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à propos de l'opération "cendres", du 22 mai : quelques réflexions

posté le 26/06/13 par tralalapouetpouet Mots-clés  luttes sociales 

Le 22 mai, vers 6h du matin, la police se livrait à une opération de perquisition et d’arrestation à domicile de plusieurs compagnons anarchistes et anti-autoritaires, ainsi que de la bibliothêque acrata, à Bruxelles. Opération baptisée "cendres".
Les accusations, appartenance à une organisation terroriste, association de malfaiteurs, incendies volontaires. Tout cela dans le cadre d’une enquête portant sur des luttes, révoltes et activités visant les centres fermés, les prisons, la STIB, l’OTAN, l’Europe, le chantier du RER, la machine à expulser, les huissiers et la construction d’une maxi-prison.
Visiblement, une suite un peu hétéroclite d’institutions et de rouages du systême qui, si elle devait être pensée comme l’ensemble des cibles d’un supposé plan d’attaque stratégique, ferait pour le moins douter de la cohérence de la pensée des présumées "têtes pensantes", puisque s’il y a "organisation terroriste", il y a forcément "têtes pensantes".

Ce qui s’opère à travers cette enquête-ci, bien sûr, mais aussi à travers n’importe quelle autre, c’est la collecte d’informations permettant l’instruction d’un éventuel procès et, donc, l’aboutissement à une éventuelle condamnation. Et par la condamnation, la mise en place d’un outil juridique visant à punir une certaine catégorie d’actes.
Dans le cadre d’une enquête "anti-terroriste", des actes de "terrorisme".
Actes qui, dans un autre contexte, c’est à dire un autre type de conflictualité sociale, pourraient relever du droit commun.
En qualifiant et condamnant des actes et des personnes pour terrorisme, l’Etat se donne les moyens, dans un premier temps, d’utiliser des méthodes d’enquête et de surveillance plus poussées. Deuxièmement, de punir plus lourdement et pour finir, d’associer entre eux des discours, des actes, des personnes et des lieux afin de pouvoir, par exemple, qualifier d’"appartenance à une organisation terroriste" la fréquentation de telle personne ou la lecture de tel livre, etc.
Ceci pour répondre au réflexe indigné du "mais ce ne sont pas des terroristes, ils n’ont rien fait de mal !"
Terroristes, coupables, innocents...sont les termes que la justice utilise pour organiser son monde, et dans un monde d’oppression généralisée, il est sans doute souhaitable de ne pas avoir "rien" fait de mal...

Aussi, ce qui se profile en toile de fond des présupposés incendies, ce sont, bien sûr, beaucoup d’autres incendies, destructions d’infrastructures, révoltes, évasions, attaques diffuses, dégradations en tous genres, dans les rues, les taules, les centres fermés, les écoles, les transports ; répondant, peut-être, à l’approfondissement de la misère sociale en général et au durcissement des mesures anti-migratoires.
Et ce depuis des années, en Belgique et ailleurs.

Un but à la manoeuvre policière ?...quelques hypothèses
A première vue, basiquement, puisque l’ordre social se maintient grâce à la répression, faire peur.
Disperser, isoler, semer la confusion. A d’autres échelles, la panique, la paranoïa.
Faire peu à peu perdre le fil, la clarté nécessaire à comprendre ce qui se joue. Concentrer l’attention sur...la trouille.
Isoler, disperser, immobiliser, contrôler...qui ? quoi ?
Quelques anarchistes ?
Certainement oui, les isoler de leur entourage, au sein d’un milieu, et aussi, plus largement, au sein de la "société".
Mais surtout affaiblir, cadenasser une fois de plus les possibilités de révolte, les solidarité qui en découlent et les idées qui pourraient en germer, de ceux qui subissent le plus gros de la misère, de ceux qui s’y refusent, du plus grand nombre.

Ce qui pourrait être visé, ce sont les possibilités d’articulation d’un contexte de révoltes diffuses, quotidiennes, manifeste depuis des années et d’un discours qui entend proposer autre chose que l’horizon autorisé de ce même quotidien : frustration, survie et désespoir qui devient tour à tour résignation, amertume et ennui.
Cibler, soumettre jusqu’au moindre mouvement, jusqu’à la moindre parole qui pourrait attirer la suspicion sur le dégoût, sur le désir d’autre chose que l’entretien d’un systême qui, malgré toute sa "culture", sa "richesse" et son "humanité", n’a pour unique but que de soumettre et d’exploiter.
Un ordre qui, travaillant à son maintien, crée des prisons pour protéger d’autres prisons, qui crie son absurdité et sa cruauté démentielle, qui raffine ses moyens d’extermination de la volonté propre, de la sensibilité, de l’imaginaire, du vivant..."et des hommes, des femmes et des enfants..."
Dans lequel la liberté se paie par fragments d’espace et de temps et n’est pas l’expérience directe et partagée d’un quotidien qui se crée ensemble, avec des désirs, des besoins, des rêves, de l’imagination, de la solidarité, mais un bien individualisé, payant.
Pas le fruit d’une relation égalitaire entre des personnes qui se cotoient mais le lot octroyé par des instances, leurs normes et coutumes, famille, religion, milieu social et culture ; profs, diplômes, travail et salaire ; juges, flics, matons...

Ainsi, en mettant au pilori quelques personnes, on entend faire taire le plus grand nombre.
Museler des révoltes, séparer, encore, les individus, les pensées des actes ;
Alors, bien sûr, il est important de réchauffer le coeur des compagnons visés aujourd’hui, mais surtout, passée la panique, de continuer à entretenir le feu de la révolte.
Et il n’y a pas d’urgence, c’est un combat de longue date et de longue haleine.
De multiples bombes à retardement.

