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Les sionistes de Belgique et de France s’échinent à détourner l’attention des massacres commis par l’armée israélienne

posté le 13/09/18 Mots-clés  antifa 

L’image d’Israël – dont on dit parfois qu’elle est son bien le plus précieux – est gravement mal­menée : devant l’horreur des massacres délibérés et répétés de semaine en semaine à Gaza, même la complicité de la plupart des médias ne parvient plus sauver les apparences, et la hasbara du gouver­nement Netanyahou n’a plus prise sur rien. La marque Israël est devenue toxique, comme en témoigne notamment “l’affaire Portman”. Il était donc impératif pour les lobbies sioniste de faire diversion. Et le chantage à l’antisémitisme – pourtant usé jusqu’à la corde – reste leur arme favorite.

Une offensive (concertée ?) des milieux sionistes belges, français et britanniques est donc en cours.

En Belgique, une fois de plus, le psychodrame se déroule à l’Université Libre de Bruxelles, que les milieux sionistes accusent à intervalles plus ou moins réguliers de faiblesse via-à-vis des milieux négationnistes. Et une fois de plus aussi c’est le sénateur MR Jacques Brotchi qui agite les médias autant qu’il peut contre la venue cette semaine du cinéaste britannique Ken Loach, qui vient recevoir les insignes de docteur honoris causa que l’ULB a décidé de lui décerner.

« Ken Loach flirte avec l’antisémitisme dans sa haine obsessionnelle d’Israël ». C’est ce que prétendent cinq associa­tions juives belges s’opposant à la décision du Conseil académique de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) de le nommer docteur honoris causa le 26 avril. C’est ce que réfute le Conseil académique de l’ULB en maintenant sa décision, même si on sent que les thèses du lobby ont éveillé quelque chose chez le recteur.

Le Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB) estime que « l’Université Libre de Bruxelles ULB se déshonore en honorant Ken Loach », pas moins.
« Le président du CCOJB, Yohan Benizri, a déclaré : “La mise à l’honneur de Ken Loach dans les circonstances actuelles est au mieux une erreur inexcusable de l’Université Libre de Bruxelles, au pire une faute morale.”
Nous avons interpellé et multiplié les contacts avec l’ULB et son recteur Monsieur Yvon Englert pour expliquer que l’enjeu majeur pour notre collectif était de lutter contre la falsification de l’histoire de la Shoah à des fins de militantisme politique et la mise à l’honneur de Ken Loach malgré ce travers fondamental. Nous avions mis en garde l’Université contre le risque de se ridiculiser et de se déshonorer en n’écoutant pas la voix d’une large partie de la société civile ». Car non content de prétendre représenter tous les Juifs de Belgique, le CCOJB s’exprime même au nom de « la société civile ».

Le Centre Communautaire Laïc Juif (CCLJ), qui se montre de temps en temps plus mesuré, a embrayé, « en raison de l’obstination de Ken Loach à falsifier l’histoire de la Shoah à des fins politiques ». Il faut donc constater l’obsti­nation des organisations qui prétendent représenter les Juifs de Belgique (ou du moins la majorité d’entre eux) à dresser des rideaux de fumée entre l’opinion publique et les agissements criminels du gouvernement d’Israël.

L’outrance grandiloquente de leur position est toutefois rejetée par les signataires d’un appel émanant d’universitaires juifs, diffusé par l’Union des Progressistes Juifs de Belgique :

« Nous, anciens enfants juifs cachés, survivants du judéocide nazi, anciens étudiants et membres du corps académique ou scientifique de l’Université libre de Bruxelles (ULB) :

protestons contre ces graves accusations envers une personnalité qui, à travers son œuvre, n’a eu de cesse de lutter contre les injustices majeures de la société occidentale ;
félicitons le Conseil académique d’avoir maintenu sa décision malgré les pressions massives, au niveau des attaques de cinq organisations juives
Si rien ne permet de justifier ces allégations, il est évident qu’elles s’inscrivent dans la guerre médiatique et politique que livre Israël pour justifier sa politique illégale de domination dans son conflit avec le peuple palestinien. Nous regrettons d’autant plus ces accusations qu’elles pourraient faire penser que la majorité des Juifs participe à cette stigmatisation.

