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CRIF : le roi est nu (suite)

posté le 07/04/18 par Dominique Vidal Mots-clés  antifa 

Mon article « CRIF : le roi est nu » a suscité une réponse de Tal Bruttmann. En voici le texte, suivi de mes commentaires.

MES COMMENTAIRES

Charles Enderlin attire mon attention sur un texte d’un certain Tal Bruttmann, qu’il publie sur sa page Facebook. Cet « ami » critique le texte intitulé « CRIF : le roi est nu » que j’ai publié sur le site de « Là-bas si j’y suis » (voir ma page Facebook en date du 29 mars. Il y voit un « morceau de bravoure pas piqué des vers ».

1) J’écris : « Depuis la Seconde Guerre mondiale, c’est la première fois qu’on tue des Juifs en tant que Juifs. » Tal Bruttman me reproche d’oublier Copernic et la rue des Rosiers. Sauf, cher ami, que ces deux attentats furent, comme vous le notez d’ailleurs vous-même, l’œuvre de terroristes étrangers. Moi, je parlais de Juifs français tués par des Français.

2) J’écris : « Quoiqu’il en soit, l’essentiel tient au vécu subjectif des événements. Et ces meurtres en série y pèsent naturellement plus que toutes les données objectives. » Tal Bruttmann me reproche la formule « vécu subjectif ». C’est un contre-sens, cher ami : si vous relisez mon article, vous verrez que j’utilise cette formule pour équilibrer les résultats des enquêtes et des statistiques officielles, qui toutes concluent au recul de l’idéologie antisémite comme des actes anti-Juifs. Et je fais remarquer que ces données objectives se heurtent au traumatisme représenté, dans la subjectivité des nombre d’entre nous, par l’assassinat de plusieurs Juifs.

3) J’écris, en substance, que les meurtres perpétrés par Merah à l’école juive de Toulouse et par Coulibaly à l’Hyper Casher « ont un caractère antisémite indéniable », plus que les autres. Dans le cas de Sarah Halimi, la justice a hésité longtemps avant d’invoquer un motif antisémite. Dans celui de Mireille Knoll, elle l’a invoqué, mais plusieurs confrères spécialisés en doutent : je renvoie Tal Bruttmann à l’enquête de « L’Express » de cette semaine. Je ne vois sincèrement pas en quoi il serait scandaleux de s’interroger sur la complexité des motifs des meurtriers, dont l’état mental pose notamment problème. C’est vrai aussi des djihadistes. Quant à Soral, il a été plusieurs fois condamné – à juste titre - pour antisémitisme, même si le dernier jugement lui a été favorable.

4) Tal Bruttmann a évidemment le droit de ne pas croire aux enquêtes de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) et aux statistiques du ministère de l’Intérieur – qui font, je le lui signale, l’objet de consultation avec un organisme de protection de la communauté juive. Reste que ce sont les seules références officielles et sérieuses que nous puissions invoquer, et que les unes comme les autres concluent au recul de l’antisémitisme sur la longue période. Sur l’idéologie antisémite, un exemple suffit : « Le sentiment que les Juifs sont des “Français comme les autres”, partagé par un tiers des personnes interrogées par l’Ifop en 1946, atteint soixante-dix ans plus tard 89 %, soit une proportion supérieure de 8 points à celle observée pour les musulmans […] de 30 points comparée à celle des Roms ». Cela n’empêche pas, je le montre longuement dans mon article, la persistance de préjugés antisémites. Quant aux actes racistes, même en 2017, la décrue s’est poursuivie : 121 faits antimusulmans (- 34,5 %), 311 faits antijuifs (- 7,2 %) et 518 autres faits racistes (- 14,8 %). Et l’on mesure bien que ces chiffres ne représentent qu’une infime partie des actes de violence recensés en France.

5) Enfin Tal Bruttmann s’étonne, pour conclure, que j’évoque un « un grand écart entre la réalité et sa perception ». Comment parler de pourcentages et de chiffres, aussi objectifs soient-ils, à des hommes et à des femmes traumatisés par les meurtres de Juifs ? Et pourtant, je crois qu’il le faut : l’indispensable mobilisation contre l’antisémitisme, comme contre tous les racismes exige à la fois détermination, unité et sang froid. Non, nous ne sommes pas dans l’Allemagne de 1932.

Je devrais m’arrêter là. Mais la critique de Tal Bruttman est suivie de commentaires en forme de lynchage contre moi. On me diffame en me présentant comme antisémite. Voyons ! Un père survivant d’Auschwitz et une mère cachée par les protestants du Chambon-sur-Lignon auraient élevé un antisémite ?!? La honte de soi, sans doute, selon ces Sigmund du pauvre ? Pour le prétendre, certains « amis » de Tal Bruttmann – ou de Charles Enderlin – se ridiculisent en faisant assaut d’analphabétisme. La palme revient à celui qui me reproche d’avoir écrit un livre intitulé « Les Historiens allemands relisent la Shoah » : qu’il sache que ce livre a été présenté dans « Le Monde » par Annette Wieviorka. Une antisémite, elle aussi ?

D. V.


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