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Révolution Permanente

posté le 20/12/13 par cianopi Mots-clés  luttes sociales  D19-20 

Alors que j’espérais enfin pouvoir me concentrer sur mes travaux, ma « plume électronique » (pas très sexy j’en conviens) a ressenti le besoin de diverger vers la soirée et la nuit passée. On transmet les expériences : anodines, intenses, inutiles pour certains, primordiales pour d’autres, récurrentes, brèves, longues, ponctuelles, hebdomadaires et j’en passe, on laisse des traces, des empreintes, écritures et mémoires de nos vies.

Non, cette nuit je n’ai rien découvert que je ne savais déjà, la « démocratie » de nos États dits modernes (mais qu’est-ce que ça veut dire encore « moderne » ?) cela fait des années maintenant que je n’en attends plus grand chose, comment continuer à croire à une chimère, à un simulacre, à un trompe-l’œil quand le tour est déjoué ? On peut toujours se bercer d’illusions, il suffit de peu pour que nos vérités éclatent, nous (re)confrontant à ce que nous préférerions ne pas voir, oublier. Mais ce n’est pas de désillusions, ni de révélations, ni d’analyses de notre soi-disant démocratie dont j’ai envie de parler ici-maintenant. Au cœur de ce petit texte il s’agit de lutte, simplement. De la force qui émane de situations forcées, de notre devoir en tant qu’être humain de continuer, de persévérer, de croire, d’espérer, de Résister, toujours et encore, plus que jamais, combattre cette dictature au visage « caché-masqué-casqué ».

Et la poésie, la voix douce, la légèreté de Moustaki font partie des ressources inestimables pour se ressourcer.

http://grooveshark.com/s/Sans+La+Nommer/24gMeB?src=5

« Je voudrais sans la nommer
Vous parler d’elle
Comme d’une bien aimée,
D’une infidèle,
Une fille bien vivante
Qui se réveille
À des lendemains qui chantent
Sous le soleil
C’est elle que l’on matraque,
Que l’on poursuit, que l’on traque,
C’est elle qui se soulève,
Qui souffre et se met en grève.
C’est elle qu’on emprisonne,
Qu’on trahit, qu’on abandonne,
Qui nous donne envie de vivre,
Qui donne envie de la suivre
Jusqu’au bout, jusqu’au bout
Je voudrais sans la nommer
Lui rendre hommage :
Jolie fleur du mois de mai
Ou fruit sauvage,
Une plante bien plantée
Sur ses deux jambes
Et qui traîne en liberté
Où bon lui semble
C’est elle que l’on matraque,
Que l’on poursuit, que l’on traque,
C’est elle qui se soulève,
Qui souffre et se met en grève
C’est elle qu’on emprisonne,
Qu’on trahit, qu’on abandonne,
Qui nous donne envie de vivre,
Qui donne envie de la suivre
Jusqu’au bout, jusqu’au bout
Je voudrais sans la nommer
Vous parler d’elle :
Bien-aimée ou mal-aimée,
Elle est fidèle ;
Et si vous voulez
Que je vous la présente,
On l’appelle Révolution Permanente
C’est elle que l’on matraque,
Que l’on poursuit, que l’on traque,
C’est elle qui se soulève,
Qui souffre et se met en grève
C’est elle qu’on emprisonne,
Qu’on trahit, qu’on abandonne,
Qui nous donne envie de vivre,
Qui donne envie de la suivre
Jusqu’au bout, jusqu’au bout
Jusqu’au bout
Jusqu’au bout
... »

Hier en cellule, une camarade m’enseigna le socle philosophique de l’Aïkido, art martial pacifique japonais : la force de son adversaire peut être réduite à néant et le mener à sa propre perte : hier en cellule, des femmes se sont rencontrées.
Ces échanges dérobés à la froideur du béton et aux néons blancs ont donnés naissances à des œuvres d’arts, à des potentiels et à des forces imaginatives riches, puissantes. Au fil des heures, chacune s’est trouvée une place, s’est laissée happer par l’instant présent, a apporté sa petite pierre à l’édifice. D’entre les murs d’une prison, des rires ont éclaté, des voix se sont mises à chanter, des corps sont entrés en contacts.

Oui ! Mais si nous étions-là il devait bien y avoir des raisons ! Nous devions être fautives quand même ! Je me demande parfois si c’est utile de répondre à ce genre d’assertions. Mais je le fais, en me disant que tout le monde n’a pas la chance de connaître les joies de la répression arbitraire et illégitime. - « trouble à l’ordre public, ça vous aide ? » Non pas vraiment. Cette notion fourre-tout n’est pas bien explicite, j’en conviens. Ici elle se résume en deux mots, indissociables mais différentes : manifestation et solidarité. Manifestation car nous avions dépassé l’heure négociée. Solidarité car nous avons chanté et refusé de nous taire alors que des compagnons se faisaient arrêter sous nos yeux. Ah oui, la manifestation avait pour but de bloquer un sommet européen. Je vous renvoie au site ad29-20 pour plus d’informations. Mais vous connaissez la chanson : politique ultra-néolibérale ; austérité ; coupes budgétaires ; privatisation du public ; enrichissement des plus riches et appauvrissement du reste ; diminution de la dette, et j’en passe.

Bon, bref, tout ça pour dire que « C’est elle que l’on matraque, Que l’on poursuit, Que l’on traque, C’est elle qui se soulève, Qui souffre et se met en grève, C’est elle qu’on emprisonne, Qu’on trahit, qu’on abandonne, Qui nous donne envie de vivre, Qui donne envie de la suivre, Jusqu’au bout, jusqu’au bout, jusqu’au bout, jusqu’au bout, jusqu’au bout, jusqu’au bout, ... bout bout !

Oui, cette situation forcée, finalement c’était un cadeau involontaire de l’ennemi et c’est un peu comme le principe de l’aïkido. J’en ressors avec encore plus de force, de ténacité, de volonté et de courage.

RÉVOLUTION PERMANENTE !!


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