RSS articles
Français  |  Nederlands

Sous le ciel de Khuzaa, témoignage sur l'enfer de Gaza

posté le 04/08/14 par S. Mots-clés  solidarité  antifa 

En bordure du no man’s land créé par les forces d’occupation israéliennes
entre l’Est de la bande de Gaza et la Palestine de 48/Israël

Khan Younes – Bande de Gaza - Palestine

Dimanche 3 août 2014, 8h du matin, heure française :

« Tu as bien dormi ou tu viens de te coucher ? »

C’est avec cet humour noir et bienveillant propre au peuple palestinien, et peut être à tous ceux et celles à travers le monde qui sont prisES sous les déferlements de feu et d’acier des détenteursTRICES des moyens d’une puissance qu’ilsELLES veulent toujours plus dominante, imposante, oppressante ; c’est avec cet humour que mon ami de la famille Najjar entame notre conversation matinale : ces derniers jours ses nuits se sont faites sur les chaises des couloirs d’hôpital ou dans la rue, sous la rumeur des bombardements.

Maintenant il est de retour dans la maison de son oncle à plus grande proximité de Khuzaa. Mais les femmes et les enfants sont encore sous le toit qu’une famille de Khan Younes ville, qui leur était jusqu’à peu inconnue, leur a proposé après leur fuite de l’Est de la région de Khan Younes : la zone n’est toujours pas sûre et certaines parties restent interdites.

Le bilan humain du massacre de Khuzaa n’est pas encore entièrement connu mais quelques corps ont pu être emportés juste avant que l’Etat d’Israël ne mette fin à la trêve de 72 heures du vendredi 1 août qui n’a même pas eu le temps de se vivre[1] tant cet Etat ne peut souffrir la notion de négociation et ne connaît que l’unilatéralisme.

Mon ami faisait parti de ceux qui ce jour là ont essayé d’aller retrouver leur village, ou ce qu’il en reste. C’est, ce jour là, sous les balles qu’ils ont du rebrousser chemin.

Mais que peut une puissance occupante quand dans le bilan du massacre ceux et celles de Khuzaa comprennent leurs arbres, parlant ainsi de leur vie comme de leur attachement à leur terre ?

Alors le lendemain, au nom d’un retrait unilatéral cachant mal l’impasse dans lequel l’Etat d’Israël s’est mis et faisant de la dimension militaire de son agression une défaite comparable à celle de 2006 au Liban ; alors le lendemain mon ami est revenu. Et a pu accéder à sa maison maintenant en-dehors des zones toujours mortelles. Il semble que fort heureusement il n’aura pas à la reconstruire, tout au moins pas le bâti. Pour ce qui est de l’intérieur… Il n’en est pas de même pour de nombreux autres quartiers du village, entre autres ceux de sa grande famille. Et mon ami de se demander ce qu’ils veulent à sa famille quand déjà lors du déferlement de feu et d’acier à l’hiver 2008/2009 elle avait été touchée de plein fouet[2].

Et il y retournera. Pour tenter de fermer sa maison et d’y enfermer les débris de ses biens car le problème des vols se pose.

Vision d’un futur proche, gris.

En attendant, au quotidien, le problème alimentaire se pose. Les légumes manquent et sont devenus hors de prix dans la bande de Gaza : Khuzaa était aussi un des importants lieux de productions. Quant au pain se sont les enfants qui font la queue pour en ramener la ration déterminée. L’UNRWA, elle, réserve sa distribution quotidienne de deux boites de viande hachée et de quelques pitas à ceux et celles qui sont réfugiéEs dans ses abris et écoles.

Problème alimentaire, problème sanitaire (la fille de mon ami qui a attrapé une méningite virale pendant les bombardements semble être loin d’un cas isolé), problème énergétique… autant de conséquences qui vont continuer, aujourd’hui de manière décuplée, de faire le quotidien des habitantEs de la bande de Gaza et qui ne se feront pas autant entendre que le fracas des bombes mais qui pourtant font partis de ce qui constitue le temps long de l’Histoire en Palestine pour aboutir aux évènements historiques comme celui de ce mois de juillet 2014 rappelant celui de la Nakba[3].

En espérant que la plainte pour crimes de guerre déposée à la Cour Pénale Internationale aboutisse. Pour ceux et celles de Khuzaa, de Shujaiya, de toutes et tous la-bas, ici…


posté le  par S.  Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article

Commentaires

Les commentaires de la rubrique ont été suspendus.