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Situation bloquée pour les migrants en "escale" à Calais Cul-de-sac

posté le 03/06/14 par Veronika Boutinova Mots-clés  Calais 

Situation bloquée pour les migrants en « escale » à Calais Cul-de-sac


Plus qu’eurosceptiques, les Français et les Européens ont affirmé lors des dernières élections européennes leur désir d’un retour à la claustration fascisante : chacun chez soi et les vaches maigres seront bien gardées. L’une des causes de ce vote bleu ou brun est bien entendu l’accroissement des migrants venus de l’hémisphère sud envahir notre Europe fantoche. Comme si la multitude de migrants parvenant dans les pays de l’Union (parce qu’ils n’ont rien à se mettre eux-mêmes sous la dent ou parce qu’ils risquent leur peau sur les os) prenait le travail inexistant aux autochtones européens : ces hommes, ces femmes n’ont pas de papiers, donc pas de droit au travail, si ce n’est en Angleterre d’où leur désir si profond de traverser la Manche.

A force de discuter avec les migrants bloqués à Calais, je remarque que ce mot revient souvent : « travail ». Ces hommes souhaitent travailler, travailler pour gagner de l’argent et pouvoir nourrir leurs familles restées dans la misère et la guerre. Travailler. Que de kilomètres subis au cours de voyages de cinq années parfois pour pouvoir avoir le privilège de travailler. Et peu importe les conditions de travail britanniques, les bas salaires, l’impossibilité de cotiser pour une couverture sociale et une retraite, ils veulent travailler. Ils veulent l’opportunité d’une vie normale : boulot, métro, dodo et Western Union.

Il y avait Frontex qui faisait de notre Europe une forteresse pas si imprenable ; mais les hommes du Nord souhaitent rebâtir les frontières et se protéger de l’assaut étranger.

A Calais, depuis une semaine, la situation est grotesque : on ne sait comment faire disparaître ces milliers d’hommes de diverses nationalités depuis plus de quinze ans que dure le problème ; mais cet été, on a cherché à les faire se volatiliser de diverses manières ubuesques pour que ces gens dégueulasses ne gâchent pas le paysage de la manifestation festive maritime et fluviale « Escale à Calais » : des expositions, fêtes, balades dans des bateaux de luxe sont programmés du 6 au 9 juin sur les quais où se réfugiaient les migrants scindés sur le quai de la Batellerie ou dans la Plastic Jungle face au port des ferries.

Sous prétexte humanitaire de soigner la gale, une vingtaine de cars de CRS est venue proposer d’emmener les migrants dans les douches de la zone Doret grâce à des bus scolaires aux sièges plastifiés. « Si vous êtes là pour la gale, amenez-nous des médecins, pas la police », hurlaient les militants qui ne poussaient pas les populations indécises à aller se laver. Cette manœuvre avait pour objectif de déplacer les hommes des quais, sans doute pas de les arrêter... à moins que… sous prétexte humanitaire encore, les déporter dans des centres de rétention ou des C.A.D.A. propres pour leur permettre de se reposer aurait permis de les éloigner de la fête qui se prépare dans la si belle ville de Calais qui « anime l’été » comme le prône les affiches à travers la ville : animations pseudo-culturelles pour touristes étrangers et Calaisiens fortunés (prix des spectacles autour de 30 euros) qui n’ont d’autre finalité que de garder stériles les esprits sous la chaleur relative de l’été nordiste.

On a donc rasé les tentes de bâches plastique dans lesquelles subsistaient les migrants, au milieu des immondices et dans une odeur de merde infâme… et déplacé, non pas les hommes, mais le problème : poussés par les militants, sous le nez de la police bernée, les migrants se sont réfugiés ce 28 mai mémorable dans le camp « salam » et y sont restés depuis. Le camp « salam » comme les hommes l’appellent est l’aire de distribution où les associations de bénévoles sont autorisés à les recevoir dans le seul but légal de les nourrir. Le lieu est investi depuis le 28 mai.

Le préfet a sommé aux divers ethnies représentées de partir le 31 mai, acceptant que les militants trouvent d’eux-mêmes un terrain : le terrain choisi, beaucoup par provocation, a été l’ancien camping de la ville sis en bord de mer, un terrain municipal. Les migrants hésitants, puis convaincus, ont accepté le déménagement ; chargés comme des mules de sacs immenses, de couvertures, de morceaux de palettes de bois, ils ont quitté le camp « salam » et sont revenus cinq minutes après, car on leur apprenait dans la rue que le camping était occupé par les CRS.

