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Racisme anti-musulmans et logique identitaire

gepost op 26/07/18 Trefwoorden  réflexion / analyse 

Face à la montée du racisme et de la réaction identitaire, la gauche s’enfonce dans des impasses. Il semble important de dépasser les débats frelatés pour ouvrir de nouvelles perspectives.

Une montée des logiques identitaires peut s’observer. Le racisme ne cesse de s’amplifier. Les attentats et la crise Charlie ont accentué les replis identitaires derrière un républicanisme franchouillard. La laï-cité autoritaire permet de diffuser un racisme anti-musulman-e-s, notamment à travers les médias.

De son côté, l’extrême gauche insiste également sur les thématiques identitaires au détriment de la question sociale. Les gauchistes ne veulent pas s’interroger sur l’intégrisme religieux pour éviter de se poser des questions sur une population déjà très attaquée. Le débat intellectuel se contente donc d’opposer les « intégristes républicains » et les « isl@mo-g@uchistes ». L’agressivité et le racisme des républicains contribuent à éradiquer la nuance et le recul critique.

Nedjib Sidi Moussa tente d’éclairer tous ces débats particulièrement virulents dans La fabrique du musulman. Il se situe du côté du mouvement ouvrier, très divisé sur ses questions. Cette famille politique peut impulser des luttes contre l’exploitation, mais peut aussi conduire à des impasses. « Des secteurs de la gauche radicale ont encore la capacité d’orienter des débats, d’impulser des dynamiques, de favoriser des regroupements afin d’éviter la lutte de tous contre tous sur des bases ethnoculturelles », espère Nedjib Sidi Moussa.


Montée des logiques identitaires

Le racisme contre les « musulmans » vise à figer les identités et à essentialiser des individus. Les luttes de l’immigration sont oubliées et les musulmans sont simplement assimilés à des fauteurs de trouble. « Car le vrai "grand remplacement" concerne celui de la figure de l’Arabe par celle du "Musulman", de l’ouvrier immigré par le délinquant radicalisé, du "beur" engagé par le binational déchu », observe Nedjib Sidi Moussa.

L’effondrement du mouvement ouvrier s’est suivi par une apathie des classes populaires, dont l’immigration récente reste une composante importante. Les analyses de classe sont remplacées par des discours confusionnistes et réactionnaires. « La diffusion des discours religieux, sectaires, identitaires n’a pas fait que des malheureux du moment qu’elle contribuait davantage à diaboliser la lutte de classe », analyse Nedjib Sidi Moussa.

La gauche peut alors collaborer à la confessionnalisation et à la racialisation de la question sociale. Cette gauche remplace la lutte des classes par la lutte des races. Comme les racistes et les républicains, elle sépare la communauté musulmane du reste de la population française. Ensuite, cette gauche essentialise les "musulmans", y compris les personnes qui refusent l’assignation identitaire, religieuse ou raciale.

En 2005 éclatent des émeutes dans les banlieues. La révolte sociale des classes populaires semble donner un espoir. Mais, la même année, la question identitaire devient centrale dans le débat intellectuel. Le gouvernement veut reconnaître les bienfaits de la colonisation et incarne le racisme républicain. Les études postcoloniales se développent. Même si Jean-François Bayart avertit du risque qui consiste à « consigner les indigènes dans une condition coloniale fantasmatique ». Les universitaires qui dirigent le livre La fracture coloniale valorisent l’appel des Indigènes de la République.

Brigitte Allal analyse les angles morts de cet appel. Il oublie notamment les "femmes indigènes" qui refusent l’ordre religieux et patriarcal. Pierre Boilley pointe la volonté d’établir un statut de victime héréditaire. Daniel Bensaïd émet également des réserves sur la « mythologie des origines ». Surtout, l’absence des termes « classe », « ouvrier », « populaire » ou « prolétaire » semble révélateur de cet appel. Romain Bertrand observe le décalage entre des initiateurs de l’appel issus de la petite bourgeoisie intellectuelle qui prétendent parler au nom des défavorisés.

Les Indigènes de la République semblent éloignés du prolétariat immigré et des cités HLM. Leur objectif consiste effectivement à évacuer la question sociale. « Les sujets que nous abordons divisent la gauche, ce qui est l’un de nos objectifs : recomposer le champ politique à partir de la question raciale et anti-impérialiste », confie Houria Bouteldja à la revue Vacarme.

L’extrême droite diffuse une idéologie identitaire et ethno-différentialiste. Le développement des réseaux sociaux lui permet de développer son influence. La présidence Sarkozy contribue également à diffuser une idéologie identitaire jusqu’au sommet de l’Etat. L’extrême gauche cède également à la mode. Sadri Kiari, bureaucrate trotskiste et idéologue des Indigènes de la République, développe le concept de « race sociale », désormais à la mode. « On voit bien que cette notion sert à remplacer l’analyse de la conflictualité sociale à travers la lutte des classes par une nouvelle grille de lecture postcoloniale », observe Nedjib Sidi Moussa.


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