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Les renégats de mai 68

posté le 13/04/18 Mots-clés  répression / contrôle social  antifa 

Daniel Cohn-Bendit et Alain Geismar, têtes de gondole de Mai 68, avaient promis de ne pas s’exprimer à l’occasion du cinquantième anniversaire de cet événement. Ils n’ont pas pu s’empêcher de le faire collectivement dans un entretien avec Michel Wieviorka pour la revue Socio.

Ils voient dans Mai 68 ce qu’ils appellent trois dimensions : la dimension sociale, c’est-à-dire la grève générale qui a abouti aux accords de Grenelle, la dimension culturelle, « cette envie de vivre différemment » et la dimension révolutionnaire.

Pour les deux premières dimensions, le bilan leur semble positif. Mai 68 a permis d’entrer dans la « modernité culturelle et sociale », incarnée pour eux par Emmanuel Macron dont ils ont soutenu la candidature.

En ce qui concerne la dimension révolutionnaire, nos deux compères font un rapide mea-culpa, puis tombent à bras raccourcis sur « l’idéologie gauchiste révolutionnaire ». Cohn-Bendit estime que, de 1968 à 1974-1975, il est tombé dans le piège de la « révolution possible ». Geismar, qui a adhéré au Parti socialiste, dilue sa désertion en constatant que le P.S. tel qu’il l’a connu « avait absorbé énormément d’anciens militants gauchistes ».

Ceux qui ont trahi leurs idéaux de jeunesse trouvent généralement comme excuse qu’ils ne sont pas les seuls, que c’est une évolution normale.
Ils se trompent. Des révolutionnaires qui continuent de croire à l’édification d’une société libre et sans classes, ni riches ni pauvres, il y en a encore. Pour eux Mai 68 n’est pas mort. Ils ne participent pas à son enterrement. Ils n’ont pas déserté. Ils peuvent encore se regarder dans la glace et reconnaître les jeunes gens enthousiastes qu’ils étaient il y a cinquante ans. Ils savent aussi qu’ils ont été rejoints par d’autres qui partagent leurs convictions.

Loin d’incarner la modernité sociale, nos deux « renégats » sont les véritables « croulants ». « Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi », disait-on en Mai 68. Cohn-Bendit et Geismar sont les dignes représentants de ce vieux monde fait d’injustices sociales, d’inégalités et de guerres.

Nous qui croyons encore en la révolution, nous qui étions en 1968 et dans les années suivantes des militants discrets mais actifs, nous leur dénions le droit de parler en notre nom. Conseiller Macron dans sa « casse sociale » leur suffira.


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