La Préfecture a donc concédé à ce que les migrants demeurent dans le camp « salam », promettant une nouvelle venue et de nouvelles négociations le mardi suivant. Nous sommes aujourd’hui mardi, et l’autorisation a été reconduite. Jusque quand ?

Les migrants sont fatigués, inquiets, se sentent ballotés comme des yoyos. Leur futur est indécis et il y a de quoi les rendre fous. Fou ? Un homme que j’ai croisé il y a plusieurs mois, un Palestinien philosophe qui s’exprimait dans un français parfait l’est devenu : il reste assis dans des coins aux pieds des poubelles, prostré toute la journée et refuse qu’on l’emmène à l’hôpital. Fou ? Les hommes le deviennent à ne pouvoir se doucher : le camp est pourvu de trois robinets d’eau glacée ; une cabane de bois et de bâches plastiques a été construite pour un peu d’intimité, mais la pudeur de nombre d’hommes l’emporte sur la nécessité de l’hygiène. Les hommes urinent sur les murs un peu à l’écart ; je n’ai pas vu où ils se cachent pour déféquer, sans doute font-ils cela la nuit, s’ils y parviennent : la nourriture qu’on leur sert une fois par jour n’aide pas au transit intestinal et les hommes se plaignent de douleurs de ventre, d’estomac, de tête. Le stress aidant, l’oisiveté sous le soleil ou la pluie. Ce soir, un groupe d’Afghans jouait au base-ball avec des accessoires construits de bric et de broc. La police venait d’installer une camionnette de l’autre côté des grilles d’où l’on voit les mâts des bateaux déjà arrivés pour la parade à venir le week-end prochain.

J’appelle bien entendu à boycotter ces activités abêtissantes qui mettent la municipalité de Calais à la même position dégradante que le gouvernement brésilien qui malmène ses pauvres pour recevoir la Coupe du monde de football.

Calais est régie par une municipalité peu humaniste et habitée par une partie de la population ignorante qui rejette l’autre ; il existe à Calais une page sur facebook qui compte 4200 lecteurs, une page qui s’intitule « Sauvons Calais » sous-entendu des migrants qui affiche haut et fort son rejet des migrants sous prétexte qu’ils sont dangereux. Il ne m’est jamais rien arrivé depuis plusieurs années que je m’adonne au bénévolat. Par contre, je me suis fait traiter de sale pute ce midi en sortant du camp « salam » par deux hommes en voiture.

Je me suis fait insulter également sur cette page pour avoir publié un ouvrage de théâtre qui traite du sujet des migrations en Europe.

Citations pour vous faire rire ou pleurer :

« Véronika Boutinova, ancienne professeur du lycée Pierre de Coubertin a écrit un livre sur l’immigration à Calais, un livre qui va surement manipuler les calaisiens et leur mentir sur l’immigration et ses problèmes.

« Je me demande toujours ce que je fais à Calais. Je n’aime pas cette ville. Mais avec les migrants, je sais pourquoi j’y reste. Ça me tient à coeur d’aider. Quand je vois des propos ahurissants comme ceux tenus par le collectif Sauvons Calais qui parle par exemple de pro-migrants, je ne comprends pas ! On serait tous contents que les gens soient heureux chez eux, ne soient pas obligés de quitter leur pays. Ils ont eu des voyages dans la douleur. Là, ils sont dehors ! C’est une question de survie. Je suis pro-humain, pas pro-migrant. »

Madame Boutinova, vous n’avez aucun argument valable pour défendre des individus nuisibles à Calais. Pour répondre à votre affirmation "Je me demande toujours ce que je fais à Calais. Je n’aime pas cette ville.", personne ne vous retient ou vous empêche de partir de notre ville que nous aimons tous.
Vive la France, vive Calais ! »

Réponse à Boutinova. Commentaires :
Pffff sa leurs plais de voir calais perrir au sein de limmigration de masse question ? Nous en cas de guerre on irais dans leurs pays eu feront koi ? Reponse il nous turont !!! Collectif Sauvons Calais courage je suis avec vous vous étes notre chance de sauvé calais

6 mai, 23:57 • J’aime • 2
Au arme !!!!!Voir la traduction

6 mai, 23:57 • J’aime • 1
Et pour les sdf français on écrit pas de livre ? On ne sinkiette pas de leurs vie passée ? A oui ses eux les sdf qui son oublié par la société

Hier, à 00:00 • J’aime • 6
c’est vrai ça tout le monde défend les migrants mais ils devraient se souciés d’abord de leurs SDF FRANCAIS qui ont eu une vie avant de l’être, avant de se soucié des migrants on a tous une vie mais il faut penser à soi avant les autres c’est peut-être égoïste mais la France avant tout !!

