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Le Dieu de la Bible : injuste, jaloux, cruel, raciste, génocidaire

posté le 07/05/18 par ACQUES VAN RILLAER Mots-clés  antifa 

Réponse aux 300 racistes qui ont signé l’appel contre le « nouvel antisémitisme » qui fait porter à l’islam la responsabilité de l’antisémitisme sans le moindre regard critique sur notre responsabilité judéo-chrétienne.

La Bible est vénérée par des milliards de croyants, parmi lesquels très peu ont lu attentivement tout ce qui s’y trouve. Nous citons ici quelques passages du magistral ouvrage de Steve Pinker sur l’histoire de la violence chez les humains. Ces passages concernent la violence dans la Bible des Hébreux, l’Ancien testament des chrétiens. Le dieu qui y est décrit apparaît sinistre.

« Comme les œuvres d’Homère, la Bible hébraïque (l’Ancien Testament) se déroule à la fin du deuxième millénaire avant notre ère, tout en ayant été rédigée plus de cinq cents ans plus tard [1]. Mais contrairement aux œuvres d’Homère, la Bible est aujourd’hui vénérée par des milliards de personnes qui y voient la source de leurs valeurs morales. Livre le plus vendu au monde, la Bible a été traduite en trois mille langues et se retrouve sur les tables de chevet des hôtels partout dans le monde. Les juifs orthodoxes l’embrassent de leur châle de prière ; devant les cours de justice américaines, les témoins prêtent serment en posant une main dessus. Même le président la touche lorsqu’il prête serment à son entrée en fonctions. Mais en dépit de toute cette révérence, la Bible n’est qu’une longue célébration de la violence.

Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. L’Éternel Dieu forma l’homme de la poussière de la terre, il insuffla dans ses narines un souffle de vie et l’homme devint un être vivant. Et l’Éternel Dieu prit une côte d’Adam, et il en forma une femme. Adam donna à sa femme le nom d’Ève ; car elle a été la mère de tous les vivants. Adam connut Eve, sa femme ; elle conçut et enfanta Caïn. Cependant, Caïn adressa la parole à son frère Abel ; mais, comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua. Avec une population mondiale de quatre habitants au total, cela fait un taux d’homicide de 25%, c’est-à-dire environ mille fois plus élevé que dans les pays occidentaux de nos jours.

À peine les hommes et les femmes ont-ils commencé à croître et se multiplier que Dieu décide qu’ils sont des pécheurs et que le seul châtiment approprié est le génocide. (Dans un sketch de Bill Cosby, un voisin de Noé lui demande pourquoi il construit une arche. Noé lui répond : “Combien de temps crois-tu pouvoir marcher sur l’eau ?”) Lorsque les flots se retirent enfin, Dieu prodigue à Noé une leçon de morale, en l’occurrence le code de la vengeance du sang par le sang : “Si quelqu’un verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé.”

La figure majeure suivante de la Bible est Abraham, père spirituel des juifs, des chrétiens et des musulmans. Abraham a un neveu du nom de Loth, qui s’établit à Sodome. Comme les habitants de la ville s’adonnent au coït anal et à d’autres péchés comparables, Dieu immole chaque homme, chaque femme, chaque enfant dans une attaque au napalm divine. La femme de Loth, dont le crime est de se retourner pour contempler ce brasier infernal, est également mise à mort.

Les valeurs morales d’Abraham sont mises à l’épreuve lorsque Dieu lui ordonne d’emmener son fils Isaac au sommet d’une montagne, de lui lier les mains, de l’égorger et de brûler son corps en guise de sacrifice. Isaac n’est épargné que parce qu’au dernier moment, un ange vient arrêter la main du père. Pendant des millénaires, les lecteurs se sont interrogés pour savoir comment Dieu pouvait insister sur une mise à l’épreuve aussi horrible. Une des interprétations est que Dieu est intervenu non parce que Abraham a réussi l’épreuve, mais parce qu’il y a échoué. Or, ce point de vue est anachronique : la vertu cardinale était alors non pas la préservation de la vie humaine, mais l’obéissance à l’autorité divine.

Jacob, fils d’Isaac, a une fille, Dinah, qui est enlevée et violée — apparemment une façon coutumière de faire la cour, dans la mesure où la famille du violeur propose ensuite d’acheter Dinah à sa famille pour en faire la femme de celui-ci. Les frères de Dinah expliquent alors qu’un important principe moral s’y oppose : le violeur n’est pas circoncis.

