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Souvenirs de violences policières à l’encontre de militant.e.s antifascistes

posté le 03/03/20 par * Mots-clés  histoire / archive  réflexion / analyse  antifa  antiracisme 

Après la répression, importante, survenue à Gilly ce 25 janvier, cette liste a pour ambition de replacer l’événement dans un historique, récent et partiel, de la répression policière à l’encontre de l’antifascisme. Cette répression n’a rien de neuve, et il nous semble important d’être conscient.e.s du rôle réel de la police à l’encontre des luttes antifascistes, mais aussi du fait que des activistes ont vécu « pire » parce que moins bien entouré.e.s. Cela permet d’inscrire nos actions en prenant mieux en compte le contexte, et de se solidariser les un.e.s les autres de manière plus efficace.

25.01.2020 : Agression de la police à l’encontre de manifestant.e.s antifascistes à Gilly qui empêchaient la création d’un nouveau parti d’extrême-droite, le PNE. La police utilisera gaz, matraques et auto-pompe. Profitant de la cohue, les fascistes agresseront au moins deux personnes antifascistes devant les yeux de la police, sans conséquence pour eux.

17.01.2020 : Interpellation policière à l’encontre des supporters de l’Union saint-gilloise. La police confisque les banderoles et affiches antifascistes afin « de ne pas heurter des sensibilités ».

25.08.2019 : Suite à la campagne xénophobe « Spy en colère », à l’initiative de Nation, voulant intervenir contre un centre d’hébergement de personnes migrantes, des antifascistes organisent un contre-rassemblement et une rencontre de solidarité. Malgré l’interdiction de la manifestation des fascistes par la ville, la police les laisse en paix devant les journalistes tandis que des antifascistes seront contrôlés, leurs identités fichées pendant que leur véhicule est retourné et entièrement fouillé.

18.05.2019 : La police nasse, gaze une centaine de manifestant.e.s LGBTQIA+ durant la Belgian Pride. Ces manifestant.e.s s’opposaient, entre autres, à la présence des chars d’extrême-droite, dont celui de la NVA, à la Pride. Insultes antisémites de la part de policiers lors de l’arrestation.

19.02.2019 : Des manifestant.e.s antifascistes empêchent la tenue d’une conférence à Verviers organisée par l’extrême-droite wallonne invitant l’ancien ministre Théo Francken. La violence initiée par des militants d’extrême-droite à l’encontre de plusieurs antifascistes n’entraînera aucune réaction de la part de la police, par contre elle interviendra plusieurs fois à l’encontre des manifestant.e.s antifascistes, les gazant et en arrêtant plusieurs.

01.04.2018 : La cinquième manifestation féministe annuelle « Reclaim the night », dont l’appel avait insisté sur un féminisme antiraciste. Cette manifestation se déroule dans le but de se réapproprier la rue la nuit contre les violences sexistes et policières. Cette manifestation sera durement réprimée par la police, en commençant par l’agression d’un policier en civil forcené (sans brassard, évidemment) dès les premières minutes. Plusieurs personnes seront blessées, étranglées derrière des voitures, gazées, harcelées (dont remarques paternalistes comme « vous n’aviez qu’à rester à la maison », menaces de viol collectif et tirages de cheveux), puis arrêtées.

22.01.2018 : 2500 personnes se rassemblent au parc Maximilien afin de protéger les personnes migrantes d’une grosse rafle policière. Malgré cela, la police rafle 17 migrant.e.s à proximité du parc. Cet exemple n’est qu’une illustration de la chasse faite aux personnes migrantes et du harcèlement policier qu’elles subissent au jour le jour. De telles pratiques en Belgique sont institutionnalisées.

12.12.2017 : Procès à l’encontre de Erdal Gokoglu suite à son engagement antifasciste contre le régime d’Erdogan. Ayant trouvé refuge en Belgique par le biais d’une exfiltration suite à des tortures subies dans les prisons turques (plusieurs de ses camarades trouvant la mort), la cours judiciaire de Liège l’extrade malgré tout vers l’Allemagne afin qu’il soit extradé vers la Turquie où il risque à nouveau la mort. Derrière ce cas individuel, et il y en a beaucoup d’autres, se cache une politique d’Etat qui s’attaque à toutes personne migrante et/ou issue de la diaspora qui oserait avoir une activité militante en Belgique.

