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Terreur islamiste dans la Bande de Gaza

posté le 03/03/18 par Liberté pour les femmes de Palestine Mots-clés  féminisme 

Des fondamentalistes islamistes sont suspectés du meurtre de trois femmes considérées comme prostituées dans la Bande de Gaza. Leur mort fait suite aux attentats et incendies contre des commerces et lieux que ces radicaux considèrent comme anti-islamistes. La police déclare que le corps de Ibtefam Abu Genar fut le premier a avoir été trouvé. Elle est l’une des trois femmes assassinées dans la nuit de mardi dans différentes parties du Nord de la Bande de Gaza.

Dans la conservatrice Bande de Gaza, il est fréquent que des femmes accusées de comportement Immoral soient assassinées par des membres de leurs familles dans de prétendus ”crimes d’honneur”. Mais ces meurtres sont différents, selon l’enquêteur Abu al Abed. Dans sa longue carrière, il n’a jamais vu trois femmes tuées la même nuit, dans un style rappelant celui des assassinats commis par des gangs.

”Elles ont été tuées de la même façon, une balle dans la tête et une autre dans la poitrine” dit Abed qui ajoute ”Ceci indique que ce ne sont pas des crimes d’honneur ou des crimes familiaux ; ce sont des crimes organisés. Il y a un groupe derriére.”

Aucun groupe n’a revendiqué ces meurtres. C’est un acte de plus d’une série de cinq mois de crimes violents et non-élucidé contre des personnes de Gaza suspectées de comportement immoral ou décadent. Ces aggressions ont commencé en octobre 2006, et se sont développées du Nord au Sud, touchant un grand nombre de commerces sur les bords de mer des territoires palestiniens.

Des magasins de musique moderne, des locations de DVD, des restaurants et des centres culturels ont été touchés. En décembre, une cafetéria de Rafah qui autorisait des jeux de cartes a été incendié.

Rami, qui ne veut pas donné son nom complet, possède un magasin de DVD dans la ville de Khan Younis, au centre de la Bande de Gaza. Il dit qu’il a d’abord eut un coup de fil anonyme le menaçant d’attaques contre son petit commerce pour vendre des films interdits, dont des films occidentaux. Puis, il y eut un second appel.

”C’était une voix sérieuse, et qui me disait que si je ne fermais pas vite mon magasin, ils l’incendieraient.” dit Rami. Rami a fermé son magasin pendant deux semaines, s’est tourné vers les factions militantes pour demander protection, et affiché des posters des héros islamistes. Il a retiré les affiches de stars d’Hollywood.

Ahmed al-Rafa-tee, qui tenait un internet café, n’a pas eu la chance d’avoir des menaces. Un matin, ce jeune de 24 ans est arrive et a trouvé l’internet café qu’il possédait détruit.

Un communiqué de Souf al Haq Islamiya, ou “Epées du Droit Islamique”, a revendiqué l’attentat. Ce groupe dit “implanter la loi de Dieu” et considère les magasins comme celui de Rafa-tee ”sale et corrompu” qui rendent les jeunes “esclaves de mauvaises pensées”, apparement une réferénce aux jeux en ligne et aux sites pornographiques.

“Ils pensent que ces cafés internet font perdre le temps aux jeunes, les éloignent de la prière, de la liberation de la Palestine et du Djihad” explique Rafa-tee. Rafa-tee trouve irrationnel un groupe comme les “Epées », il dit avoir mis des fitres dans son magasins maintenant détruit pour bloquer les sites pornos.
Y compris des centres culturels publics d’apparence innocents sont touchés. En fin de matinée mercredi, une bombe a explosé dans un centre culturel public de Gaza-ville où des garcons et des filles de 14 ans et moins se retrouvaient pour apprendre des dances traditionnelles palestiniennes, des arts plastiques et faire du sport. Personne n’a été sérieusement blessé et aucun groupe n’a revendiqué l’attentat.