Certains, vraiment pas fréquentables, finissent leurs discours par "Force et Honneur"...
...on ne sera pa si cons !!!
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Le 22 mai, vers 6h du matin, la police se livrait à une opération de perquisition et d’arrestation à domicile de plusieurs compagnons anarchistes et antiautoritaires, ainsi que de la bibliothèque acrata, à Bruxelles. Opération baptisée "cendres".
Les accusations, appartenance à une organisation terroriste, association de malfaiteurs, incendies volontaires. Tout cela dans le cadre d’une enquête portant sur des luttes, révoltes et activités visant les centres fermés, les prisons, la STIB, l’OTAN, l’Europe, le chantier du RER, la machine à expulser, les huissiers et la construction d’une maxi-prison.
Visiblement, une suite un peu hétéroclite d’institutions et de rouages du système qui, si elle devait être pensée comme l’ensemble des cibles d’un supposé plan d’attaque stratégique, ferait pour le moins douter de la cohérence de la pensée des présumées "têtes pensantes", puisque s’il y a "organisation terroriste", il y a forcément "têtes pensantes".
Ce qui s’opère à travers cette enquête-ci, bien sûr, mais aussi à travers n’importe quelle autre, c’est la collecte d’informations permettant l’instruction d’un éventuel procès et, donc, l’aboutissement à une éventuelle condamnation. Et par la condamnation, la mise en place d’un outil juridique visant à punir une certaine catégorie d’acte.
Dans le cadre d’une enquête "antiterroriste", des actes de "terrorisme".
Actes qui, dans un autre contexte, c’est-à-dire un autre type de conflictualité sociale, pourraient relever du droit commun.
En qualifiant et condamnant des actes et des personnes pour terrorisme, l’État se donne les moyens, dans un premier temps, d’utiliser des méthodes d’enquête et de surveillance plus poussées. Deuxièmement, de punir plus lourdement et pour finir, d’associer entre eux des discours, des actes, des personnes et des lieux afin de pouvoir, par exemple, qualifier d’"appartenance à une organisation terroriste" la fréquentation de telle personne ou la lecture de tel livre, etc.
Ceci pour répondre au réflexe indigné du "mais ce ne sont pas des terroristes, ils n’ont rien fait de mal !"
Terroristes, coupables, innocents...sont les termes que la justice utilise pour organiser son monde, et dans un monde d’oppression généralisée, il est sans doute souhaitable de ne pas avoir "rien" fait de mal...
Aussi, ce qui se profile en toile de fond des présupposés incendies, ce sont, bien sûr, beaucoup d’autres incendies, destructions d’infrastructures, révoltes, évasions, attaques diffuses, dégradations en tous genres, dans les rues, les taules, les centres fermés, les écoles, les transports ; répondant, peut-être, à l’approfondissement de la misère sociale en général et au durcissement des mesures anti-migratoires.
Et ce depuis des années, en Belgique et ailleurs.
Un but à la manoeuvre policière ? ...quelques hypothèses
À première vue, basiquement, puisque l’ordre social se maintient grâce à la répression, faire peur.
Disperser, isoler, semer la confusion. À d’autres échelles, la panique, la paranoïa.
Faire peu à peu perdre le fil, la clarté nécessaire à comprendre ce qui se joue. Concentrer l’attention sur...la trouille.
Isoler, disperser, immobiliser, contrôler...qui ? quoi ?
Quelques anarchistes ?
Certainement oui, les isoler de leur entourage, au sein d’un milieu, et aussi, plus largement, au sein de la "société".
Mais surtout affaiblir, cadenasser une fois de plus les possibilités de révolte, les solidarités qui en découlent et les idées qui pourraient en germer, de ceux qui subissent le plus gros de la misère, de ceux qui s’y refusent, du plus grand nombre.
Ce qui pourrait être visé, ce sont les possibilités d’articulation d’un contexte de révoltes diffuses, quotidiennes, manifeste depuis des années et d’un discours qui entend proposer autre chose que l’horizon autorisé de ce même quotidien : frustration, survie et désespoir qui devient tour à tour résignation, amertume et ennui.
Cibler, soumettre jusqu’au moindre mouvement, jusqu’à la moindre parole qui pourrait attirer la suspicion sur le dégoût, sur le désir d’autre chose que l’entretien d’un système qui, malgré toute sa "culture", sa "richesse" et son "humanité", n’a pour unique but que de soumettre et d’exploiter.
Un ordre qui, travaillant à son maintien, crée des prisons pour protéger d’autres prisons, qui crie son absurdité et sa cruauté démentielle, qui raffine ses moyens d’extermination de la volonté propre, de la sensibilité, de l’imaginaire, du vivant..."et des hommes, des femmes et des enfants..."
Dans lequel la liberté se paie par fragments d’espace et de temps et n’est pas l’expérience directe et partagée d’un quotidien qui se crée ensemble, avec des désirs, des besoins, des rêves, de l’imagination, de la solidarité, mais un bien individualisé, payant.
Pas le fruit d’une relation égalitaire entre des personnes qui se côtoient mais le lot octroyé par des instances, leurs normes et coutumes, famille, religion, milieu social et culture ; profs, diplômes, travail et salaire ; juges, flics, matons...
Ainsi, en mettant au pilori quelques personnes, on entend faire taire le plus grand nombre.
Museler des révoltes, séparer, encore, les individus, les pensées des actes ;
alors, bien sûr, il est important de réchauffer le coeur des compagnons visés aujourd’hui, mais surtout, passé la panique, de continuer à entretenir le feu de la révolte.
Et il n’y a pas d’urgence, c’est un combat de longue date et de longue haleine.
De multiples bombes à retardement.

Certains, vraiment pas fréquentables, finissent leurs discours par "Force et Honneur"...
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