18-11-2017 : Répression policière de l’occupation de la Voix des Sans Papiers de Bruxelles (autorisée par la commune). Des policiers en civil, sans brassard comme d’habitude, tirent à très courte distance avec un FN 303 (produit à la FN d’Herstal), faisant plusieurs blessé.e.s, dont un tir à l’entre jambe. Les « renforts » ont gazé le bâtiment dans lequel se trouvaient déjà des occupant.e.s, dont des bébés, et matraqué tout qui était à leur portée.


27-30.10.2017 : Multiplication d’attaques à Anvers contre des kurdes par l’extrême-droite turque (Loups Gris, entre autres). La police arrête le car de campagne « Free Ocalan » (1), ainsi que 41 militant.e.s antifascistes kurdes après une attaque, avec utilisation d’engins incendiaires, de l’extrême-droite turque contre le car. Les attaques ne cesseront pas puisque deux jours plus tard une manifestation d’extrême-droite turque s’attaquera à plusieurs lieux et commerces kurdes.

27.03.2017 : Attaque musclée, et sans sommation comme dans la plupart des cas listés dans cet article, contrôle abusif et arrestations préventives (c-à-d avant que quelque-chose d’illégal n’ait eu lieu) d’au moins quatre antifascistes lors de la manifestation contre le centre fermé de Vottem.

17.12.2016 : 56 antifascistes actives/ifs au sein de la campagne « Non au local nazi » initiée par « Bruxelles Zone Antifa » opposé à la présence d’un local des extrêmes-droites européennes à Bruxelles (APF) ont été arrêté.e.s par la police. Intervention risquée sur la route avec usage de véhicules pour s’introduire dans un cortège en pleine course, une antifasciste aura le fémur brisé. Comme d’habitude, colsons serrés beaucoup plus que nécessaire, au moins un participant gardera une perte de sensibilité sévère à la main.

02.04.2016 : Bruxelles : Le président de la ligue des droits humains, un journaliste et 80 autres personnes ont été arrêtées par la police lors d’un rassemblement antifasciste et antiraciste à la Bourse. Ce rassemblement faisait suite à une descente de 400 hooligans d’extrême-droite, quelques jours plus tôt (le 27 mars), qui avaient endommagés des commerces et agressés des personnes racisées, avec seulement 15 arrestations (et un échange de sourires avec le commissaire Vandersmissen – qui commandera la répression des antifascistes quelques jours plus tard), alors que la police était au courant de cette descente. Plusieurs personnes présumées antifascistes (sic, nous sommes tou.te.s antifascistes) avaient été contrôlées et fouillées par des policiers en civil dans les bars et rues adjacentes. Les quelques fascistes présents sur place pour prendre des photos et insulter les antifascistes ont été laissés tranquilles. Une militante qui répondait aux insultes s’est faite traînée au sol dans le car de la police, et de nombreuses personnes arrêtées subiront des “blagues” sexistes et racistes de la part de la police. Un peu plus tard, ce sont 35 jeunes/ados de Molenbeek voulant empêcher la présence des fascistes de Génération Identitaire (ayant appelé à “nettoyer Molenbeek”) qui seront également arrêtés, dont des mineurs. La trentaine de militants fascistes identitaires ne seront pas inquiétés.

26.05.2015 : Lors d’une manifestation de sans-papiers à Bruxelles, des fascistes de Nation attaquent le cortège. Suite à la réaction des personnes sans-papiers à la violence fasciste, la police est intervenue et en a arrêté une quarantaine. Les fascistes n’ont pas été inquiétés.

03.04.2014 : Manifestation antifasciste contre le meeting de De Winter (Vlaams Belang) à Bruxelles. Les néonazis de Nation profitent de cette présence pour agresser le rassemblement à coups de battons, chaises, barrières et gands renforcés. Un de ces néonazis (Emersson Henge) frappe un homme allongé au sol avec une chaise. La police décide de charger les antifascistes (…) jusqu’à la Grand Place et au-delà, en blesse et arrête plusieurs puis escorte De Winter dans une autre salle prévue que celle pour le meeting. La police protégera ce second lieu tout le long de la soirée.

25.09.2012 : Arrestation préventive de 27 militant.e.s antifascistes à Ath qui étaient présent.e.s contre la présence du parti d’extrême-droite « Nation ». Les militants de Nation ne seront pas inquiétés par la police.

