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Vivre autrement ce monde

posté le 08/03/16 par Olivier Hofman Mots-clés  réflexion / analyse  féminisme 

Vivre autrement ce monde

Bonjour,

Le 8 mars est certainement la bonne journée pour aborder cette vaste thématique qu’est le fait de « vivre autrement ce monde ». Parce que c’est « la journée internationale de la femme » ? Non, cela, c’est pour les idiots. Car ce n’est pas la journée internationale de la femme...

« La femme » n’existe pas, pas plus que les « dommages collatéraux », que les « plans sociaux », que la fameuse « intégration européenne » pour lesquels il faudrait dire « victimes de la barbarie », « licenciement massif » et « désintégration de la protection sociale ». « La femme », cela n’existe que dans la bouche des Théo Franken, comme outil de propagation du racisme. « La femme », ce n’est qu’un instrument qui sert l’absence de pensée, comme « LA démocratie », « LE nationalisme » - même les idiots doivent reconnaître que Mandela, Sankara, Lumumba et tant d’autres n’étaient pas des nationalistes à la façon raciste et guerrière des Occidentaux -, ou encore « LE droit »...

Oui, « le droit » ! Car on est bien tenter de dire que ce jour est celui des droits des femmes. Mais, là encore, il faut faire attention. Et mettre une majuscule à « Femmes ». Car l’être humain-e est toujours plus important-e. Et puis, l’esclavage, les bombes atomiques lancées, les camps d’extermination, tout cela était légal, faisait partie du droit des états, sans oublier que le droit est plus qu’évolutif : c’est un appel constant. Ce pourquoi, avant d’être la journée internationale des droits des Femmes, ce 8 mars est avant tout la journée des luttes des Femmes. Contre le droit, contre l’état, contre le réductionnisme de la pensée, pensée souvent machiste et patriarcale.

Le 8 mars, c’est donc avant tout l’occasion de fermer ma grande gueule et d’écouter, chose qui devrait se prolonger bien au-delà de cette date.

Reste la question « comment vivre autrement ce monde ? ». Lorsqu’on voit le tableau qui précède, tableau largement oublié par nombres de journalistes, d’animatrices et animateurs télé comme radio, par Facebook qui représente une large partie du trafic internet et par tant de vecteurs de propagande par inadvertance mais pas seulement, la partie n’est pas gagnée... Plus de la moitié de l’humanité est toujours ignorée, bafouée, humiliée, le droit est toujours perçu comme statique, moral et dans l’ignorance de sa composante économique, les luttes sont plus que jamais étouffées et récupérées jusqu’au retournement souvent. Quoi de plus normal finalement...

Alors que les changements climatiques nous rappellent l’interdépendance et l’impermanence dont nous sommes fait-e-s, mais aussi le fait, à la fois objets et sujets, peut-on croire que l’émancipation seule, de qui et de quoi qu’elle soit, suffise comme mot d’ordre ? Cela ressemble avant tout à un appel à l’individualisme souvent camouflé par une liberté synonyme de solitude, à une invitation à l’intégration à un shitstème contre lequel, pensons-nous, nous nous élevons. De quoi nous voir passer à côté de la réappropriation dont nous avons besoin, un-e à un-e et ensemble, afin de refonder ce commun que sont l’humanité, la Terre et tout ce qu’Elle accueille. Une réappropriation pour mettre fin à la chosification de nos personnes et du Milieu, social et environnemental, une réappropriation pour en revenir à la chose publique qui n’a de valeur que dans le partage et la collaboration, dans l’échange de nos histoires, expériences et pratiques. La réappropriation comme fait politique, avec pour base ce qui nous unit tou-te-s entre nous, au vivant et au-delà : la précarité.

La précarité initiale et indépassable, c’est bien ce que nous nions alors qu’il est question de « la journée internationale de la femme » et d’un droit sans luttes. Tout comme nous oublions qu’il n’est pas question d’avenir ou de futur, mais bien de devenir, un devenir dont ni le droit, ni les états, ni cette pensée au moralisme lénifiant ne nous disent quoique ce soit.

Cette précarité, dans sa forme créatrice, qui mieux que les femmes pour l’incarner ?

Prenons soin de nous.

Olivier Hofman

https://hellodoliblog.wordpress.com


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