Ils font donc une contre-proposition : si tous les hommes de la ville dont est originaire le violeur se font circoncire, Dinah sera à eux. Profitant du fait que les hommes, le pénis encore sanguinolent, sont diminués par leur circoncision récente, les frères de Dinah envahissent la ville, la pillent et la détruisent, massacrent les hommes et emportent femmes et enfants. Lorsque Jacob s’inquiète du fait que les tribus voisines pourraient se livrer à des représailles, ses fils lui expliquent que le risque en valait la peine : “Pouvions-nous laisser traiter notre sœur comme une prostituée ?” [2] Peu de temps après, ils font de nouveau étalage de leur sens des valeurs familiales en vendant leur frère Joseph comme esclave.

Les descendants de Jacob, les Israélites, finissent par arriver en Égypte et deviennent trop nombreux au goût de Pharaon. Il décide de les réduire en esclavage et ordonne qu’on tue tous les garçons à la naissance. Moïse échappe à l’infanticide de masse et devient plus tard celui qui demandera à Pharaon de laisser partir son peuple. Dieu, dans son omnipotence, aurait pu adoucir le cœur de Pharaon, mais au lieu de cela l’endurcit, ce qui lui donne une raison d’affliger chaque Égyptien de douloureux furoncles et d’autres fléaux, avant de faire mourir tous leurs fils premiers-nés. (Le mot Pessa’h — la Pâque, Passover en anglais — renvoie au fait que l’ange exterminateur est passé au-dessus des maisons abritant des premiers-nés israélites.) À ce massacre, Dieu en fait succéder un autre, en noyant l’armée égyptienne qui s’est lancée à la poursuite des Israélites à travers la mer Rouge.

Les Israélites se rassemblent près du mont Sinaï et écoutent les Dix Commandements, le grand code moral qui proscrit de graver des images et de convoiter le bétail de son voisin, mais donne un blanc-seing à l’esclavage, au viol, à la torture, à la mutilation et au génocide de tribus voisines. Les Israélites s’impatientent en attendant que Moïse revienne avec une version étendue des Tables de la Loi, qui prescrivent la peine de mort pour le blasphème, l’homosexualité, l’adultère, le manque de respect envers les parents et le fait de travailler le jour du shabbat. Pour passer le temps, ils idolâtrent la statue d’un veau, péché passible, vous l’avez deviné, de la peine de mort. Obéissant aux ordres de Dieu, Moïse et son frère Aaron tuent trois mille de leurs compagnons.
Dieu consacre ensuite sept chapitres du Lévitique à instruire les Israélites sur la façon dont il convient de procéder au sacrifice rituel du flot incessant d’animaux qu’il réclame d’eux. Aaron et deux de ses fils préparent l’autel pour la cérémonie, mais les fils se mélangent les pinceaux et utilisent le mauvais encens ; Dieu les punit en les dévorant par le feu.

Quand les Israélites se remettent en marche en direction de la Terre promise, ils tombent sur les Madianites. Obéissant aux ordres de Dieu, ils tuent les hommes, brûlent leur cité, pillent le bétail et enlèvent les femmes et les enfants. Lorsqu’ils reviennent vers Moïse, celui-ci leur reproche, furieux, d’avoir épargné les femmes, dont certaines avaient poussé les Israélites à adorer d’autres dieux. Il intime alors à ses soldats l’ordre de parachever le génocide et de se récompenser en s’appropriant de jeunes et nubiles esclaves sexuelles qu’ils peuvent violer à leur guise : “Maintenant, tuez tout mâle parmi les petits enfants, et tuez toute femme qui a connu un homme en couchant avec lui ; mais laissez en vie pour vous toutes les filles qui n’ont point connu la couche d’un homme” [3].

Dans les chapitres du Deutéronome, Dieu indique aux Israélites la conduite générale à tenir vis-à-vis des cités qui n’acceptent pas leur prééminence : passer tous les mâles au fil de l’épée, mais prendre pour soi les femmes, les enfants, le bétail. Bien sûr, un homme doté d’une nouvelle et ravissante captive se heurte à un problème : étant donné qu’il vient d’assassiner ses parents et ses frères, elle ne se trouve peut-être pas dans les meilleures dispositions amoureuses à son égard. Qu’importe ! Dieu a anticipé ce léger désagrément et propose la solution suivante : son détenteur doit lui raser la tête, lui couper les ongles et l’enfermer dans sa maison durant un mois, le temps qu’elle pleure toutes les larmes de son corps. Ensuite, il peut entrer dans la pièce et la violer.

