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Mexique : Bras de fer social entre profs et gouvernement Peña Nieto.

gepost op 17/09/13 door SIete nubes. Trefwoorden  luttes sociales  répression / contrôle social  économie  réflexion / analyse  Mexique 

Depuis le 19 août dernier, jour de la rentrée des classes, plusieurs
dizaines de milliers de professeurs et instituteurs mexicains se sont mis
en grève, en rejet des lois de réforme de l’éducation imposées
actuellement par le gouvernement d’Enrique Peña Nieto. Un campement de
plusieurs milliers de professeurs occupe depuis de manière permanente le
centre de la capitale, d’où de nombreux actions directes ont été menées à
bien pour tenter d’empêcher le vote des lois en cours (blocage des accès
au parlement, action de blocage des ambassades, de l’aéroport, des chaînes
télévisées commerciales, etc.). Structurés en « Coordination Nationale des
Travailleurs de l’Education », rassemblant les collectifs et sections
professorales dissidentes du Syndicat professoral corporatiste mexicain,
les professeurs et maîtres d’école rebelles rejettent la casse de leurs
statuts de travail et le processus larvé de privatisation du système
éducatif mexicain.

Jusqu’ici, malgré l’extension progressive du mouvement à de nombreuses
régions du Mexique, aucune avancée significative n’a été obtenue, au
contraire : afin de permettre la tenue du traditionnel « cri de
l’indépendance » et du défilé des forces armées mexicaines, le gigantesque
campement professoral au centre de la ville a été violemment évacué
vendredi dernier. Mais la solidarité face aux manœuvres de répression et
les convergences progressives face à l’imposition des réformes en cours
commencent à transformer la grève syndicale en un mouvement de révolte aux
dimensions chaque jour plus ample.
— 
Au Mexique, depuis maintenant près de huit mois, des professeurs et
maîtres d’école de tout le pays tentent de s’opposer à la casse des
conventions de travail collectives et aux politiques néo-libérales de
réforme du secteur scolaire mises en œuvre par le gouvernement Peña Nieto.
La réforme de l’éducation, qui ne devait être qu’une mesure préalable à de
nombreuses autres mesures « structurelles » visant à libéraliser la
gestion des impôts, des ressources pétrolières ou de la production
d’électricité, se transforme de jour en jour en abcès de fixation du
mécontentement populaire traversant tout le pays.

La réforme pour la « qualité de l’éducation » , promue par Enrique Peña
Nieto une dizaine de jours à peine après son intronisation extrêmement
contestée comme Président du Mexique, le 1er décembre 2012, répond aux
exigences et pressions effectuées au Mexique et ailleurs dans le monde par
l’OCDE, afin de mettre un place dans les structures scolaires un modèle
néo-libéral d’administration et de gestion du personnel issu du monde
privé, connu sous le nom générique de « gestion de la qualité totale »
(Total Quality Management, TQM en anglais). Ce modèle se base sur «
l’audit » régulier, par un organisme extérieur au corps professoral, des «
compétences » des professeurs et des établissements, visant à réattribuer
les ressources économiques allouées au secteur éducatif en fonction des «
performances » obtenues par les établissements et les maîtres d’école
(indépendamment, évidemment, du contexte social d’origine, totalement nié
par le modèle social néolibéral). Il vise également à ouvrir le système
éducatif aux acteurs privés, censés être plus « compétitifs », ainsi qu’à
normaliser au sein du système éducatif les « compétences » nécessaires à
l’intégration au sein du marché du travail mondial. (lire l’article «
insurrection professorale au Mexique » :
http://paris.indymedia.org/spip.php?article13436 )

C’est dans un premier temps dans les Etats les plus pauvres du Mexique que
la réforme a suscité le plus de contestation parmi le corps professoral,
face aux menaces de licenciement et de détérioration des moyens
économiques attribués à des régions et des professeurs se sachant «
non-compétitifs » dans ce schéma, mais qui revendiquent également, au-delà
du rejet de la contractualisation du corps éducatif, la mise en place de
leurs propres modèles et grilles d’évaluation éducatives, élaborées à
partir des leurs propres réalités locales. Dans l’Etat de Oaxaca, dans le
Guerrero ou dans le Michoacan, Etats où l’organisation du secteur
professoral et le rejet des structures syndicales corporatistes de l’Etat
mexicain sont extrêmement forts, des plans éducatifs « alternatifs » sont
d’ailleurs promus et appliqués dans les faits par les professeurs en
lutte.

