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Une lettre ouverte pour le peuple de Gaza (The Lancet)

posté le 26/07/14 Mots-clés  antimilitarisme  solidarité  antifa 

Paola Manduca (a), Iain Chalmers (b), Derek Summerfield (c), Mads Gilbert (d), Swee Ang (e), représentant 24 signataires
Nous sommes des médecins et des scientifiques, nous passons nos vies à développer des moyens pour soigner et protéger la santé et les vies. Nous sommes aussi des personnes informées ; nous enseignons l’éthique de nos professions, en même temps que leurs connaissances et leurs pratiques. Nous avons tous travaillé à Gaza et en connaissons la situation depuis des années.

Sur la base de notre éthique et de notre pratique, nous dénonçons ce dont nous sommes témoins dans l’agression de Gaza par Israël.

Nous demandons à nos collègues, jeunes et vieux, de dénoncer cette agression israélienne. Nous récusons la perversité d’une propagande qui justifie la création d’une situation d’urgence pour déguiser un massacre, une prétendue "agression défensive". En réalité, il s’agit d’un assaut impitoyable d’une durée, d’une étendue, d’une intensité illimitées. Nous voulons rapporter les faits que nous voyons et leurs implications sur les vies des gens.

Nous sommes consternés par l’assaut militaire sur les civils dans la bande de Gaza sous prétexte de punir des terroristes. C’est le troisième assaut militaire à grande échelle sur la bande de Gaza depuis 2008. Chaque fois, la mort touche principalement des personnes innocentes de Gaza, particulièrement des femmes et des enfants, sous le prétexte inacceptable, donné par Israël, d’éradiquer des partis politiques et la résistance à l’occupation et au siège qu’ils ont imposés.

Cette action terrifie aussi ceux qui ne sont pas directement touchés, et blesse l’âme, l’esprit et la volonté de la jeune génération. Notre condamnation et notre dégoût sont encore aggravés par le déni et l’interdiction faite à Gaza de recevoir de l’aide extérieure et des approvisionnements pour atténuer la difficulté de la situation.

Le blocus de Gaza s’est encore resserré depuis l’année dernière, ce qui a alourdi le prix à payer par la population. À Gaza, les gens souffrent de la faim, de la soif, de la pollution, de la pénurie de médicaments, d’électricité, et de tous les moyens d’obtenir un revenu, et pas seulement des bombardements et des obus. Crise de l’énergie, pénurie d’essence, rareté de l’eau et de la nourriture, débordements des égouts et baisse constante des ressources sont les catastrophes causées directement ou indirectement par le siège (1).

Les habitants de Gaza résistent à cette agression parce qu’ils veulent une vie meilleure, normale, même lorsqu’ils crient de douleur et de terreur, ils rejettent une trêve provisoire qui ne donnera aucune chance réelle à un futur meilleur. Une voix au milieu des attaques de Gaza, celle de Um Al Ramlawi, parle pour tous : "Ils nous tuent tous de toute façon — soit une mort lente par le siège, soit une mort rapide par les attaques militaires. Nous n’avons plus rien à perdre — nous devons combattre pour nos droits, ou mourir en essayant" (2).

Le blocus de Gaza, par mer et par terre, dure depuis 2006. Tout habitant de Gaza, y compris des pêcheurs s’aventurant au-delà de 3 miles nautiques de la côte de Gaza, risque d’être abattu par la Marine israélienne. Personne ne peut partir de Gaza, par les deux checkpoints Erez ou Rafah, sans une permission spéciale des Israéliens et des Égyptiens, permission qui, pour beaucoup, est difficile, sinon impossible, à obtenir. Les habitants de Gaza ne peuvent pas aller à l’étranger pour étudier, travailler, rendre visite à leurs familles, ou faire des affaires. Les personnes blessées ou malades ne peuvent pas facilement quitter Gaza pour bénéficier de soins spécialisés ailleurs. Les entrées de nourriture et de médicaments dans Gaza ont été restreintes et de nombreux produits essentiels pour la survie sont interdits (3). Avant la dernière attaque, les stocks de médicaments à Gaza étaient déjà bas tout le temps à cause du blocus. Ils sont maintenant épuisés. De même, Gaza ne peut exporter ses produits. L’agriculture a été sévèrement compromise par l’imposition d’une zone tampon, et les produits agricoles ne peuvent pas être exportés en raison du blocus. 80% de la population de Gaza est dépendante des rations de nourriture des Nations unies.

Une grande partie des bâtiments et de l’infrastructure de Gaza avaient été détruits lors de l’opération "Plomb durci", en 2008-09, et le blocus a touché les matériaux de construction, si bien que les écoles, les foyers et les institutions ne peuvent pas être correctement rebâtis. Les usines détruites par les bombardements ont rarement été reconstruites, ce qui a ajouté le chômage à la pénurie.

Malgré les conditions difficiles, la population de Gaza et leurs dirigeants politiques ont récemment accepté de résoudre leurs conflits "sans armes ni dommages", dans un processus de réconciliation entre les factions, leurs dirigeants renonçant à leurs titres et positions pour qu’un gouvernement d’unité puisse être formé en abolissant les divisions politiques entre factions à l’œuvre depuis 2007. Cette réconciliation, bien acceptée par beaucoup dans la communauté internationale, a été rejetée par Israël. Les attaques israéliennes actuelles stoppent cette chance d’unité politique entre Gaza et la Cisjordanie et isole une partie de la société palestinienne en détruisant la vie des habitants de Gaza. Sous prétexte d’éliminer le terrorisme, Israël tente de détruire l’unité palestinienne croissante. Parmi d’autres mensonges, il est déclaré que les civils de Gaza sont des otages du Hamas alors que la vérité est que la bande de Gaza est scellée par les Israéliens et les Egyptiens.

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