Pour une liste d’autres ennemis désignés (Hittites, Amorrites, Cananéens, Phérésiens, Héviens et Jébuséens), le génocide doit être total : “Tu ne laisseras en vie rien de ce qui respire ; car tu les détruiras entièrement comme un anathème, [...] comme l’Éternel, ton Dieu, te l’a commandé.” [4]

Josué met en pratique cette injonction lorsqu’il envahit le pays de Canaan et met à sac Jéricho. Après l’effondrement des murs de la ville, ses soldats “détruisirent entièrement, par le tranchant de l’épée, tout ce qui était dans la ville, et homme et femme, et enfant et vieillard, les bœufs, les moutons et les ânes” [5]. Mais ce n’est pas encore assez de terre brûlée : Josué “frappa tout le pays, la montagne, le midi, la plaine et les coteaux, et il en frappa tous les rois ; il ne laissa échapper personne ; et il défit à la façon de l’interdit toutes les personnes vivantes, comme l’Éternel le Dieu d’Israël l’avait commandé” [6].

La phase suivante de l’histoire des israélites est l’ère des juges, c’est-à-dire, en réalité, des chefs de tribu. Le plus célèbre d’entre eux, Samson, assoit sa réputation en tuant trente hommes durant son banquet de mariage, parce qu’il a besoin de leurs habits pour honorer une dette après un pari perdu. Lorsqu’il s’aperçoit, en revenant chercher sa femme, que celle-ci a été donnée à un autre homme par son père, il boute le feu aux cultures des Philistins. Livré ensuite à ces derniers, il parvient à défaire ses liens et en massacre un millier avec une mâchoire d’âne. Lorsqu’il est finalement capturé et qu’on lui crève les yeux, Dieu lui donne la force de perpétrer une attaque-suicide un peu à la manière du 11 Septembre, en faisant s’écrouler un immense temple qui ensevelit les trois mille hommes et femmes qui y sont rassemblés pour une cérémonie rituelle.

Saül, premier roi d’Israël, établit un petit empire, ce qui lui donne l’occasion de régler un vieux contentieux. Quelques siècles plus tôt, les Israélites avaient été harcelés lors de leur exode d’Égypte par les Amalécites, et Dieu leur avait ordonné d’“effacer la mémoire d’Amalec de dessous les cieux”. De fait, lorsque Samuel procède à l’onction de Saül en tant que roi d’Israël, il lui rappelle l’instruction divine : “Va maintenant, frappe Amalec, et détruisez entièrement tout ce qui lui appartient : tu ne l’épargneras point, et tu feras mourir hommes et femmes, enfants et nourrissons, bœufs et brebis, chameaux et ânes [7]. Saül exécute l’ordre, mais Samuel est furieux d’apprendre que Saül a épargné le roi des Amalécites, Agag. Alors, “Samuel mit Agag en pièces devant l’Éternel”.

Saül finit par être renversé par son gendre David, qui incorpore les tribus du royaume de Juda au sud, conquiert Jérusalem et en fait la capitale d’un royaume qui durera quatre siècles. Il allait être célébré par des récits, chants et sculptures, et l’étoile à six branches qui porte son nom symbolise son peuple depuis trois mille ans. Les chrétiens eux aussi allaient le vénérer en tant que préfigurateur du Christ.
Mais dans la Bible des Hébreux, David n’est pas uniquement le “doux chantre d’Israël”, le poète subtil qui joue de la harpe et compose des psaumes. Après s’être fait un nom en tuant Goliath, David recrute un gang de guérilléros, soulage certains de ses compatriotes de leurs richesses à la pointe de l’épée et guerroie en tant que mercenaire aux côtés des Philistins. Ces exploits excitent la jalousie de Saül : à sa cour, les femmes chantent “Saül a tué ses milliers, et David, ses dizaines de milliers”. Saul ourdit un complot pour le tuer [8]. David en réchappe de justesse avant de se livrer avec succès à un coup d’État.
Lorsque David devient roi, il reste fidèle à sa réputation, acquise de haute lutte, de ne pas hésiter à massacrer par dizaines de milliers. Après avoir envoyé son général Joab “ravager le pays des fils d’Ammon”, David “fit sortir les habitants, et il les mit en pièces avec des scies, des herses de fer et des haches” [9]. Il parvient finalement à faire quelque chose que Dieu ne cautionne pas moralement : il ordonne qu’on procède à un recensement de la population. Afin de punir David pour ce faux pas, Dieu tue soixante-dix mille de ses sujets.

