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Le Post-Anarchisme expliqué à ma grand-mère

posté le 04/03/18 par http://tillybayardrichard.typepad.com/le_blogue_de_tilly/2009/11/id%C3%A9es-le-post-anarchisme-expliqu%C3%A9-%C3%A0-ma-grandm%C3%A8re-12.html etc Mots-clés  antifa 

http://michel-onfray.over-blog.com/article-michel-onfray-le-post-anarchisme-explique-a-ma-grand-mere-2009-2010-98454989.html

  • J’y ai pris beaucoup de notes (on ne se refait pas). J’ai pensé qu’il était balot qu’elles finissent en feuilles volantes toutes racornies au fond de mon grand sac à main. D’autant que la deuxième partie de la conférence sera donnée le 20 mai 2010 . D’ici là mes pauvres feuillets auront le temps de tomber en poussière, et de toutes façons, j’aurai changé plusieurs fois de sac à main. Par contre, si notre dieu LeFilet 2.0 lui prête vie, mon blogue sera toujours là, Au Temps des Cerises.

Alphée est un dieu fleuve, fils du Titan Océan et de sa sœur Téthys. Il poursuivit la nymphe Aréthuse (qui s’était baignée dans ses eaux) sous l’apparence d’un chasseur. Effrayée, elle s’enfuit jusqu’en Sicile, où elle se réfugia sur l’île d’Ortygie, près de Syracuse. Artémis la changea en source. Mais Alphée, déterminé, répandit ses eaux sous la mer jusqu’en Sicile, et émergea à Ortygie afin de fusionner avec Aréthuse

C’est quoi le post anarchisme ? C’est ce qui vient après (prolonge ?) l’anarchisme... Une doctrine en développement, qui veut conserver le meilleur de l’anarchisme, et s’en servir comme fondement pour le dépasser.

Michel Onfray fait remonter l’anarchisme (en tant qu’opposition au capitalisme) à... la période néolithique ! Et sa quasi disparition, avec la Grande Guerre. Presque un siècle plus tard, on met en lumière des résurgences, des propositions pour la genèse du post anarchisme.
Le philosophe normand propose une métaphore mythologique du post anarchisme : le dieu-fleuve Alphée. Selon la légende, le fleuve Alphée se jette dans la mer, et poursuit son cours sous les eaux pour réapparaître sur l’autre rive.

Aujourd’hui nous sommes sur l’autre rive, de l’autre côté du vingtième siècle et Michel Onfray nous fait observer que la pensée anarchiste n’a pas complètement disparu avec les guerres mondiales du siècle précédent. Le philosophe nous propose de lire ou relire les écrits dominants de la pensée anarchiste historique, de faire un inventaire sélectif pour éliminer les traces indéfendables et les pensées "datées", et enfin de définir une éthique minimale pour le post anarchisme.

And so what ? Michel Onfray dit ne poser que les prolégomènes à ce qui pourrait être un séminaire de toute une année...
Il appelle à bâtir collectivement les hypothèses de travail (cf. Bourdieu, L’Intellectuel Collectif).
Il faudra d’abord faire son marché parmi des propositions souvent contradictoires pour saisir et capter l’essentiel de l’anarchisme. Refaire la théorie anarchiste pour en finir avec les oppositions stériles : état à abolir, élections-pièges, capitalisme à jeter. A partir de là et sous réserve d’inventaire peut-être verra-ton se dessiner un capitalisme libertaire ?

En conclusion, Michel Onfray ouvre les perspectives sur la seconde partie de son exposé qu’il fera en mai 2010 au même endroit. Vers le principe de Gulliver : la fédération/mutualisation de micro-résistances à opposer d’urgence aux micro-fascismes émergents (nouvelles formes de totalitarisme, multiples, fragmentaires, essaimées). Michel Onfray voit dans les nouvelles technologies, un puissant révélateur, accélérateur et amplificateur pour les micro-résistances.

