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Grève générale au Portugal

gepost op 24/06/13 door PCInt Trefwoorden  luttes sociales 

Les deux centrales syndicales les plus importantes du Portugal ont lancé un appel à une grève générale pour le 27 juin aux travailleurs du public comme à ceux du privé avec l’objectif de la démission du gouvernement de Passos Coelho. C’est la troisième grève convoquée en deux ans, depuis l’accession au pouvoir du président qui appartient au Parti Social Démocrate; elle s’ajoute aux mobilisations qui ont eu lieu au cours des derniers mois à la suite de la brutale détérioration des conditions d’existence de la classe ouvrière et des mesures d’austérité que le gouvernement du PSD, continuant la politique des gouvernements précédents, a imposé pour résoudre la dite crise de l’endettement qui frappe l’économie nationale.

Les chiffres sur la situation économique du Portugal sont sans appel. Si en 2009 le Produit Intérieur Brut avait diminué de 2,9%, cette tendance ne s’est pas modifiée depuis. La prévision pour 2013 est une baisse de 2,3% mais il est probable que la réalité sera pire. Les prix n’ont fait qu’augmenter au cours des années selon les chiffres officiels (4% sur un an). Ces chiffres servent d’indicateurs pour comprendre les dimensions réelles de la crise économique qui affecte le Portugal comme le reste des pays du monde capitaliste. Le PIB qui est une mesure tant de l’utilisation des moyens économiques que de la production elle-même, enregistre une chute de pratiquement tous les secteurs importants de l’économie (à l’exception de l’économie souterraine) ; cette baisse de la production causée par l’impossibilité d’obtenir des profits suffisants pour la production des biens et des services , est une baisse générale du taux de profit provoquée par la concurrence entre entreprises capitalistes qui cherchent à écouler leurs marchandises toujours plus chères sur un marché incapable de les absorber . Le cycle de la valeur ne se réalise pas, il y a une crise de surproduction qui est à l’origine, au Portugal comme dans le monde entier, des convulsions économiques que la bourgeoisie essaye d’expliquer par des visions partielles et conjoncturelles (crise de « spéculation », d’endettement, etc.).

De son côté, la hausse des prix continue sur sa lancée ouverte par la crise de surproduction et multiplie ses effets. S’il y a eu ces dernières années une augmentation considérable des prix à la consommation, c’est parce que les capitalistes entendaient bien maintenir leurs profits sur les marchandises produites. Mais la phase suivante de la crise, qui semble-t-il a déjà commencé selon les statistiques des prix à la consommation, voit une baisse des prix des marchandises qui n’arrivent plus à s’écouler sur le marché. Arrivé à ce point la rétraction de l’économie est imparable, la chômage augmente vertigineusement et les salaires se réduisent de façon encore plus importante que ne baissent les prix.
La crise ne peut être conjurée par aucun perfectionnement des contrôles économiques, à l’échelle nationale ou internationale, elle ne peut être surmontée par une meilleure gestion des ressources nationales. Selon les paroles du Manifeste du Parti Communiste :

“Les conditions bourgeoises de production et d’échange, le régime bourgeois de la propriété, la société bourgeoise moderne, qui a fait surgir de si puissants moyens de production et d’échange, ressemblent au magicien qui ne sait plus dominer les puissances infernales qu’il a évoquées. Depuis des dizaines d’années, l’histoire de l’industrie et du commerce n’est autre chose que l’histoire de la révolte des forces productives modernes contre les rapports modernes de production, contre le régime de propriété qui conditionnent l’existence de la bourgeoisie et sa domination. Il suffit de mentionner les crises commerciales qui, par leur retour périodique, menacent de plus en plus l’existence de la société bourgeoise.

Chaque crise détruit régulièrement non seulement une masse de produits déjà créés, mais encore une grande partie des forces productives déjà existantes elles-mêmes. Une épidémie qui, à toute autre époque, eût semblé une absurdité, s’abat sur la société, - l’épidémie de la surproduction. La société se trouve subitement ramenée à un état de barbarie momentanée; on dirait qu’une famine, une guerre d’extermination lui ont coupé tous ses moyens de subsistance; {}l’industrie et le commerce semblent anéantis. Et pourquoi ? Parce que la société a trop de civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d’industrie, trop de commerce. Les forces productives dont elle dispose ne favorisent plus le régime de la propriété bourgeoise; au contraire, elles sont devenues trop puissantes pour ce régime qui alors leur fait obstacle; et toutes les fois que les forces productives sociales triomphent de cet obstacle, elles précipitent dans le désordre la société bourgeoise tout entière et menacent l’existence de la propriété bourgeoise. Le système bourgeois est devenu trop étroit pour contenir les richesses créées dans son sein.
Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ? D’un côté, en détruisant par la violence une masse de forces productives; de l’autre, en conquérant de nouveaux marchés et en exploitant plus à fond les anciens. A quoi cela aboutit-il ? A préparer des crises plus générales et plus formidables et à diminuer les moyens de les prévenir.”