Hier, à 01:01 • Modifié • J’aime • 3
Nous avons assez de problèmes pour se souciés des problèmes des autres

Hier, à 01:00 • J’aime • 2
Et si on i reflechi il est ou le courage de ses migrant qui fuit leur pays en laissant femme et enfant derieur eux dans un pays soit disant en guerre honte a eux

Hier, à 01:21 • J’aime • 3
Il faut interdire la distribution de ce livre sur calais uniquement. C’est scandaleux

Hier, à 04:50 • J’aime • 1
fuit leurs pays en guerre .quelle soldats mdr . moi je quitteraispas ma ville quoi que se soit .et celle qui a ecris bouquindois surment en avoir ou je pense mdr .et deja voir c origine a elle quelle s occupe de son menage et ses migrants de merdes a degagees toi aussis

Hier, à 04:51 • J’aime • 2
vu son nom envois la à poutine

Hier, à 05:19 • J’aime • 1
ou à moi

Hier, à 05:19 • J’aime • 1
je crois que cette personne n’a rien compris de la situation de Calais !

Hier, à 06:38 • J’aime • 1
Sauvons Calais Comme tous les pro-migrants

Hier, à 07:50 • J’aime
c’était une prof d’EPS je parie !!!!!

Hier, à 08:10 • J’aime • 2
elle est pro migrant parce qu’elle n’aime pas Calais voila sa motivation.... en tant que professeur on imagine ce qu’elle a pu distiller comme mauvaises idées aux lycéens dont elle avait la charge de leur savoir.....

Hier, à 08:31 • J’aime • 1
Pas étonnant que nos enfants soient de plus en plus sots et ignorants avec des enseignants de cet acabit et aussi "bêtes" . Cette idiote aurait du se rendre compte (avant de donner des leçons péremptoires et utopiques) que ces gens ne sont par humainement gênants en tant qu’individus mais que le problème vient de leur instinct grégaire. Je lui ferai donc l’offense à cette détentrice de la science infuse de lui donner la définition "Larousse" du mot "grégaire" : " relatif à une espèce animale qui vit en groupe ou en communauté sans être sociale". Et qu’elle ne vienne pas me parler de la théorie du genre.

Hier, à 08:46 • J’aime • 5
On ne la retient pas ! !! Si elle veut partir qu’elle parte ! Au passage prend en un vingtaine avec toi !!!!

Hier, à 12:01 • J’aime • 2
c tres vrai c Vive la France, vive Calais !

Hier, à 19:42 • J’aime
Quelle accroche ’je n’aime pas calais, je me demande ce que je fais dans cette ville mais avec les migrants je sais pourquoi j’y reste’… elle a une haute estime de notre ville et de ses habitants cette dame... bouquin à ne pas acheter assurément !

Hier, à 19:51 • J’aime • 1
foutre le feux a sa librairie des kil sort

Pour vous empresser d’en rire de peur d’avoir à en pleurer comme disait Figaro. Je n’ai nullement peur des étrangers du camp « salam », ces humains qui me touchent et sont d’une gentillesse extrême, subissant sans violence leur sort, alors qu’on les traite comme des chiens. Mais j’ai peur de cette violence verbale française, de la pauvreté de ces esprits peu éduqués aux nuances de la géopolitique, à la compréhension de l’autre et à la solidarité. Et j’ai peur de cette nouvelle Europe qui se profile si l’on reste dans cette voie sans réagir.

Veronika Boutinova

N.I.M.B.Y. et Dialogues avec un calendrier bulgare, éditions L’Espace d’un instant, Maison d’Europe et d’Orient, 3 passage Hesnel, 12e Paris. A Dialogues Théâtre, rue de la Clé à Lille. A la Librairie Actes-sud, rue Gambetta, Calais.


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Commentaires
  • 3 juin 2014 20:17

    Merci pour ce témoignage, même s’il n’est guère réjouissant.
    Une précision cependant : le fantasme d’une claustration fascisante n’est en rien "plus qu’eurosceptique" (ça n’a rien à voir) et qu’il puisse concerner la généralité des Français ou des Européens reste à démontrer. L’accroissement du nombre des migrants venus de l’hémisphère sud également.
    Mesurant bien que ces nuances sont plus faciles à conserver à l’esprit en restant loin de Calais et de certaines pages facebook, je vous souhaite bon courage.

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