Nabil Barzock, directeur du centre, est écoeuré par les détériorations du local. ”Il y a quelques personnes qui sont radicales et qui n’acceptent pas la mixité entre garcons et filles, et on nous a envoyé un message pour nous faire cesser nos activités” dit Barzock. “Mais je dis que nous continuerons à enseigner, entrainer et défendre nos traditions’.

Ce n’est pas la première fois que des fondamentalistes islamistes ont lancé des attaques à Gaza contre une prétendue “immoralité”.

En 2000, des sympathisants du Hamas ont incendié deux magasins qui vendaient de l’alcool à Gaza. Et pour le nouvel an 2004, des fondamentalistes inconnus ont fait explosé et détruit le club des Nations Unies. C’était le dernier endroit connu pour vendre de l’alcool dans la Bande de Gaza.

Personne ne sait qui se trouve derrière l’actuelle vague d’attaques. Depuis octobre, les obscures ‘Epées de la Justice Islamique’ ont revendiqué d’avoir fait exploser plus de cinquante magasins vus comme moralement corrompus.

Mais un rapport détaillé de la police criminelle du Ministère de l’Intérieur d’octobre à février pour toute la bande de Gaza montre que la police n’attribue que neuf attentats aux Epées. Ce rapport montre aussi qu’il y a eut 18 autres attaques violentes contre des magasins considérés comme immoraux dans la même période.

Il apparaitrait donc que les Epées ont commis plus d’attentats qu’elles n’en ont revendiqués. Et ce pourrait être la clef de leur stratégie. La violence anonyme du groupe ne fait que renforcer son mystère et sa stature, créant un effet de frayeur sur la société de Gaza.

Naila Ayesh dirige le Centre des Femmes de Gaza-Ville. Elle dit que ces attaques ont comme conséquence que de nombreuses femmes, y compris laiques, se sentient plus menacées de sortir sans un parent masculine ou sans se couvrir.

“A Gaza, on ne peut voir que peu de femmes qui ne couvrent pas leurs cheveux” explique Ayesh. “Cela ne veut pas dire que la plupart des femmes qui couvrent leurs cheveux sont religieuses. Certaines d’entre elles, vraiment, ont peur de sortir de chez elles sans se couvrir.”

L’enquêteur Abu Al Abed ne veut pas donner son nom complet pour protéger sa sécurité. Les forces de sécurité sont dominées par des gens comme Abed, qui sont loyaux au Fatah le parti rival du Hamas.

Abed dit que l’analyse des restes d’explosifs montre des liens avec les brigades d’Izzadine al Qassam, le groupe paramilitaire clandestine du Hamas, et sa police plus ou moins officielle avec les attentats.

“Nos premières recherches ont démontré que les ‘Epées du Droit Islamique’ comportent des membres des Forces Exécutives du Hamas, et qu’elles sont directement soutenues par le groupe Qassam” dit Abed.

Certains membres du Hamas, selon des enquêteurs, travaillent pour faire dans l’ombre ce que le gouvernement ne peut pas officiellement imposer : essayer d’imposer un agenda social islamiste dans la Bande de Gaza.

Les sympathisants du Hamas refusent ces affirmations. Islam Sharwan, porte-parole de la Force Exécutive du Hamas considère l’accusation selon laquelle le Hamas serait derrière les ‘Epées du Droit Islamique’ comme ridicules.

“C’est une information complétement fausse. Le Hamas n’a rien à voir avec ce groupe’ affirme Sharwan. ‘Et nous enquêtons sur ces attentats pour protéger le peuple palestinien. Si des membres d’une faction y participant, ils seront chassés et arrêtés.”

Toujours est-il que ce week-end, le corps des trois femmes (prétendues prostituées) ont été calmement sortis de la morgue de l’hôpital de Gaza-Ville. Un homme de chaque famille est venu prendre silencieusement les corps, selon les employés de la morgue.


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