C’est là le sort de l’économie portugaise et du prolétariat portugais qui, comme partout où règne le régime bourgeois basé sur la propriété privée et le travail salarié, sert de main d’œuvre à exploiter sauvagement quand les affaires marchent comme il faut, et n’est plus qu’une marchandise inutile à jeter au rebut quand les intérêts de l’économie nationale qui nécessitent une extorsion de plus-value toujours plus intense, l’exigent.

Depuis le début de la crise les conditions d’existence du prolétariat se sont inexorablement aggravées. Aujourd’hui le taux de chômage est officiellement de 16%, considérablement plus élevé qu’il ne l’était avant 2008 ; il faut en outre tenir compte que ces statistiques sont systématiquement falsifiées. Mais il y a des faits encore plus significatifs : selon les informations des organismes d’assistance sociale, le cinquième de la population est au dessous du seuil de pauvreté ; le gouvernement lui-même reconnaît que 10 000 enfants ne se nourrissent que grâce aux repas fournis dans les écoles ; le métro a laissé des stations ouvertes pour que puissent y passer la nuit ceux qui n’ont plus de logement…

Dans cette situation quelle solution offre la bourgeoisie portugaise à un prolétariat toujours plus misérable ?

Les dernières mesures prises par le gouvernement de Passos Coelho, qui lui ont valu une nouvelle aide du FMI parlent d’elles-mêmes : supprimer 30.000 postes de travail dans le secteur public (plus de 5% des emplois), reculer à 66 ans l’âge minimum de la retraite, augmenter la durée de travail de 35 à 40 heures par semaine et diminuer les pensions. A ceci il faut ajouter les baisses de salaire qui se sont succédées dans le secteur privé, la baisse des indemnités de chômage décidée l’année dernière ou la liquidation des rares prestations sociales qui subsistaient encore et qui permettaient difficilement de survivre.

La bourgeoisie est tout à fait consciente de ce que son existence dépend de l’exploitation du prolétariat et elle œuvre en permanence à développer cette exploitation et à lui donner le cadre institutionnel, juridique et légal adéquat pour la gérer. Elle réduit les salaires pour conserver ses bénéfices, elle coupe les prestations sociales pour récupérer à son profit quelques – maigres – ressources qui allaient hier aux prolétaires. Bref, la bourgeoisie lutte contre le prolétariat, le réduit à des conditions de vie toujours plus misérables et cherche par tous les moyens de lui faire accepter tous les sacrifices qui peuvent lui être utiles.

Mais cela lui serait impossible si elle ne pouvait pas compter sur de fidèles alliés qui lui permettent de maintenir sa domination politique sur les travailleurs. L’opportunisme politique et syndical, représenté par les partis politiques soi-disant communiste et socialiste qui ont mis au centre de leur programme la défense du pays, et par les syndicats jaunes qui se chargent de subordonner les nécessités des travailleurs aux exigences des entreprises et de l’économie nationale, joue un rôle vital pour imposer aux prolétaires le respect de l’intérêt national et l’acceptation des sacrifices, indispensables à la bonne marche de l’économie. Les forces opportunistes agissent pour contrôler les tensions sociales qui naissent des terribles conditions prolétariennes en essayant de faire passer une politique interclassiste renforçant l’illusion qu’il existe une solution en dehors de la lutte de classe. Elles lancent des appels à faire confiance à la démocratie, à un changement de gouvernement, à l’acceptation des sacrifices en contrepartie de quelques compensations ; et quand ces fausses solutions ne suffisent pas pour contrôler les prolétaires, elles les organisent et les mobilisent en défense de l’économie nationale et pour une politique nationaliste censée résoudre la crise, en appelant à des grèves partielles destinées à échouer ou des grèves générales limitées à une journée et avec un préavis de plusieurs mois de façon à ce qu’elles ne provoquent aucun tort aux intérêts bourgeois.

Bref, les forces opportunistes éloignent les prolétaires du terrain de la lutte classe contre classe pour les conduire sur le terrain de la conciliation avec leurs ennemis où la défaite est assurée.

C’est ainsi que le principal syndicat du pays, la CGTP, appelle à la grève générale sous le mot d’ordre de la défense de l’héritage de la « révolution des œillets », c’est-à-dire à la défense de l’Etat bourgeois qui a supervisé l’exploitation de la classe ouvrière durant les dernières décennies. Cet Etat, qui est l’appareil grâce auquel la classe bourgeoise exerce sa domination et impose les bestiales conditions de vie dont souffre aujourd’hui le prolétariat, est présenté comme une conquête démocratique des travailleurs en qui il faudrait avoir confiance et qu’il faudrait défendre. En réalité c’est le développement du capitalisme portugais qui a conduit le prolétariat dans la situation où il se trouve aujourd’hui ; la démocratie a servi du truchement nécessaire pour que les prolétaires fassent confiance à leurs exploiteurs et sacrifient leurs intérêts à la bonne santé du pays.
En effet dans la déclaration qui accompagne l’appel à la grève générale la CGTP affirme :
« les sacrifices imposés aux travailleurs ne serviront à rien » : donc si les sacrifices pouvaient résoudre la crise , ils seraient les bienvenus, et le syndicat les ferait passer coûte que coûte ; la CGT-P explique ce qu’il faudrait faire pour que cela puisse avoir lieu : « Augmenter la production nationale pour créer des emplois et diminuer les importations ; investir dans l’industrialisation pour créer de la richesse (…). Libérer le Portugal des ingérences étrangères qui condamnent le peuple à l’arriération et à la misère ». Ce qui signifie: intensifier l’exploitation du prolétariat portugais (surtout du prolétariat industriel qui devrait supporter tous les efforts pour cette industrialisation), sacrifier ses intérêts de classe au projet nationaliste de la bourgeoisie. Avec ces mots d’ordre le prolétariat est condamné à continuer son interminable chemin de misère et de désespoir.

