Il faut tout le cynisme d’un Macron pour oser déclarer, comme il vient de le faire la semaine dernière lors de son déplacement en Afrique, qu’il n’y avait plus de « politique africaine de la France ».
La pauvreté de l’Afrique et la misère de l’écrasante majorité de sa population ne sont ni naturelles, ni une fatalité ; elles sont le résultat de siècles de pillage et de colonisation, dans lesquels la bourgeoisie française a une responsabilité de premier plan.
Les fortunes de nombreuses grandes familles bourgeoises ont été constituées grâce au commerce de millions d’Africains réduits en esclavage et vendus pour servir de main-d’œuvre dans des plantations en Amérique et aux Antilles. La colonisation, le pillage des matières premières, le sang et la sueur de millions d’exploités d’Afrique sont à l’origine des profits de bien des grandes entreprises et banques françaises. L’économie des colonies a été organisée pour répondre aux seuls intérêts des groupes capitalistes français, comme Lesieur avec les plantations d’arachide ou Boussac avec la culture du coton. Aujourd’hui, après avoir accédé à l’indépendance, les pays africains continuent d’être dépendants de l’impérialisme et victimes de sa barbarie.
Pour se démarquer de ses prédécesseurs, Macron reconnaît dans ses discours les crimes de la colonisation commis il y a plus d’un siècle. Mais, à la suite de tous les précédents gouvernements, il remplit son rôle de défenseur de l’ordre impérialiste et de ses crimes actuels. Si l’armée française mène la guerre dans cette partie de l’Afrique, ce n’est pas pour protéger sa population contre le terrorisme, comme Macron l’a encore répété. C’est pour défendre les intérêts d’Areva, de Bouygues, de Bolloré et de tous les capitalistes français qui font des profits dans cette région, qui reste une chasse gardée de l’impérialisme français.
Cette histoire nous concerne, car elle est aussi la nôtre, à nous travailleurs, ici en France. Les bourgeois qui ont tiré profit du pillage de l’Afrique, ce sont les mêmes qui ont imposé des journées de travail de plus de 10 heures dans les mines et les usines sidérurgiques, dans les filatures du Nord et de Lorraine. Les travailleurs européens ont payé de deux guerres mondiales la volonté de leur propre bourgeoisie de dominer le monde et de se repartager les colonies. Depuis deux siècles, c’est la même oppression impérialiste qui broie les travailleurs, en Europe comme en Afrique.
Le système capitaliste entretient le sous-développement des pays les plus pauvres et plonge dans la misère des millions de femmes et d’hommes. Ici, en France, nous avons à nous défendre contre un patronat qui condamne des millions de personnes au chômage et qui rêve de faire reculer la condition ouvrière à ce qu’elle était au 19e siècle, quand les travailleurs étaient privés de droits et vivaient au jour le jour, sans aucune sécurité.
Il est essentiel qu’il y ait des femmes et des hommes pour affirmer autour d’eux, dans les entreprises et dans les quartiers populaires, que les travailleurs constituent, par-delà les frontières, la couleur de peau ou la nationalité, une même classe sociale qui est la seule à pouvoir en finir avec ce système injuste et barbare.