[projection] Delta Park

posté le 02/11/16
lieu : UPJB
adresse : 61, rue de la Victoire, Saint-Gilles

02.537.82.45
info@upjb.be
Mots-clés  répression / contrôle social  No Border  sans-papiers  projection / débat / concert 

Dans le cadre du « Week-End du Doc »

Delta Park

De Karine de Villers et Mario Brenta. En présence des réalisateurs

Delta Park est un film sur les migrants, sujet plus que galvaudé par les temps qui courent, mais traité de manière très différente de ce qu’on a l’habitude de voir sur nos petits et grands écrans. Il ne nous raconte pas les mésaventures de la traversée de la mer ou les péripéties du passage de nos frontières mais plutôt ce qu’il se passe après, quand enfin on pose le pied sur le sol de la Terre Promise. Une Terre Promise longuement rêvée mais qui, hélas, ne se révèle plus comme telle.

Delta Park est le nom d’un hôtel dans le delta du Pô en Italie, proche de la faillite mais récemment transformé en lieu d’accueil pour migrants grâce à une allocation de l’Etat de 30 euros par jour par migrant, ce qui lui a permis de relancer son activité.

La vie n’est pas si mal, au Delta Park : on y est hébergés, nourris, habillés et cela pour un temps indéterminé, c’est-à-dire le temps nécessaire pour l’obtention d’un permis de séjour. Permis de séjour qui probablement n’arrivera jamais. Et ainsi, un jour, au bout de l’attente, le paradis se termine, il faut alors quitter l’hôtel et entrer dans la clandestinité.

Un paradis qui se révèle comme des limbes où on vit dans une léthargie sans fin, où il est interdit de travailler sous peine de perdre le droit d’accueil. Les jours passent égaux à eux-mêmes, dans des gestes répétitifs : on se lève tôt le matin, on prend le petit-déjeuner, on fait le ménage de sa chambre, on regarde le portable, on dodeline devant la TV, on erre sans but dans le village ou dans la campagne, à pied ou le plus souvent sur une épave de vélo récupérée dans une casse. On traine ainsi jusqu’au déjeuner, puis on fait la sieste, on reprend le chemin : celui de l’ennui, de l’aliénation progressive. A l’image du paysage environnant. Un pays qui se meurt et tombe en ruine : usines, chantiers, magasins qui ferment les uns après les autres... une végétation de plus en plus sauvage, presque africaine qui semble vouloir tout engloutir.

On entrevoit, toujours, au moins en filigrane et de plus en plus clairement, quelle est la situation réelle de nos pays, le vrai visage caché derrière la façade de notre civilisation occidentale en train de décliner. Un “day after” ? Ou, peut-etre un “day before”, “before the fall”. Avant la chute, avant la fin de l’Empire. Pas d’avenir, rien qu’un passé en train de tomber en ruine : une sorte de “no future”. En somme, un film “beckettien” sur une réalité en train de se raréfier, de se dissoudre dans le néant.

Un film a marée basse lorsque la densité du silence prend forme, l’épaisseur de la pression atmosphérique pèse, l’humidité de l’air entre dans la peau et que le poids terriblement destructeur du temps est condamné à défiler sous le vide. Temps vide, vide de la vie condamnée, parce qu’il ne vise à rien, dans une séparation absurde, pathétique, monstrueusement stupide, et, finalement, surréaliste et inconciliable d’un Apartheid doux et gentil. La séparation dramatique entre les hommes : les gens du Pô à l’image d’une ruine, et des hommes debout exclus de la société sur fond de néant.

Un discours existentiel dans une géographie du rien où l’activité humaine ne mène nulle part et ou les rêves tombent en ruine avant même d’avoir pu s’élaborer. Paysages et visages peuplés par l’illusion perdue.
Le film, dans son regard contemplatif, immergé dans l’Italie profonde fait ressortir le contraste entre ces autochtones, comme sortis du fond des âges, avec la jeunesse et la puissance de vie des migrants condamnés a une fuite éternelle.

PAF : 6 €, membres UPJB 4 €, tarif réduit 2 €


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