Mais la CGT-P n’est pas la seule organisation prétendument ouvrière qui cherche à emprisonner la tension prolétarienne dans les filets de la collaboration entre les classes. L’exemple le plus spectaculaire de cette orientation est peut-être donnée par le Parti Communiste Portugais. Sur son journal Avante ! de juin il salue comme un pas en avant le fait que le Conseil du TSD (une organisation réunissant les militants du Parti Social-Démocrate intervenant sur le terrain syndical) ait implicitement approuvé la grève en justifiant les motifs de son organisation et en laissant ses militants libres de participer à un mouvement qui appelle officiellement à la démission du gouvernement de son propre parti !
Nouvelle démonstration de l’invariance de l’opportunisme stalinien, qui s’est toujours efforcé de lier, y compris organisationnellement, les travailleurs à la bourgeoisie dans un front commun en défense de l’intérêt national . Dans le cas présent il prétend suivre un politique anti-gouvernementale en s’appuyant sur le parti au gouvernement, faisant ainsi croire aux travailleurs que ce parti pourrait apporter un changement bénéfique pour eux… à condition qu’ils renoncent à toute lutte réelle…

Le prolétariat portugais est dans la même situation que ses frères de classe de la plupart des pays capitalistes. Il a été habitué pendant des décennies à la collaboration entre les classes, il a sacrifié ses intérêts à l’illusion que la croissance économique est un objectif commun à toutes les composantes de la société – dont il constitue la couche la plus basse.

Aujourd’hui, c’est la bourgeoisie qui ne peut plus « collaborer ». Et elle le fait comprendre en prenant des mesures qui rompent de fait les liens qu’ils semblaient avoir en commun. Mais l’habitude de la collaboration de classe ne disparaît pas si facilement chez les prolétaires, surtout quand pèse sur eux la force des organisations qui préconisent la poursuite des politiques interclassistes qui avaient été si utiles à la bourgeoisie.
Et y compris quand, à certains moments, ces organisations (à côté de la CGT-P et le PCP , nous pourrions en citer bien d’autres comme l’UGTR ou le Bloc) peuvent être débordées par la tension sociale, comme c’est arrivé lors des manifestations du 15 septembre ou au mois de mars, la force de l’habitude est telle que les mobilisations vont vers des orientations plus ou moins nationalistes du type « Que la Troïka aille se faire foutre ! » comme s’il fallait lutter contre un adversaire étranger ; mais c’est la bourgeoisie portugaise qui domine le Portugal, et au-delà des diktats du FMI, de la BCE et de la Commission Européenne, elle aura toujours comme objectif l’exploitation des prolétaires !

Pour vaincre, le prolétariat doit prendre sa lutte en main. Et cela signifie rompre avec la politique de collaboration entre les classes de l’opportunisme politique et syndical. Adopter les moyens et les méthodes de classe ce qui, sur le terrain de l’affrontement immédiat, économique, avec la bourgeoisie, implique d’imposer les nécessités de classe à la place de toute revendication d’un intérêt national commun, au moyen de grèves illimitées et sans préavis, de la protection de ces grèves contre les attaques de forces de l’ordre patronal, de la mobilisation pour frapper les intérêts bourgeois.

Mais cet affrontement que le prolétariat devra conduire sur le terrain immédiat ne peut qu’atténuer les conséquences de l’exploitation capitaliste. Pour combattre les causes de celle-ci, la lutte économique n’est pas suffisante. Comme le disait encore le Manifeste du Parti Communiste de Marx et Engels, le prolétariat doit se constituer en classe, donc en parti politique ; car c’est uniquement la lutte politique contre la bourgeoisie qui peut mettre fin à sa domination de classe et ouvrir la voie à la disparition du système capitaliste. Le parti de classe a été et doit être le parti communiste internationaliste et international, défendant en tout moment les intérêts ultimes et généraux de la classe prolétarienne au-delà de toute situation particulière, luttant pour la liquidation du régime bourgeois par la prise du pouvoir et l’instauration de la dictature du prolétariat, indispensable à la transformation socialiste de la société, c’est-à-dire au passage de la préhistoire de l’humanité basée sur l’exploitation de l’homme par l’homme à la société de l’espèce humaine où tout vestige de misère et d’exploitation auront disparu à jamais de la face de la terre.

Pour la reprise de la lutte de classe !

Pour la défense intransigeante des intérêts du prolétariat et des méthodes et des moyens de la lutte de classe !

Pour la lutte révolutionnaire contre le capitalisme !

Parti Communiste International

www.pcint.org


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