Au lieu des trois quarts d’heure annoncés, la présentation a duré une heure trente. Les questions des spectateurs seront écourtées. MIchel Ribes pose quand même la première : pourquoi le philosophe n’a-t-il pas évoqué le rôle ou l’influence des saltimbanques, des chansonniers, des caricaturistes dans la pensée anarchiste ? C’est, répond Michel Onfray parce qu’il a voulu concentrer son exposé sur la pensée anarchiste, plus que sur son expression, mais que cela aussi est un terrain à couvrir...


Références en vrac et sans validation

Charles Fourier - le phalanstère (prototypage pour une société libertaire)
Mikhaïl Bakounine - se méfier de tous les pouvoirs, un contre-pouvoir est encore un pouvoir
Piotr Kropotkine - la solidarité, l’entraide existent dans la nature, pour la survie du groupe
Henry D. Thoreau - la désobéissance civile est une arme libertaire
Elisée Reclus - la science n’est pas mauvaise en soi (cf. énergie nucléaire vs bombe atomique)
Sébastien Faure - pédagogie libertaire
Alexandre Jacob - éloge de la "reprise individuelle" aka cambriolage (modèle pour Arsène Lupin !)
Michel Foucault - le pouvoir est partout, il n’est plus identifiable
Pierre Bourdieu - nécessité de fédérer les forces anti-libérales au niveau européen
Gilles Deleuze - existence de mico-fascismes (homme/femme, vieux/jeune, etc.)
Jacques Derrida - les avant-gardes esthétiques, restaurer la confiance dans les artistes, ils sont peut-être les vrais anarchistes
Emile Pouget - éloge du sabotage
Emile Armand - ne plus peiner à jouir, l’importance du corps dans la révolution
Albert Camus - l’anarchosyndicalisme comme expression d’une vitalité
Nestor Makmo - la discipline consentie et l’obéissance choisie (modèle pour la Résistance)
Jean-François Lyotard - le post-modernisme expliqué aux enfants
Max Stirner - l’association d’égoïstes pour fabriquer des résistances
William Godwin - du contrat de l’immanence, la communauté jubilatoire
Pierre-Joseph Proudhon - en finir avec les idoles, modestie et pragmatisme (vous êtes anarchiste ? montrez-le !)
Louise Michel - la justice doit faire la loi, plutôt que la liberté, l’égalité, la fraternité
Todd May
...

LE POST-ANARCHISME EXPLIQUÉ À MA GRAND-MÈRE

Jeudi dernier, la salle Renaud-Barrault du théâtre du Rond-Point était pleine à craquer, où, à l’heure du déjeuner, Michel Onfray donnait une conférence intitulée "Le post anarchisme expliqué à ma grand-mère".
Derrière ce slogan, le philosophe se moquait des livres de vulgarisation de la pensée et de l’histoire des idées que les intellectuels commettent régulièrement à peu de frais, en s’adressant à leurs lecteurs adultes comme ils le feraient à des enfants.

Rejetant ce genre de démarche simpliste, Michel Onfray, dans l’esprit de l’Université Populaire de Caen, s’attache à revisiter l’histoire de la pensée anarchiste – très multiple et même contradictoire – en revendiquant un droit d’inventaire : retenir les idées qui lui semblent encore de valeur aujourd’hui et repousser les prises de position inacceptables et/ou considérablement datées.

En suivant cette logique du "prélèvement", l’auteur de la Contre histoire de la philosophie trace les contours du post anarchisme, un courant qui existe aussi de l’autre côté de l’Atlantique. Il commence par balayer sans ménagement un certain nombre de dogmes (une de ses grandes affaires) de la pensée anarchiste : le rejet de l’Etat ; le refus des élections ; l’idée selon laquelle le capitalisme ne serait qu’un moment dans le déroulement du monde. Au contraire, pour le philosophe, l’Etat est utile, voter permet de manifester un rapport de force et le capitalisme est une forme consubstantielle du monde – c’est le capitalisme libéral qui est à dénoncer.

