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Lallab, laboratoire du “féminisme” islamiste

gepost op 21/07/18 Trefwoorden  antifa  féminisme 

Lallab est une très jeune association créée en 2016 par Sarah Zouak et Justine Devillaine, qui bénéficie néanmoins d’une promotion conséquente : du plateau de France 2 lors de l’Émission Politique, aux articles élogieux du Monde, de La Croix, de Streetpress, de Konbini, ou encore de Glamour. Lallab présente son objectif comme étant de « faire entendre les voix des femmes musulmanes qui sont au cœur d’oppressions ».

Un précédent article d’Ikhwan Info avait déjà mis en lumière que les deux fondatrices sont d’anciennes étudiantes de Pascal Boniface, qui consacre d’ailleurs un billet sur le site de l’institut IRIS dont il est le directeur à Sarah Zouak et à son film, Women Sense Tour in Muslim Countries. En 2016, Lallab a reçu un prix de l’association Coexister de la main de Jean-Louis Bianco. Lallab a participé à un congrès contre l’ « islamophobie » de l’ENAR (European Network Against Racism) avec Marwan Muhammad du CCIF et Malika Hamidi, directrice générale de l’EMN (European Muslim Network) que préside Tariq Ramadan. Une membre active de Lallab, Maïssa Leroy, partage des contenus à visée islamiste sur les réseaux sociaux, en y rêvant d’une Europe en "position de soujoud (prosternation) pour le Seigneur de l’Univers".

Mais Lallab ne se contente pas de recycler les vieilles lunes du féminisme islamique. L’association vise à représenter l’avant-garde du féminisme.

Sur les réseaux sociaux et sur son site web, Lallab présente Asma Lamrabet comme une « féministe musulmane de la troisième voie », et comme « une de nos plus grandes sources d’inspirations ». Cette dernière est également la marraine du festival « Lallab Birthday » en 2017. Asma Lamrabet a publié la plupart de ses livres aux éditions Tawhid, éditions islamistes et principaux promoteurs de Frères musulmans voire de propagandistes du Hamas en France. Tariq et Hani Ramadan sont publiés chez les éditions Tawhid depuis de nombreuses années, sous forme de livres ou de cassettes éditées à des dizaines de milliers d’exemplaires. Tariq Ramadan a d’ailleurs préfacé un ouvrage d’Asma Lamrabet, « Musulmane tout simplement ». Elle y évoque les relations maritales, l’ « hystérie » des femmes, et le droit de « frapper » sa femme :

" Il est à noter ici que nombreuses sont les femmes qui finissent, lors d’une scène conjugale, par sombrer dans l’hystérie. Par conséquent, l’expression « frappez-les » signifie donner une tape légère sur le corps, sans aucune violence et comme dernier recours. Précisons que la « tape légère » est le terme que l’on trouve dans tous les ouvrages de tafsîr (explication du Coran) et cela, quelle que soit la date de leur rédaction.

Cette mesure décrite plus précisément dans le tafsîr comme étant une petite tape sur le corps est en fait une mesure plus symbolique que punitive. La loi musulmane précise qu’y recourir est excep­tionnel et est soumis à des restrictions claires. Il est bien entendu que s’agissant d’une petite tape, elle ne doit en aucun cas être sévère au point de causer des blessures ou même laisser une marque sur le corps " (Asma Lamrabet, Musulmane tout simplement. Préface de Tariq Ramadan. Tawhid p.72-73)

Toujours dans ce livre Asma Lamrabet, voue aux gémonies les intellectuels musulmans qui critiquent l’intégrisme :

"Ils font serment d’allégeance aux médias occidentaux et pratiquent la surenchère, oubliant par la même occasion que c’est e leur culture qu’il s’agit et que c’est leur histoire qu’ils bafouent". (Asma Lamrabet, Musulmane tout simplement. Préface de Tariq Ramadan. Tawhid p.126)

Asma Lamrabet se situe clairement dans un refus des mouvements de libération des femmes qui, rappelons-le ont émergé aussi dans les pays musulmans.

