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- Privilège et intersectionnalité pour les nul-le-s

gepost op 04/05/17 door Groupe d'Action pour la Recomposition de l'Autonomie Prolétarienne Trefwoorden  luttes sociales  alternatives  Peuples natifs 

La théorie du privilège et de l’intersectionnalité pour les nuls

Les deux théories, bien qu’elles soient apparues à peu près en même temps (1989 pour la théorie de l’intersectionnalité que l’on doit à Kimberlé Crenshaw, universitaire représentante du black feminism, et 1988 pour celle du privilège que l’on doit à Peggy McIntosh, universitaire féministe), sont à l’origine distinctes. Mais, fonctionnant en quelque sorte en miroir, elles devaient naturellement converger et souvent fusionner. Comme toute bonne théorie postmoderne, elles prétendent mettre fin aux divisions massives et binaires, type prolétariat/bourgeoisie ou homme/femme, pour leur substituer une multitude d’oppositions nouvelles.

Elles balaient ainsi le féminisme classique ou le socialisme (sous sa forme marxiste ou anarchiste), en mettant la lutte de classes à portée de chacun et en permettant le renversement du privilège au quotidien. Aux échéances lointaines et inaccessibles, type grand soir ou nuit du 4 août, à l’affrontement avec une classe dominante abstraite et inatteignable, elles substituent des affrontements interpersonnels et des adversaires de proximité. Fonctionnant comme formidable instrument de culpabilisation, elles permettent de faire taire les contradicteurs et de faire émerger, sur le plan théorique et pratique, des sortes de ZAT (Zone Autonome (plus ou moins) Temporaire) au sein desquels les rapports de force symboliques se trouvent inversés. Dans un lieu, un territoire, un quartier, l’espace d’un débat, d’une occupation de squat ou, de manière plus durable, au sein de collectifs ou d’organisations militantes, les premiers deviennent les derniers et les derniers les premiers : non pas l’abolition du rapport de forces mais son inversion.

Pas plus que son pendant romain l’institution de ces nouvelles saturnales (période d’un jour chez les Romains lors duquel les esclaves devenaient les maîtres et inversement) ne signifie le renversement de l’esclavage mais au contraire son renforcement. Elle n’est au mieux, à l’instar de la religion, que ce qui permet à l’esclavage de durer et à l’esclave de supporter sa situation, une transfiguration morale de l’esclavage, comme aurait dit Nietzsche.

Substituer les affrontements interpersonnels à la lutte contre le système et le capital est bien dans l’air d’une époque où nous avons vu une partie croissante des ouvriers reculer devant les tâches immenses de la lutte de classes à l’échelle mondiale et préférer des adversaires de proximité comme l’immigré (bénéficiant, c’est bien connu, n’est-ce pas, d’une »?préférence étrangère?«) ou le Rmiste (payé à rien foutre).

Pour en revenir au petit tableau ci-dessous, si vous accumulez les croix horizontales, vous êtes un super-privilégié ; si c’est au niveau vertical, vous êtes à l’intersection d’un maximum de dominations et vous voilà fondé à réclamer le plus bruyamment possible la constitution de groupes en non-mixité sur la base du nombre de croix obtenues dans la catégorie des opprimés.


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