Au sein de la famille royale, sexe et violence sont indissociables. Un jour, en se promenant sur les toits de son palais, David aperçoit une femme nue, Bethsabée, et se rince l’œil. Il faut dire que ce qu’il voit lui plaît beaucoup ! Il s’empresse alors d’envoyer le mari de celle-ci se faire tuer au combat et ajoute la belle à son harem. Plus tard, le fils aîné de David viole sa propre demi-sœur, avant d’être tué en guise de vengeance par son frère cadet. Le redresseur de torts, Absalon, lève une armée et tente d’usurper le trône de David en couchant avec dix de ses concubines. (Comme d’habitude, rien n’est dit de la façon dont les concubines ont vécu cet épisode.) Alors qu’Absalon fuit les troupes de David, ses cheveux s’emmêlent dans un arbre, et un général de David en profite pour percer son cœur de trois lances. Or, cela ne met pas fin aux querelles familiales. Bethsabée profite du grand âge du roi David pour le convaincre d’adouber leur fils Salomon comme successeur sur le trône. Lorsque l’héritier légitime, Adonias, le fils survivant le plus âgé de David, manifeste son désaccord, Salomon le fait tuer. [...]

La Bible dépeint un monde qui, vu par des yeux modernes, est d’une sauvagerie stupéfiante. Les gens réduisent en esclavage, violent, assassinent des membres de leur famille proche. Les chefs de guerre massacrent des civils de façon indiscriminée, y compris des enfants. Les femmes sont achetées, vendues, enlevées comme objets sexuels. Quant à Jéhovah, il torture et massacre hommes et femmes par centaines de milliers pour simple désobéissance ou même sans aucune raison. Ces atrocités ne sont ni des cas isolés ni des mystères. Elles impliquent toutes les principales figures de l’Ancien Testament, celles que les enfants dessinent au crayon de couleur à l’École du dimanche. Et elles se prolongent tel un fil rouge à travers les millénaires, d’Adam et Eve à Salomon et au-delà, en passant par Noé, les patriarches, Moïse, Josué, les Juges, Saul et David. Selon l’exégète biblique Raymund Schwager, la Bible des Hébreux “contient plus de six cents passages explicitement consacrés à des pays, à des rois ou à des individus qui en attaquent, en détruisent ou en massacrent d’autres. [...] En plus du millier de versets où Jéhovah lui-même apparaît comme l’administrateur direct de châtiments violents, et des nombreuses occurrences où le Seigneur livre le criminel au glaive de ses punisseurs, on recense plus de cent autres passages où Jéhovah donne l’ordre catégorique de tuer autrui” [10]. [...]

La bonne nouvelle est, bien entendu, que la plupart de ces événements ne se sont jamais produits. Non seulement il n’existe aucune preuve que Jéhovah ait submergé le globe et réduit en cendres ses cités, mais les patriarches, l’Exode, la conquête et le royaume d’Israël sont presque certainement des fictions. Les historiens n’ont retrouvé aucune trace dans les écrits des Égyptiens du départ d’un million d’esclaves (un événement qui aurait difficilement pu leur échapper), pas plus que les archéologues n’ont retrouvé des preuves, dans les mines de Jéricho ou des villes environnantes, d’une mise à sac qui aurait eu lieu autour de 1200 avant notre ère. Et s’il existait un empire davidien s’étendant de l’Euphrate à la mer Rouge au début du premier millénaire avant notre ère, personne à cette époque ne semble l’avoir remarqué [11]. Les chercheurs bibliques modernes ont établi que la Bible est un wiki. Elle fut compilée au cours d’un demi-millénaire par des rédacteurs recourant à différents styles, dialectes, noms de personnages et conceptions de Dieu, et fut soumise à un processus de révision chaotique qui la laissa truffée de contradictions, de doublons et d’incohérences. [...]

Si vous pensez qu’en passant en revue le contenu littéral de la Bible des Hébreux, je cherche à attaquer les milliards de personnes qui la révèrent encore de nos jours, vous vous méprenez sur mes intentions. L’écrasante majorité des juifs et des chrétiens pratiquants sont, cela va de soi, d’honnêtes gens qui ne cautionnent ni le génocide, ni le viol, ni l’esclavage ou la lapidation en guise de sanction pour des peccadilles. Leur vénération si profonde de la Bible est celle qu’on porte à un talisman. Au cours des derniers millénaires et des derniers siècles, la Bible a été enjolivée, allégorisée, supplantée par des textes moins violents (le Talmud parmi les juifs et le Nouveau Testament parmi les chrétiens), ou bien discrètement ignorée. Et c’est celaque je voulais mettre en avant. Les sensibilités à l’égard de la violence ont tellement changé que de nos jours les croyants compartimentent leur attitude envers la Bible. Ils font semblant de la considérer comme la source de leurs valeurs morales, alors qu’en vérité, ils les tirent de principes bien plus modernes. »


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