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Wittgenstein, cadre du Parti Imaginaire. Philosophie de la prise de parti

gepost op 04/09/17 Trefwoorden  réflexion / analyse 

Il existe un philosophe, nommé Moore, qui à partir des années 1930 a passé beaucoup de temps à essayer de prouver l’existence du monde extérieur. Il s’agissait pour lui de réfuter logiquement et de manière imparable le doute sceptique - c’est à dire l’attitude de celui qui imagine que le monde n’existe que dans sa tête, comme pure perception sans objet, ou comme idéalité.

Son argument imparable s’énonce comme suit :
- 1. [En levant la main droite] Voilà une main
- 2. [En levant la main gauche] Voilà une autre main
- 3. Il y a au moins deux objets extérieurs dans le monde
- 4. Par conséquent, il existe un monde extérieur.

Moore a développé cet argument dans une conférence intitulée Certitude, texte qui a retenu l’attention d’un autre philosophe, Wittgenstein, poids lourd du game philosophique occidental au 20e siècle. Dans les deux années précédant sa mort, en 1951, Wittgenstein a rédigé en commentaire à l’argument de Moore 676 aphorismes qui :

- 1. Démontrent l’impossibilité de fonder logiquement la certitude que le monde existe.
- 2. Font remarquer que ça n’empêche absolument pas d’être certain que le monde existe.
- 3. Décrivent l’existence comme un ensemble de nœuds entre des certitudes de ce type, impossible à fonder mais qui se soutiennent de ce qu’elles rendent possible.

Si l’argument de Moore est un peu déroutant pour le lecteur, c’est parce qu’il cherche à donner une forme logique rigoureuse à ce qu’on pourrait appeler le sens commun, les parti pris que nous avons sur le monde. A quoi cela peut-il bien servir de justifier logiquement un parti pris ? Prendre parti n’est-ce pas justement assumer l’impossibilité d’une déduction logique ?

Telles sont les questions que Wittgenstein explore dans De la certitude, livre publié de manière posthume, qui rassemble ces aphorismes et laisse apparaître, parfois tortueusement, une théorie générale des formes-de-vie. Car à force de tourner autour de l’argument de Moore, Wittgenstein déplace la question : il ne s’agit plus de décrire les procédures rationnelles cherchant à établir la certitude, mais de s’intéresser aux configurations de l’existence que la certitude rend possible, configurations qui nécessitent des prises de parti comme autant de points d’ancrage au monde.

Un lecteur de lundimatin ayant choisi ce livre comme son compagnon de l’été nous en a fait parvenir un résumé, assorti d’un florilège de citations, dans le but de "favoriser la compréhension des formes de vie".


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