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Petit Dictionnaire de la Novlangue. 3. MIXITE.

gepost op 03/05/17 door Gérald Trefwoorden  médias 

Petit Dictionnaire de la Novlangue

Immersion au sein de l’évolution médiatique et politicienne du langage.

Aujourd’hui : 3. MIXITE. Nom féminin.

Usage : Souvent utilisé en binôme, sous le concept de « Mixité sociale », le terme apparaît dans la bouche de politiciens cherchant à modifier la composition humaine d’un quartier. Alors que le terme est trompeur, les journalistes relaient les propos sans quasiment jamais les questionner.

Définition : La mixité, en apparence positive et souhaitable, cache en réalité des opérations de remplacement d’une population par une autre, plus riche. Les plus pauvres, au nom d’une prétendue Mixité, ne pourront ensuite plus assumer le nouveau standing du quartier.

Expressions : « Il faut répondre à ce besoin de Mixité fonctionnelle et sociale » (Gaëtan Van Goidsenhoven, bourgmestre d’Anderlecht - Télé-BX1). « On assiste certes à une gentrification du centre-ville, mais qui vient renforcer sa Mixité » (Yvan Mayeur, bourgmestre de Bruxelles - Le Soir). « Mixité sociale : c’est pas gagné » (La Libre Belgique, parfois lucide).

Synonyme : Embourgeoisement d’un quartier. « Masquant » sans doute quelque peu la réalité et les effets du concept d’embourgeoisement, le terme est plus connu par sa traduction anglaise : Gentrification.

3. MIXITE.

Celui-là, si vous l’entendez au sujet de sa promotion dans votre quartier, méfiez-vous, surtout si vous ne roulez pas sur l’or ! Démarrez peut-être les recherches d’un nouvel appartement à louer…

Que nos lecteurs situés sous la portion sud du Brabant Flamand nous excusent, nous allons aujourd’hui beaucoup parler de Bruxelles. Depuis une vingtaine d’années, ses habitants entendent parler de Mixité à toutes les sauces... notamment lors d’opérations de construction massive dans la ville. Un nouveau quartier de Mixité sociale va naître par ici, un contrat de quartier visant à renforcer la Mixité va voir le jour par-là… Une vingtaine d’années, c’est justement le temps qu’il aura fallu aux institutions européennes pour s’abattre sur cette petite capitale.

Au début des années 1990, Bruxelles perdait chaque année des habitants ! Conséquence logique : pas de pression sur les loyers. Si l’on voulait déménager, on se baladait quelque peu et hop, très vite on trouvait un appartement à un prix abordable. Les plus jeunes auront du mal à conceptualiser l’affaire, mais les voies de la Gare du Quartier Léopold (Bruxelles-Luxembourg) respiraient l’air libre, sa buvette servait encore des chopes, et les rues des alentours étaient composées de maisons, ateliers, garages, commerces… Depuis, ce coin bruxellois a littéralement été écrabouillé par le parlement européen. Bardaf !

Aujourd’hui, nous croisons dans cette zone plus de costumes et de cravates que de vêtements normaux. Par ailleurs, la zone d’influence néfaste ne cesse de s’étendre : place du Luxembourg, hop, restaurants chics, place de Londres d’un côté, hop, bistrots chics, place Jourdan de l’autre, hop, etc. De plus, après le travail et les loisirs, tous ces eurocrates et lobbyistes doivent rentrer dans un logement ! Conséquence logique : augmentation massive des loyers, d’abord dans certaines communes, ensuite dans toute la région bruxelloise ; Uccle et Watermael-Boitsfort n’étant pas extensibles à l’infini. Dès lors, dans les quartiers les plus improbables, de nouveaux bunkers de logements fleurissent... Pouf rue du Boulet, Pouf à la porte de Ninove, Pouf à Tour et Taxis, Pouf à la rue de Molenbeek, Pouf Pouf un peu partout le long du canal, et BAM : la plus grande tour de Bruxelles devant le bassin Vergote. Chic !

Dans des quartiers dits « pauvres », « difficiles », « à l’abandon », il s’agit d’utiliser le sol pour permettre à ces nouvelles populations riches de rentrer chez elles. La communication officielle nous abreuve alors de la Mixité sociale à promotionner : évitons les ghettos ! Mixité partout ! Précision : le concept fonctionne à sens unique, lorsqu’il faut favoriser dans une zone l’installation d’humains à fort potentiel imposable. L’idée n’est pas de construire des logements sociaux au rond-point Shuman ! Ni de transposer un peu de Matonge ou de Molenbeek à Saint-Job ou à la place Keym ! Les nouveaux immeubles ne sont pas banals, c’est du blindé, du bien grillagé ! Caméras partout, et ouvertures électroniques, pzîîît, pour être certain que monsieur et madame ne risquent pas de croiser la plèbe. Dans des zones où ils n’auraient jamais voulu mettre les pieds auparavant, ils s’installent et s’arrangent pour ne rencontrer personne. L’exact opposé, donc, de la Mixité sociale.

Outre les logements-bunkers, l’embourgeoisement d’une zone peut également se réaliser par le type de commerces ou de lieux d’amusements en implantation. Un processus bien connu à Bruxelles : on ouvre un café branché, clone de tas d’autres cafés branchés, dans un quartier en apparence incongru pour accueillir un tel lieu. Puis les clones, jeunes, aisés, font le déplacement pour réaliser la Mixité encore un peu plus loin que la fois d’avant. Les propriétaires reniflent le pognon, font semblant de rénover les appartements, puis doublent les loyers. Et hop, les familles avec enfants sont remplacées par des colocations d’étudiants français. Certains français mènent une vie sociale normale ; d’autres par contre vivent à Bruxelles comme ils vivraient dans le 21ème arrondissement de Paris. Le menton relevé. Paris, c’est trop cher ? Ok, rendons Bruxelles plus cher !

Le bourgmestre de Bruxelles, Yvan Mayeur, est assez clair sur le sujet. Lorsqu’on l’interroge sur « son » piétonnier du centre-ville, il répond sans rire : « On assiste certes à une gentrification (embourgeoisement, donc) du centre-ville, mais qui vient renforcer sa Mixité ». En rêvant de la place De Brouckère, il termine par un implacable : « vous verrez, un jour ce sera un deuxième Sablon ! » Yvaaan, très mauvais ça ! La Novlangue c’est pour MASQUER la réalité ! Pas pour ensuite révéler le projet réel !

Les politiciens ne sont pas seuls dans le délire... De nos jours, il est possible d’assister à des concerts « d’activisme urbain », dans des bars branchés (embourgeoisés, donc), où des bières au prix d’un repas de la maison sont servies par des parisiens à moustache, le tout pour défendre… la place du Jeu de Balle et les Marolles ! Mais lesquelles ? Une autre idée de Mixité, sans doute... Quelle époque !

Allez, nous reparlerons de tout cela en 2023, après le Belxit et le dynamitage du quartier Shuman !

Gérald Hanotiaux


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