Michel Onfray passe ensuite au crible les écrits des auteurs dits anarchistes pour y faire son tri : exit les positions bellicistes, homophobes et phallocrates de Proudhon, mais oui à son pragmatisme ; exit le christianisme de Tolstoï et la négativité de ceux qui sont devenus anarchistes par amertume ; oui à la positivité, à tout ce qui est susceptible de développer la pulsion de vie ; oui à la place de la Justice défendue par Louise Michel, à l’impératif catégorique de La Boétie – "Soyez résolu de ne plus servir et vous serez libre " – réactivé par Thoreau, aux phalanstères de Fourrier, à l’anarcho-syndicalisme d’Albert Camus de L’Homme révolté, à l’éducation, aux plaisirs du corps…

Si la pensée anarchiste a été saignée par la Commune puis par la Guerre de 1914-18, avant d’être terrassée par le triomphe du marxisme, l’auteur du Traité d’athéologie pense que, tel le fleuve Alphée, l’anarchisme un temps disparu dans la mer est ensuite réapparu, citant Orwell, la philosophe Simone Weil, Jean Grenier, la French Theory avec Foucault, Deleuze, Bourdieu, Guattari, Lyotard, le Derrida de Politiques de l’amitié et du Droit à la philosophie, mais aussi Mai 68, qu’il considère comme une révolte nietzschéenne pour avoir mis fin à la Vérité "Une", révélée, en mettant en évidence la diversité de vérités, pour avoir fait disparaître les idéaux ascétiques chrétiens et fait surgir de nouvelles possibilités d’existence.

« Secouons l’historiographie qui fige depuis bien longtemps l’histoire de l’anarchisme dans une série de clichés méritant dépassement. La chronologie, les grands noms, les oeuvres, les faits et gestes, les anecdotes, les postures héroïques, tout cela sent bon le catéchisme à l’usage des militants - qui, d’ailleurs, en usent bien souvent en cléricaux et sans modération.
William Godwin en père fondateur ? Cela reste à démontrer... Proudhon, l’inventeur ? Sa pensée va bien au-delà, mais aussi bien en deçà, car elle n’économise pas une série de contradictions majeurs avec l’esprit libertaire : misogynie, antisemitisme, bellicisme, déisme un temps... Stirner ? Vraiment ? Lui dont L’Unique et sa propriété fut le bréviaire de Mussolini ? Et sans qu’on puisse, le texte en main, crier à l’erreur d’interprétation. Bakounine antimarxiste ? Sur la forme, et des querelles de personnes - dominer l’espace politique du moment - pas tant sur le fond. Par ailleurs, quels liens existent entre les assassinats de Ravachol et les douces communautés pédagogiques de Sébastien Faure ? La constellation anarchiste nécessite un fil rouge...
Là encore il s’agit de penser de manière dialectique en prenant des leçons de l’histoire et en réajustant la théorie à la lumière de la pratique : les conclusions de Kropotkine valent pour la Russie tsariste des chandelles de suif, certes, mais pas forcément pour l’Europe postmoderne du numérique. Aujourd’hui, les militants libertaires considèrent bien trop souvent le corpus anarchiste comme un chrétien celui des Pères de l’Eglise : vénération, respect, égard de petits garçons à l’endroit du grand-père. A la lettre, ils demandent aux lumières des bougies du XIXe siècle pour éclairer notre époque.
Je souhaite plutôt arrimer mon travail à ce qui manque dans les pages des histoires de l’anarchisme publiées ces temps-ci : celles qui intègrent Mai 68 et la suite. Non pas les faits mêmes, mais les idées qui les produisent, les accompagnent et en découlent : ainsi faut-il reconsidérer Henri Lefebvre et sa Critique de la vie quotidienne, relire le Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations de Raoul Vaneigem, reprendre Surveiler et punir de Foucault et Mille Plateaux de Deleuse et Guattari ou bien Empire de Michaël Hardt et Toni Negri. Sans que ces auteurs revendiquent une position libertaire, leurs travaux permettent plus et mieux une analyse anarchiste contemporaine que l’archive de Jean Grave, Han Ryner ou Lacaze-Duthierd… »

https://www.youtube.com/watch?v=AHNctsD9i2c


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