RSS articles
Français  |  Nederlands

Racisme islamique. Noir en Algérie ? Mieux vaut être musulman.

posté le 26/07/18 Mots-clés  réflexion / analyse 

ORAN, Algérie — Depuis quelques années, on voit aux croisements des rues des grandes villes du nord de l’Algérie des familles de migrants originaires du sud du Sahara. Ils viennent mendier, vêtus d’accoutrements grotesques : voiles démesurés pour les femmes, même les fillettes ; djellabas en tissu pour les hommes ; chapelets affichés de manière ostentatoire. Ils ont le « Allah » trop facile et se trompent en récitant des versets du Coran.

De nombreux migrants noir-e-s, même ceux/celles qui ne sont pas musulman-e-s, ont recours aux symboles de l’Islam pour faire appel à la charité des algériens. Pourquoi ? Parce que la misère permet de décoder la culture mieux que la réflexion, et les migrants, sans toit ni pain, ont vite compris qu’ici, souvent, il n’existe pas d’empathie entre hommes, seulement entre coreligionnaires.

Autre exemple : En octobre à Oran, une migrante camerounaise a été victime d’un viol collectif sous la menace d’un chien. La femme est allée porter plainte auprès des autorités, mais elle a été rejetée sous deux prétextes majeurs : Elle n’avait pas de papiers, et elle n’était pas musulmane.

L’affaire Marie-Simone est devenue une cause célèbre et la victime, soutenue par des algérien-ne-s, a fini par obtenir justice. Mais c’est une exception.

Les choses n’ont pas toujours été comme cela. La vision du noir-e en Algérie, marquée par une discrète distance pendant des années, s’est transformée en rejet violent ces derniers temps. Il n’existe pas de statistiques officielles fiables, mais beaucoup de migrants ici viennent du Mali, du Niger et de la Libye. Et il est clair que le nombre de subsahariens ici a augmenté depuis quelques années, en partie du fait de l’instabilité dans les pays voisins, surtout en Libye, ancienne grande plaque tournante de l’immigration depuis l’Afrique vers l’Europe.

Et si en Europe un migrant peut tenter de jouer sur l’humanitaire et la culpabilisation, en Algérie, depuis quelques années, l’Autre n’est visible qu’à travers le prisme des confessions.

En occident, le racisme voit la peau ; en terres d’Arabie, il voit la religion.


posté le Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article

Commentaires

Les commentaires de la rubrique ont été suspendus.