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L’islamophobie en milieu libertaire : un mal à combattre et à éradiquer

posté le 26/04/18 par A Mots-clés  antifa 

Le militantisme anarchiste et autonome, encore aujourd’hui, réserve bien des mauvaises surprises aux militant-e-s non-blanc.he.s qui l’animent. En effet, le racisme solidement implanté dans la société française ne s’arrête pas aux portes des mouvements révolutionnaires. On peut dire que la gauche et l’extrême-gauche participent activement au déploiement de celui-ci au sein des luttes auxquelles nous prenons part. Les actes visant les personnes concernées par le racisme des institutions républicaines se traduisent par du paternalisme, des relents colonialistes très forts ainsi qu’un rejet plus ou moins conscient, structuré ou avoué des mouvements autonomes issus des immigrations non-européennes.

L’islamophobie a évidemment la part belle dans cette oppression des minorités ethniques et religieuses. Sous couvert d’un combat légitime contre les religions et le cléricalisme, la stigmatisation des personnes musulmanes ou assignées musulmanes apparaît comme une attitude positive, saine, voire quasiment obligatoire. Notre but en écrivant ce texte est de montrer que l’athéisme militant n’a aucune légitimité à s’attaquer aux communautés issues de l’immigration en prenant le prétexte de leurs supposées croyances et pratiques spirituelles.

Le racisme systémique est aujourd’hui beaucoup trop pris à la légère par les organisations et groupes de la gauche « révolutionnaire » française. Il est indispensable de rappeler que celui-ci est une oppression visant les personnes non-blanches, non-européennes, non-chrétiennes et non-athées. Cela s’est manifesté dans l’histoire de l’humanité par l’esclavage des Noirs en Afrique et dans les Caraïbes, le colonialisme et son système d’exploitation et de destruction des populations indigènes en Asie du Sud-Est, au Proche/Moyen-Orient ainsi qu’en Afrique du Nord, sans oublier le génocide des populations juives et tsiganes, dont on connaît la participation de la France à travers le collaborationnisme. La République a toujours joué un rôle de premier plan dans la mise en place et la perpétuation de ces systèmes d’exterminations massives. La volonté de l’État français et des pays occidentaux de soumettre les non-blanc.he.s n’a aujourd’hui aucunement disparu. Le néo-colonialisme est plus que jamais d’actualité. On le voit notamment à travers la tutelle monétaire que représente le Franc CFA dans plusieurs pays d’Afrique Subsaharienne, de même qu’à travers les interventions militaires ayant lieu dans ces mêmes pays ou en Afghanistan, en Syrie, en Iran, etc.

Si tous ces éléments renvoient à des réalités politiques concrètes, il est indécent de contrer cela en agitant des idées totalement grotesques comme celle du « racialisme » ou pire encore, du « post-modernisme ». Prétendre que le concept de race ainsi que la hiérarchie qui en découle auraient été inventés par les anti-racistes elles et eux-mêmes est la preuve d’une extraordinaire stupidité de certain-e-s militant-e-s blanc.he.s par rapport aux enjeux de l’anti-racisme. Les oppressions de races ne sont pas l’œuvre de celles et ceux qui les subissent, de la même façon que d’aucune manière les oppressions de genre seraient à imputer aux personnes femmes et assignées femmes.

Le sport favori de certain-e-s militant-e-s en particulier anarchistes est d’accepter et encourager le racisme anti-musulman.e.s en prétendant s’attaquer aux religions, sans jamais essayer de comprendre leurs places respectives et distinctes au sein de la société. Ces individus sont en effet convaincus que les religions sont aujourd’hui encore au pouvoir en France, alors même que nous vivons dans un pays laïc depuis 1905. Pire, ces personnes tentent de nous faire croire que l’Islam et dans une moindre mesure le Judaïsme auraient aujourd’hui un contrôle des institutions de la République, en véhiculant l’idée selon laquelle le PIR, les Frères Musulmans, les ayatollahs iraniens ou carrément l’État Islamique noyauteraient les organisations d’extrême-gauche.

Ce complotisme infâme se heurte à une réalité différente sur toute la ligne : les musulman-e-s représentent aujourd’hui moins de 7% de la population française totale. De même, l’Islam ne dispose aujourd’hui d’aucune structure étatique qui lui attribuerait un quelconque pouvoir politique. Les seules organisations existantes telles que le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM), l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) ou encore le Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF) ne sont que des porte-parolats. Elles ne reçoivent évidemment aucune subvention de l’État ni aucun appui institutionnel. Par conséquent, une soi-disant islamisation des luttes prolétariennes est à des milliards d’années-lumières de la réalité militante. Si des individus ont la volonté de combattre le cléricalisme et l’intégrisme, qu’ils s’en prennent aux mouvances catholiques traditionalistes qui sont sur tous les fronts réactionnaires tels que La Manif Pour Tous, les anti-IVG et qui rêvent d’un retour à la France d’antan dirigée par l’Église et ses curés.

Rien ne justifie aujourd’hui la stigmatisation des minorités religieuses ou perçues comme telles par des courants de l’anarchisme réactionnaire, qui font en réalité preuve d’un racisme et d’une nostalgie coloniale véhiculant des clichés infâmes comme ceux de l’invasion musulmane et migratoire.


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