Le processus de vote des lois de réforme éducative au parlement mexicain a
toutefois amené la lutte à se déplacer jusqu’au cœur de la capitale du
pays, et le 19 août dernier, en parallèle à la non-réouverture des
classes, eu lieu l’installation d’un gigantesque campement sur la place
principale de Mexico, formé par des milliers de professeurs en lutte
affluant des sections et collectifs mobilisés dans les différentes
régions du Mexique. Depuis, outre les actions directes menées jour après
jour par ces professeurs et maîtres d’écoles à Mexico, plusieurs journées
de mobilisations ont été déclarées, durant lesquelles se sont ajoutées au
mouvement de nouvelles régions et de nouvelles sections syndicales,
entrant de ce fait en dissidence avec leur direction corporatiste. Mais
malgré la force des mobilisations et le blocage des accès au parlement,
les lois entérinant la réforme éducatives furent toutefois votées début
septembre, dans des installations administratives prêtées pour l’occasion
par Banamex, une des grandes banques du pays. Mais, bien loin de diminuer,
les mobilisations prennent depuis chaque fois plus d’ampleur : des
quelques Etats en révolte à l’origine, des mobilisations massives eurent
lieu, le 11 septembre dernier, dans 26 des 31 Etats que compte le Mexique.

Vendredi 13 septembre dernier, sous la prétexte de pouvoir mener à bien
les cérémonies officielles du « cri de l’indépendance » et du défilé
militaire du 16 septembre, policiers de la ville de Mexico, policiers
fédéraux et militaires procédèrent à l’évacuation brutale du campement du
Zocalo, où vivaient et dormaient depuis désormais plus de trois semaines
les milliers de professeurs délégués par cycle de quelques jours afin de
maintenir le campement au sein de la capitale. Des centaines de personnes
ont été blessées, 31 personnes arrêtées, dont une dizaine se trouvent
toujours détenues à l’heure actuelle. En réaction à la répression,
plusieurs universités comme l’Ecole Nationale d’Histoire et
d’Anthropologie (ENAH) se sont spontanément mis en grève de solidarité, et
ont procédé au blocage temporaire de divers grandes artères de la ville de
Mexico, tandis que dans le reste du Mexique, des routes étaient également
barrées à divers endroits du pays, et des édifices publics occupés en
solidarité.

Déplacés de force, les campeurs du Zocalo ont très vite reconstitué leur
gigantesque campement sous le « monument à la Révolution », où au terme ce
dimanche d’une grande manifestation de plusieurs dizaines de milliers de
personnes, eurent lieu différents concerts, démonstrations artistiques et
prises de parole appelant au rejet des réformes éducatives, énergétiques
et fiscales mises en œuvre par le gouvernement de Peña Nieto et insistant
sur la force croissante du mouvement malgré la répression, ainsi que sur
la nécessaire lutte pour la libération des prisonniers politiques, Alberto
Patishtan en tête (célèbre maître d’école chiapanèque condamné à plus de
60 ans de prison),dont le fils, ému, prit la parole devant la foule pour
évoquer la cas de son père et rendre hommage à la lutte en cours.

Alors que la cérémonie officielle du « cri de l’indépendance », malgré des
centaines de personnes recrutées et amenées par camions entiers pour y
assister, parvint difficilement à rassembler plus de quelques milliers de
personnes, c’est une foule bien supérieure en nombre qui se rassembla ce
dimanche sous le monument à la révolution afin de jeter son propre « cri
de l’indépendance ». Deux jours d’appel à la grève, à actions de blocage
des routes, supermarchés, autoroutes, ports et aéroports ont été appelés
pour les jeudi et vendredi prochains, et la reprise de la place centrale
de Mexico semble d’ores et déjà programmée. L’objectif semblant désormais
se tourner vers la construction d’une alliance populaire plus large contre
l’imposition des réformes à l’œuvre.

A voir si, en sus de ces dynamiques, une solidarité internationale,
syndicale tout au moins, puisse aussi voir le jour…

SIete nubes. 16/09/2013


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