Que le Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique et le Forum der Joodse Organisaties invitent Shimon Peres, président de l’État d’Israël, cela n’a rien d’étonnant. Ce qui l’est beaucoup plus, c’est que le ministre belge de la Défense, Pieter De Crem, et le recteur de l’ULB, Didier Viviers se prêtent à cette évidente opération de com.
Opération de com. ? Personne n’ignore en effet que l’image d’Israël est de plus en plus ternie aux yeux de la Communauté internationale. Alors les organisations juives invitent son président qui, par ses déclarations récentes en faveur de négociations sérieuses avec l’Autorité palestinienne - et même avec le Hamas -, apparaît comme un homme de paix. Le problème, c’est que, en Israël, ce n’est pas le président qui dirige la politique du pays, son rôle étant strictement représentatif. Et il s’en acquitte fort bien en s’appliquant à donner une image respectable d’Israël, ce qui est l’objectif manifeste de l’opération.
La question que l’on peut, que l’on doit, se poser est de savoir pourquoi il a attendu de n’avoir plus aucun rôle décisionnel pour tenir un discours de paix. Car il ne faut pas oublier qu’avant d’accéder à la présidence, le 15 juillet 2007, Shimon Peres a été de quasi tous le gouvernements et qu’il a vigoureusement soutenu la politique de colonisation et aussi les deux guerres du Liban.
Qui plus est, Shimon Peres a, de façon directe, du sang sur les mains. En avril 1996, alors qu’il était Premier ministre, fonction à laquelle il avait accédé après l’assassinat de Yitzhak Rabin, c’est lui qui avait ordonné le bombardement du camp de réfugiés des Nations unies de Cana, au Sud-Liban, bombardement dont le bilan s’était élevé à 100 morts, majoritairement des femmes, des enfants et des vieillards. Le plus grave est qu’il s’agissait d’une opération strictement électoraliste à un mois des élections qui devaient avoir lieu le 29 mai suivant. Shimon Peres voulait ainsi prouver que lui, le civil, pouvait aussi être un chef de guerre. 100 morts pour rien puisque c’est Benyamin Netanyahu qui avait remporté les élections.
Que l’establishment juif de Belgique ait envie d’entendre la « bonne » parole du président de l’État d’Israël – à 100 € l’entrée ! -, soit. Mais que vont donc lui dire le ministre de la Défense et le recteur de l’ULB ? Vont-ils lui parler du rapport des chefs de mission de l’Union européenne à Jérusalem-Est et à Ramallah qui fustige la colonisation israélienne à Jérusalem-Est occupé et annexé, estimant qu’elle vise à empêcher la création d’un État palestinien, et qui appelle les pays membres à sanctionner financièrement Israël ? Nous craignons fort que ce ne sera pas le cas et qu’ils feraient dès lors mieux de s’abstenir de participer à cette opération de com.
source : Union des Progressistes Juifs de Belgique
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