"Avec la libération de la femme, se sont développés parallèlement une libération des moeurs, une perte des valeurs morales et un éclatement de la cellule familiale, aboutissant à une société occidentale désignée désormais comme permissive". (Asma Lamrabet, Musulmane tout simplement. Préface de Tariq Ramadan. Tawhid p.144-145)

L’une des « plus grandes sources d’inspirations » de l’association « féministe » Lallab, dont il faudrait lire et relire "tous ses livres"...

Il arrive à Asma Lamrabet de tenir des propos en apparence beaucoup plus progressistes,mais c’est toujours pour défendre l’idée que le vrai féminisme doit venir de la référence religieuse. Cette complexité, parfois même le don pour l’ambiguïté contradictoire, n’est pas sans rappeler l’école de son mentor Tariq Ramadan, qui a préfacé son livre.

    • Une autre "féministe islamique" présentée dans l’onglet "portrait" sur le site web de Lallab est Meherzia Labidi. Cette dernière est en Tunisie une députée du parti politique islamiste Ennahdha, issu des Frères musulmans. En Tunisie, Meherzia Labidi avait déclenché une vive polémique en préconisant d’inscrire dans le texte de la nouvelle constitution la «complémentarité entre l’homme et la femme» et rejetant le terme d’«égalité»
  • On trouve aussi Fatma Benli, membre du parti islamo-conservateur AKP du dictateur turque Erdogan.
    • Lors du festival Lallab Birthday, l’on retrouvait entre autres parmi les intervenantes Ismahane Chouder et Fania Noël. Ismahane Chouder est membre de PSM (Participation et Spiritualité Musulmane), qui relaie sur son site web ou lors de conférence la parole du Cheikh Abdessalam Yassine, fondateur du parti islamiste marocain Al Adl Wal Ihsane. PSM a également appelé à manifester avec la Manif pour Tous contre le mariage pour les couples de même sexe, et a participé aux universités d’été d’Alliance Vita, l’association anti-IVG fondée par Christine Boutin. Fania Noël est une militante qui se revendique « anti-mixité », co-organisatrice du camp d’été décolonial aux conférences réservées à certaines couleurs de peau.

Lallab n’hésite pas à se montrer virulente envers d’autres associations luttant pour les droits des femmes, et à racialiser les différentes problématiques féministes. Parmi ses pancartes, on trouve entre autres « Remballe ton féminisme blanc ».

Le plus révélateur concernant les ambitions politiques de Lallab est certainement son article sur l’héritage de Mai 68 :

" Pour revendiquer leur libération, les féministes soixante-huitardes ont cherché à définir LA liberté ".

Il s’agit de remettre en cause la libération du corps, libre de son environnement, le slogan « mon corps m’appartient », comme une liberté féministe :

" Comme si le corps n’appartenait pas lui-même à son histoire (située dans une période, un héritage, un lieu, un environnement, une culture, une famille…) ".

L’article précise :

" Il faut une certaine humilité et un courage certain pour se percevoir à travers un contexte déterminant (et d’avoir la force de s’y opposer, de le nuancer, de se l’approprier…) ".

Les féministes de Mai 68 n’ont jamais nié le rôle de chaque histoire qui peut influencer le corps, elles ont au contraire désignés les « chaînes » qu’il faut briser dans une perspective révolutionnaire ! Au contraire de Lallab, qui critique la position de ces féministes pour évoquer la possibilité de se rapprocher de ces « chaînes », et qui rappelle des postures réactionnaires proches de la droite dure, ou d’Houria Bouteldja qui déclarait : « J’appartiens à ma famille, à mon clan, à ma race, à mon quartier, à l’islam, à l’Algérie ».

De toutes façons, pour Lallab, plus que la patriarcat, ce sont les féministes de Mai 68, « Blanches défendeuses de l’à-poil-pour-tou·te·s », qui ont des pratiques brutales :

" Décortiquer le pourquoi du rapport d’une femme à son propre corps et à sa séduction est une pratique brutale ".

L’auteur du texte ajoute :

" Quand on me dit « féministe », la première image qui m’est toujours venue en tête, c’est celle d’un polaroïd : une femme blanche qui lève le poing dans une tenue très échancrée, avec des poils sous les bras. Et elle n’a pas l’air content. Du tout ".

C’est tout naturellement que Lallab promeut dans un autre de ses articles la "mode pudique" pour les femmes.

