la conquête israélienne de la ville en 1967, le tempo de ce pas de deux s’est dramatiquement accéléré. L’armée israélienne a ainsi lourdement réprimé les rassemblements de milliers de manifestants venus rappeler l’illégalité de l’annexion de Jérusalem-Est, toujours composée majoritairement de Palestiniens. Bilan : plus de 300 blessés, dont plusieurs graves, qui s’ajoutent aux centaines déjà recensés depuis le début des violences. Pour la seconde fois en quelques jours, l’armée a également fait irruption dans la mosquée Al-Aqsa pour en chasser les fidèles pacifiques, n’hésitant pas à recourir aux tirs de balles en caoutchouc, aux gaz lacrymogènes et aux grenades assourdissantes, y compris dans la partie réservée aux femmes.
Comme nous le dénoncions dans notre communiqué du 27 avril, ce climat de terreur doit être compris à la lumière de la politique de nettoyage ethnique orchestrée par l’occupant sur la population palestinienne de la ville afin de renforcer la majorité juive de cette dernière. C’est également au regard de cette politique que doit être lu l’événement qui a mis le feu aux poudres : l’annonce de l’expulsion imminente de plus de 300 Palestiniens des leurs demeures dans le quartier de Sheikh Jarrah au profit de colons juifs extrémistes. Le fait qu’Israël présente ce cas comme un simple différend immobilier ne trompe personne : les expropriations de Palestiniens sont légion et s’inscrivent dans une politique généralisée de persécution visant à les pousser au départ, pratique qui relève du crime d’apartheid.
Dans ce contexte délétère, la communauté internationale se doit d’agir de toute urgence pour assurer la protection des Palestiniens du territoire occupé.
« La Belgique doit condamner tant les symptômes que représentent les événements dramatiques des derniers jours, que ses causes profondes que sont les politiques d’apartheid et de persécution qui concernent l’ensemble des Palestiniens », déclare Pierre Galand, président de l’Association belgo-palestinienne « Elle doit réévaluer au plus vite l’ensemble de ses partenariats avec Israël, comme le recommande Human Rights Watch dans son récent rapport attestant de la réalité de l’apartheid en Israël/Palestine, et instaurer des sanctions contre Israël jusqu’à ce que celui-ci se conforme à ses obligations au titre de puissance occupante ».
L’Association belgo-palestinienne et d’autres associations organiseront un rassemblement symbolique devant le siège du ministère des Affaires étrangères ce mercredi 12 mai à 16h30. Elle rencontrera à cette occasion des représentants du cabinet de la Ministre Sophie Wilmès.
Un rassemblement aura également lieu le 15 mai à la place de l’Albertine de 15h à 16h à l’occasion des 73 ans de la Nakba, l’expulsion de plus de 750 000 Palestiniens lors de la création d’Israël et privés depuis, en dépit des résolutions de l’ONU, du droit à retourner sur les terres dont ils ont été chassés. Nakba qui, comme on le voit, se poursuit impitoyablement encore aujourd’hui.
Voir aussi :
Le consensus sur la réalité de l’apartheid israélien progresse!
Deux nouvelles grandes ONG internationales reconnues mondialement en matière de défense des droits humains accusent Israël de commettre le crime d’apartheid. La communauté internationale doit désormais prendre ses responsabilités.
En 2011, les juristes du tribunal Russell sur la Palestine auquel l’Association belgo-palestinienne avait activement participé concluaient qu’« Israël soumet le peuple palestinien à un régime institutionnalisé de domination considéré comme apartheid en vertu du droit international ». Nombreux étaient alors ceux qui trouvaient outrancier d’appliquer ce qualificatif à la “démocratie israélienne”. La fuite en avant du régime ségrégationniste de contrôle de la population palestinienne et la dérive d’Israël vers une ethnocratie pure et dure ont toutefois changé la donne. A la suite de l’ONG israélienne B’tselem qui concluait le 11 janvier dernier à l’existence d’un régime d’apartheid “du Jourdain à la Méditerranée”, deux prestigieuses organisations de défense des droits humains sont récemment allées dans le même sens :
– Ce mardi 27 avril, Human Rights Watch a publié un rapport de plus de 200 pages dont les conclusions sont formelles : Israël a bel et bien franchi le seuil permettant de qualifier sa politique envers des Palestiniens d’apartheid.
Lire le résumé en français ici. Télécharger la synthèse en français ici.
– Ce mercredi 28 avril, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), dont sont notamment membres la Ligue des droits humains (Belgique) et la Ligue des droits de l’Homme (France), a réaffirmé hier sa position (datant de 2013) attestant également du fait qu’Israël pratique le crime d’apartheid.
Lire le résumé en français ici. Le télécharger ici.
« Lentement mais sûrement, un consensus est donc en train d’émerger parmi les défenseurs des droits humains pour qualifier par son nom le régime d’oppression appliqué par Israël au peuple palestinien dans son ensemble », déclare Pierre Galand, le président de l’Association belgo-palestinienne, qui rappelle que la lutte contre l’apartheid est une norme impérative de droit international qui impose aux États d’empêcher sa perpétration. « Il incombe désormais à la communauté internationale d’en prendre acte et d’entreprendre les démarches adéquates pour tenir l’autorité qui commet le crime d’apartheid pour responsable de ses actes et de les faire cesser. »
https://www.association-belgo-palestinienne.be/apartheid-israelien-le-consensus-progresse/