RSS articles
Français  |  Nederlands

Vents contraires pour la méga-prison de Haren

Un premier avis sur la prison de Haren est attendu ce mercredi. La Commission de concertation va se prononcer, après avoir entendu les opposants au projet. Quelles sont les chances que le projet de méga-prison décroche un avis favorable ? À Jour J-1, le président de la commission se montre réticent.

Le 20 mai, la Commission de concertation sur la future prison de Haren avait duré près de cinq heures. Le temps d’exposer le projet au public et de l’entendre. Un public de riverains, de magistrats, d’associations environnementales et autres opposants à la super-structure.

Il faut dire que la future prison est prévue pour 1190 détenus, dans un quartier assez enclavé, peu accessible aux avocats, aux familles de détenus comme aux détenus eux-mêmes, transférés du palais de justice ou d’autres établissements. Aux détails pratiques s’ajoutaient les réserves de certains opposants sur la présence de tribunaux sur le site voire l’efficacité générale de la politique carcérale de l’État.

Ce mercredi, la Commission de concertation va rendre un avis en partie basé sur ces échanges. Mais lequel ?

Un vote à sept voix

Ce mardi, le président de cette commission, l’échevin de la Ville de Bruxelles Geoffroy Coomans de Brachène, se montre très sceptique. Il laisse entrevoir qu’il ne plaidera pas pour le projet, en tout cas pas tel quel.

"J’habite dans le centre-ville, près du Palais de Justice", commente Geoffroy Coomans de Brachène. "Pour aller à Haren, je mets une heure, vous imaginez le temps pour chaque trajet d’avocat ? Le temps pour chaque transfert de détenu ?" Une prison aussi grande dans un lieu aussi enclavé est à ses yeux une aberration. Y placer des tribunaux aussi.

Pourtant, le parti de l’échevin, le MR, avait avalisé l’implantation d’une prison sur ce terrain (2008), au sein du gouvernement fédéral. N’y voit-il pas de contradiction ? "Quand l’implantation d’une prison avait été décidée, il n’était pas question d’une prison aussi gigantesque", répond-il simplement.

Voilà pour l’avis de Geoffroy Coomans de Brachène. Il sera très vraisemblablement suivi, dans ses réticences au projet, par les deux autres représentants de la Ville de Bruxelles : cela devrait faire trois voix sur sept.

Restent quatre votes : ceux des représentants de quatre organismes para-régionaux. Citidev, les Monuments et Sites, Bruxelles-Environnement et l’Agence pour le Développement Territorial.

Quel sera le souhait, côté régional ? Y aura-t-il moins de réserves ? On s’oriente vraisemblablement vers un "Oui, mais..." assorti de conditions restrictives, voire peut-être un "Non, sauf si...".

Un avis à suivre... ou pas

Quel que soit l’avis issu du vote, il ne sera pas contraignant. La Région bruxelloise a le droit de s’en écarter pour décider d’accorder ou de refuser le permis d’urbanisme. Mais elle doit alors argumenter son choix.

Geoffroy Coomans de Brachène annonce, comme un avertissement : "Si la Région accorde le permis, dans l’état actuel du dossier, il y aura très certainement des recours, parce que, parmi les nombreux opposants au projet, il y a de fins juristes qui trouveront facilement la faille de procédure". L’échevin pense, en l’occurrence, à l’association Syndicale des Magistrats et au barreau de Bruxelles.

"Moi, je conseille tout simplement au fédéral de prévoir un ’plan B’, parce qu’il y a aujourd’hui dans le dossier des éléments de faiblesse qui feront qu’il sera évidemment attaqué au Conseil d’État et il faudra alors refaire l’entièreté de la procédure. On sera reparti pour des années."

Et de conclure : "La prison de Haren, ce ne sera pas pour 2016 ni 2017".

L’avis de la Commission de concertation tombera ce mercredi 3 juin en matinée.

N. Lejman et M. Baele


posté le  par RTBF  Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article

Commentaires

Les commentaires de la rubrique ont été suspendus.