Au final, nous avons ici une posture racialiste, crypto-réactionnaire, finalement Père-la-pudeur et anti-féministe envers l’apparence physique et le comportement soi-disant "agressif" des féministes de Mai 68. Une rhétorique, anti- « féminisme blanc », qui se mord la queue.

Malgré un ancrage clairement problématique Lallab bénéficie de nombreux soutiens. Le CCIF, Enar, Etudiants musulmans de France. Mais aussi Open Society, le Conseil général du Val de Marne ou encore Ivry sur Seine. Lallab a bénéficié de la réserve parlementaire d’Esther Benbassa sous le motif que l’association luttait contre les préjugés liés à la religion.

En août 2017, Lallab annonce recruter trois personnes en Service civique, bénéficiant ainsi d’argent public. Une déclaration qui pose question en effet, les Contrats de Services Civiques ne sont pas accessibles aux association cultuelles afin de respecter la neutralité de l’État :

- "La personne morale agréée est un organisme sans but lucratif de droit français ou une personne morale de droit public. Une association cultuelle, politique, une congrégation, une fondation d’entreprise ou un comité d’entreprise ne peuvent recevoir d’agrément pour organiser le service civique" ( Loi no 2010-241 du 10 mars 2010 relative au service civique. Article 8)

Lallab, association clairement inscrite dans les réseaux des Frères Musulmans, qui combat la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux ostentatoires rentre clairement dans la catégorie qui ne peut pas bénéficier de Service Civique.

D’autant que dans ces textes, outre l’interdiction d’associations cultuelles et politique, Service Civique parle de laïcité.

"La mission proposée doit répondre à l’exigence de neutralité et de laïcité que doit revêtir toute mission confiée au titre d’une politique publique et dans un objectif d’intérêt général. Ainsi la participation à un mouvement ou à une manifestation politique, à un enseignement religieux ou à la pratique d’un culte sont autant d’activités qui ne peuvent pas être intégrées dans une mission de Service Civique" Loi no 2010-241 du 10 mars 2010 relative au service civique.

Reste à savoir s’il existe une volonté politique pour faire appliquer la loi.

Mathilde Lambert

*PS -1 Suite à la parution de l’article, Service Civique est interpellé par des centaines d’internautes dont le Préfet Gilles Clavreul. Le 17 août 2017 à 8h15, Service Civique répond à Sofia Izbak.

"La mission proposée ne correspond pas aux principes fondamentaux du@ServiceCivique, elle n’est plus en ligne sur notre site."

De fait, l’article 8 ne permet pas à Service Civique de prendre en compte une telle association. Les partisans de Lallab démarrent une campagne médiatique de taille. Il s’agit de faire croire que les personnes qui s’opposent à Lallab sont du FN. Le Nouvel Obs en fait un titre (rectifié) suivi de Libération sous la plume de Franck Durupt. Libération prétend que c’est sous la pression du FN que Service Civique à cédé. Pourtant la chronologie est assez claire. La première personne apparentée au FN à qui apparait, l’est après le message de Sofia Izbak. Sous la pression médiatique, le community manager de Service civique tente un rétropédalage en précisant :

"Les missions proposées correspondaient plus à une fiche de poste pour salariés qu’à une annonce de service civique".

Néanmoins cette affaire a permis de lever le voile sur les missions de Service Public et a révélé plusieurs missions problématiques. Voir ici. Les associations à visée religieuse et politique qui flirtaient avec la loi peuvent remercier Lallab d’avoir attiré l’attention sur leurs pratiques.

PS -2 La Fondation de France, interpellée par les internautes a déclaré : "nous ne soutenons pas l’association Lallab. Merci de nous avoir informé de la présence de notre logo." En effet Lallab se targue d’être partenaire de la Fondation de France sous la mention "Ils nous font confiance", sous prétexte qu’une des fondatrices de Lallab a reçu un prix de la Fondation de France avant même la création de Lallab.

PS- 3 Lallab a publié un "droit de réponse" à la polémique. L’association y explique qu’elle n’a pas de liens avec les Frères musulmans. Comment expliquer la présence parmi les "héroïnes" de Lallab de Fatma Benli et de Meherzia Labidi toutes deux adeptes du signe de la Rabia signe de ralliement des Frères musulmans.


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