17.06.2012 : Répression d’une manifestation antifasciste contre la manifestation islamophobe du Parti Populaire et de Nation. Nombreuses violences policières, jusue dans le métro, plusieurs personnes blessées et nombreuses arrestations. Certains manifestant.e.s finiront à l’hôpital. Comme souvent, les personnes arrêtées seront déposées tard dans la nuit par la police dans des endroits particulièrement éloignés du centre de Bruxelles et des transports. Plus tard, elles seront même sanctionnées par des amendes. Le comité P (sic) avait été saisi, une enquête disciplinaire devait être menée, mais les faits ont bien sûr été enterrés.

28.03.2010 : Contre-manifestation antifasciste à l’encontre d’un rassemblement anti-avortement dans lequel était présent plusieurs groupes d’extrême-droite et des collectifs conservateurs catholiques, la contre-manifestation est empêchée et nassée par la police à Bruxelles. À plusieurs reprises de telles manifesfations dite “pro-vie” (sic) ont été organisées par des groupes religieux conservateurs et les extrêmes-droites.



Un problème bien plus large

Nous avons voulu écrire un récapitulatif de différentes manifestations et actions antifascistes qui furent réprimées et/ou empêchées par les forces du désordre, sur une période de plus ou moins dix ans. Ce récapitulatif n’est pas exhaustif puisqu’il se limite aux actions dont nous nous souvenons, s’étant déroulées majoritairement en Belgique francophone et dont la répression policière a été rendue publique. Ce dernier point est très important : si les syndicats communiquent beaucoup plus que d’autres antifascistes, et ils ont bien raison de le faire, il faut garder en tête que la majorité des agressions policières ne s’exerce pas sur des militant.e.s et qu’elle reste invisible.

Cette liste ne reprend pas les violences ou meurtres policiers – souvent racistes – dans les commissariats, dans les prisons, dans les centres fermés, dans la rue, ou en « opération » à l’instar de Mawda (tuée par balle), Medhi (fauché par une voiture de police après la fuite d’un contrôle), Logan (fauché par une voiture de police après la fuite d’un contrôle), Jonathan (battu à mort dans un commissariat), Sémira (étouffée lors d’une expulsion forcée), etc.

Elle ne reprend pas non plus la violence policière structurelle dans les quartiers ayant motivé la naissance de différents collectifs de mères de jeunes à l’exemple du « collectif des madre » de saint-gilles ou encore du « comité des parents contre les violences policières à Molenbeek ». C’est ce type de violences, récurrentes, qui a motivé la Ligue des Droits Humains a lancé « L’observatoire des violences policières (ObsPol) » mais aussi la JOC à lancer sa campagne « Stop Répression ».

Cette liste ne reprend pas non plus les nombreuses exactions, fascistes, policières ou judiciaires, que subissent des personnes kurdes et/ou turques militant contre le régime d’Erdogan, elle n’en reprend qu’une en guise d’illustration. Elle ne reprend pas non plus la répression d’autres personnes issues de différentes diasporas, militantes ou non, cibles des pratiques répressives de l’État comme lorsque ce dernier a fait intervenir la police politique soudanaise ou la police marocaine à Bruxelles.

Cette liste ne reprend pas la multiplication des faits d’apologie du nazisme et/ou de haine raciale, présents dans l’armée et la police en Belgique, ni les manifestations d’extrême-droite et les violences sur personnes que celles-ci ont pu exercer, sans répression. Elle ne parle pas non plus des violences, souvent invisibles, comme la recrudescence des actes islamophobes, antisémites, et de manière plus générale racistes (envers des personnes présumées africaines ou asiatiques, par exemple), transphobes, homophobes, et de manière plus générale sexistes, de la part de personnes, organisées ou non, en Belgique.

Bref, cette liste ne reflète pas l’intégralité de la problématique de la répression, policière ou fasciste, à l’encontre des mouvements antifascistes et antiracistes.
Sources

Différentes sources de presses et communiqués de presse
Obspol
Campagne Stop repression
JOC
Secours rouge
Garance asbl
Rainbow house asbl
Le Collectif pour la liberté d’expression et d’association (CLEA)
La horde (blog)
Resistances.be
antifabruxelles (blog)
Front Antifasciste de Liège 2.0 (blog)
Veille Antifa Liège (blog)

(1) Ocalan est le nom du leader du PKK, il est emprisonné depuis plus de 20 ans sur une île-prison ouverte rien que pour lui.

Des participant.e.s du front antifasciste de liège


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