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Débat Houria Bouteldja-Gilles Clavreul : y a-t-il un danger indigéniste

posté le 12/11/18 par https://www.nouvelobs.com/debat/20181106.OBS4951/le-debat-houria-bouteldja-gilles-clavreul-y-a-t-il-un-danger-indigeniste.html Mots-clés  antifa 

La mouvance "décoloniale" tente de substituer le prisme de la "race" à celui, plus traditionnel, de la "classe". Cette ethnicisation militante était jusque-là l’apanage de l’extrême droite. Depuis l’apparition des Indigènes de la République, elle risque de contaminer la gauche. Débat.

Faut-il donner la parole aux extrémistes, au risque de leur offrir le moyen de propager leurs idées ? La question se pose depuis le début des années 1980, hier avec Jean-Marie Le Pen, aujourd’hui avec les défenseurs de thèses racialistes. "Le Nouvel Observateur" n’a jamais interviewé le fondateur du Front national. Pourquoi donnons-nous à présent la parole en débat à la cofondatrice des Indigènes de la République, parti essentialiste, né en 2005, qui ethnicise le débat et affirme, ici même, se situer en dehors du cadre républicain ?

Tout simplement parce que cette idéologie divise et contamine d’abord et avant tout, notre camp, celui de la gauche. Certes, la mouvance décoloniale n’existe pas sur le plan électoral, au contraire du parti lepéniste. Mais elle bénéficie de relais complaisants dans les médias de gauche, et dans certains milieux universitaires, proches des gauches radicales.

Projetons-nous un instant en 2020, année des élections municipales, à l’occasion desquelles le Parti des Indigènes de la République "ne s’interdit rien". Dans les rangs socialistes, on s’inquiète déjà de la possibilité d’ententes locales entre certains élus de gauche et des militants décoloniaux. A tort, peut-être. Mais, comme on sait, le clientélisme politique est aussi une grande machine à recycler les extrêmes.

Il nous semble donc important que chacun connaisse les thèses développées par ce microparti, combattues ici par Gilles Clavreul, ex-délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Porte-parole au talent rhétorique indéniable de la théorie décoloniale, Houria Bouteldja professe la haine de l’Etat-nation. En embrouillant le débat par de savants syllogismes et un lexique très personnel, elle joue à l’envi sur le champ sémantique de l’antiracisme de manière à se dédouaner de tout racisme anti-blanc…

Elle se défend d’être antisémite, mais, pour expliquer qu’il n’y aurait de vrai racisme que d’Etat, elle ne craint pas de recourir à des comparaisons glaçantes, comme celle des "indigènes judéophobes (sic) [qui] n’ont pas les moyens d’affréter des trains pour Auschwitz"… Pour elle, les "indigènes" ne peuvent être que des victimes… même lorsqu’ils s’appellent Mohamed Merah !

Il est aussi utile de rappeler que, d’après elle, la répression qui vise les homosexuels dans bon nombre de pays musulmans est le simple résultat de l’influence occidentale et de ses "normes hétéro-sexistes"… Et de savoir qu’elle dénonce désormais un nouvel "impérialisme gay".

On peut trouver délirante la prose de madame Bouteldja. Elle est en tout cas instructive. Et ceux qui seraient tentés, le cas échéant, par un compromis avec son mouvement ne pourront pas prétendre l’ignorer.


posté le  par https://www.nouvelobs.com/debat/20181106.OBS4951/le-debat-houria-bouteldja-gilles-clavreul-y-a-t-il-un-danger-indigeniste.html  Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article

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