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Une réponse antiraciste à des communautaristes « post-coloniaux »

gepost op 25/06/17 door Christian DELARUE Trefwoorden  antifa 

Une réponse antiraciste à des communautaristes « post-coloniaux »

les auteurs de “De beaux rêves pour de paisibles dormeurs” : rétablir la quiétude postcoloniale" de Rafik Chekkat & Youssef Girard

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article3395

Rafik Chekkat & Youssef Girard s’étonne (1) ici de l’absence de réponse à Bernadette Hétier et Pierre Mairat co-présidents du MRAP et auteurs de « L’inquiétante résurgence des théories de la race » (2).

Ils écrivent : « Le fait que cette tribune, parue il y a un mois, n’ait fait l’objet d’aucune réponse publique de la part de ceux qui se disent porteurs d’une expression politique indépendante des post-colonisés, ne lasse pas de nous étonner. Les « antiracistes » de gauche auraient-ils l’insigne privilège de pouvoir nous trainer dans la boue en toute impunité ? » Qui a traîné qui dans la boue ? Quelle boue ? « Le fait de ne pas nommer ces basanés qui grognent des théories insignifiantes sur la race, traduit un mépris colonial tout camusien envers les post-colonisés ». Curieuse position. C’est sans doute qu’il ne s’agissait pas dans cette tribune de faire un inventaire des groupuscules racialistes et racistes. Ceci dit, il s’agit probablement mais pas seulement d’évoquer les discours des « Indigènes de la République » et des proches du PIR, leur parti. Ne pas les nommer n’a rien du mépris colonial. Ce texte vise une façon de penser et non des organisations.

    • Dans leur texte en réponse à la position du MRAP ils entendent surtout réfuter l’antiracisme universaliste pour rétablir la funeste notion de « race », et ce afin de mieux défendre les post-colonisés. La notion de « race », versus social, c’est à dire du côté des « races dominées » (les non-Blancs), serait pour eux indispensable au « combat des races » (mené par les Blancs, race dominante) qui perdure.
    • Ils rappellent à cette occasion « que le concept de « lutte des races » dénoncé par la direction du Mrap a été utilisé par Sadri Khiari dans l’un des articles du livre collectif intitulé « Race et capitalisme ». Le texte incriminé est disponible, précisent-ils, sur le site des Indigènes de la République, dont Sadri Khiari est l’un des membres-fondateurs. Nous ne sommes pas membres de cette organisation et laissons donc le soin aux premiers visés de répondre, s’ils le souhaitent, aux critiques formulées par les coprésidents du Mrap ». Ils sont en quelque sorte des « compagnons de route », c’est à dire sur des positions similaires de celles des Indigènes de la République mais sans en être membre.

Communautés humaines particulières.

Si les « post-colonisés » forment, selon eux, et malgré leur très grande diversité, un groupe humain particulier, alors pourquoi ne pas adopter le terme de communauté plutôt que celui de « race » qui les rapproche, via la « guerre des races », de l’extrême-droite la plus barbare ? Personne ne traîne quiconque dans la boue ici puisque l’on voit aisément, sans hypocrisie aucune, la position différente dans la « guerre des races » tout autant que l’on voit aussi le point commun qui tient à l’adoption d’un même champ de compréhension et de bataille : la « race », les races et la lutte des races. Une « race » dominée doit s’organiser et gagner contre l’autre dominante mais il est indiqué nul part quand cette guerre s’arrête et quand on sort de la définition racialiste et raciste du monde. On y reste et on la justifie et encourage gravement. Très gravement. Ils écrivent :« Pour nous, les dominés ont le droit de se révolter et de pendre leurs dominants avec le fouet qui leur sert à maintenir l’ordre raciste dont ils sont les uniques bénéficiaires. La haine du dominé est le produit de l’oppression qu’il subit concrètement, alors que celle des dominants est l’expression de leur volonté d’asservir les dominés. »

Une communauté humaine rassemble des individus forts différents mais unis sur un ou plusieurs points communs. Certains voient bien le point commun mais pensent que ce sont les différences très importantes qui sont décisives à leurs yeux ; d’autres l’inverse. Soit. En ce sens, il est toujours possible de défendre, jusqu’à un certain point, au sein de la communauté nationale ou au sein de la communauté internationale des peuples, une communauté des individus issus des colonies françaises ou européenne comme d’autres défendent les intérêts matériels et moraux d’autres communautés. Mais le faire en adoptant le mot « race » au lieu de celui de communauté est très problématique. La qualifier de « sociale » ne rend pas le mot race plus scientifique. Cette signification sociale et culturelle de « race » la rapproche de communauté, un groupe humain identifié par une culture commune.

Cette culture commune peut être – je me veux ici compréhensif - celle de l’oppression subie par le colonialisme mais aussi celle d’avoir encore subi, ici ou là, les méfaits du postcolonialisme. Car, on le voit notamment dans le sud de la France (cf affaires de stèle), il existe toujours des nostalgiques de la grande France impériale, prompts à faire suer les immigrés d’Afrique avec humiliation et injures, et ce comme au temps de l’esclavage. Ces proches du FN adorent Napoléon – celui qui a rétablit l’esclavage - et tous les colonialistes mais fustigent De Gaule.

Oui abandonnons la « race » !

Il y a d’autres raisons d’abandonner la notion de « race ». D’abord il ne faut pas se tromper d’époque. Celle du valeureux Franz Fanon mort en 1961 n’est plus celle d’aujourd’hui. il y a bel et bien un effet du droit dans la société française qu’il faut prendre en considération. Il existe une législation antiraciste de plus en plus développée depuis 40 ans qui fait que le racisme est réellement marginalisé. Les marges peuvent être certes encore importantes et lourdes de méfaits toujours bien réels mais le cœur de la société civile tout comme l’Etat républicain ne sont ni l’un ni l’autre raciste mais antiraciste. Il ne faut pas confondre certaines élites et l’Etat. Il faut donc travailler sans relâche pour assurer cette évolution positive dans la pratique des différents rapports sociaux (accès aux logements, à l’emploi, aux services publics, etc…). En ce sens la tribune de B Hétier et P Mairat qui réclament l’abandon du mot « race » dans la Constitution mais le maintien de la lutte antiraciste y participe pleinement. De nombreuses administrations et entreprises mettent en place des dispositifs qui repoussent le racisme sous toutes ses formes. Il faut poursuivre et étendre cette activité.

Second motif, les juristes du MRAP comme les autres (de SOS Racisme, de la Licra et d’autres associations) traînent régulièrement devant les tribunaux les gens qui, comme Zemmour, se vantent d’en faire un « simple » usage de constat, en précisant (dans un premier temps) que cela n’entraîne pour eux aucune appréciation inégalitaire. Ce n’est qu’ensuite qu’ils constatent tout aussi simplement que ce sont les noir-e-s qui sont dans le box des accusés des tribunaux. Ce pseudo-constat n’en est pas un factuellement. Il ne vaut rien juridiquement.


1) “De beaux rêves pour de paisibles dormeurs” : rétablir la quiétude postcoloniale"par Rafik Chekkat & Youssef Girard http://www.etatdexception.net/?p=4621

2) Opinion : l’inquiétante résurgence des théories de la race | Humanitehttp://www.humanite.fr/societe/opinion-l-inquietante-resurgence-des-theories-de-l-518514


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