Or, il est manifeste que si en Belgique, jusqu’à présent, il n’y a que l’Union des progressistes juifs de Belgique (UPJB), qui a pris une position de soutien envers l’ULB, tant en Israël que dans le reste du monde, des organisations et des personnalités juives ont les mêmes positions que Ken Loach. Notamment concernant un des meilleurs moyens de favoriser une paix juste au Moyen-Orient : le combat non violent de la campagne BDS (Boycott–Désinvestissement–Sanctions) envers Israël.

Marc Abramowicz, ancien chercheur, fondateur d’Aimer à l’ULB,
Dr Barbara Abramowicz, pédiatre, diplômée de l’ULB
Fima Bratzlavsky, chargé de cours honoraire, ULB
Edna Braun, romaniste diplômée de l’ULB
Jacques Bude, professeur émérite ULB
Eric David, président du centre de droit international de l’ULB
Victor Ginsburgh, professeur honoraire ULB
Dr Maurice Haber, psychanalyste, diplômé de l’ULB
Henri Eisenddrath, professeur VUB, diplômé de l’ULB
Heinz Hurwitz, professeur émérite ULB
Léon Ingber, ancien doyen faculté de droit ULB
Adeline Liebman, sociologue, diplômée de l’ULB
Thérèse Liebmann, historienne, diplômée de l’ULB
Nicole Mayer, chef de travaux de l’ULB
Henri Roanne Rosenblatt, journaliste, diplômé de l’ULB
Michel Staszewski, chercheur invité ULB
Dr Elie Vamos, médecin, diplômé de l’ULB
Dr Esther Vamos, professeur émérite de l’ULB
Ce n’est pas tout : dans un autre texte, une série de personnalités liées à l’UBL dénoncent « un procès en sorcellerie » :

2017-2018 est, à l’ULB, l’Année des diversités. Un choix éthique clair face à la démultiplication des discriminations et des sectarismes, des exclusions et des fanatismes.

Il s’est exprimé aussi dans la désignation des quatre personnalités auxquelles seront remis les insignes de docteur honoris causa de l’Université : Siegi Hirsch, Ahmet Insel, Ken Loach et Christiane Taubira. Leur désignation exprime quatre volets différents d’un engagement constant contre l’injustice sociale et les discriminations, pour l’ouverture à l’autre à travers une solidarité sans frontières et sans rivages.

Depuis quelques semaines, une campagne de jour en jour plus violente a été lancée contre le choix du cinéaste britannique et ses promoteurs n’hésitent pas à parler de « la face hideuse » de Ken Loach et de « l’ignominie » de l’ULB. Leurs vraies raisons sont – assez malhabilement – déniées et ils invoquent en revanche des accusations d’antisémitisme et de négationnisme qui ne résistent pas à l’examen.

La première accusation porte sur une affaire vieille de plus de trente ans : la mise en scène par Loach en 1987 d’une pièce de théâtre du dramaturge socialiste Jim Allen Perdition. Cette pièce fut à l’époque déprogrammée avant la première 1.

Elle était inspirée de l’affaire Kastner qui eut un énorme retentissement en Israël dans les années 50. Rudolf Kastner, importante personnalité du parti travailliste Mapai, fit l’objet d’une campagne de dénonciations pour son rôle dans les négociations avec Eichmann et l’extermination des juifs hongrois au commencement de 1944. Après avoir été condamné en première instance par un tribunal israélien, il fut assassiné par un militant d’extrême-droite en 1957 puis innocenté par la Cour suprême d’Israël l’année suivante.

Les accusateurs de Loach présentent l’affaire comme si ce jugement avait définitivement établi la vérité historique sur cette affaire et que c’était pure malignité antisémite de l’avoir ultérieurement exhumée. Or il n’en est rien, la controverse, portant tant sur les faits que sur leur évaluation morale et politique, a été maintes fois relancée, notamment lors de la publication du livre Perfidy (1961) de Ben Hecht, important écrivain et scénariste juif américain et sioniste, dont il semble que Jim Allen se soit inspiré pour écrire sa pièce.

Quoi qu’il en soit, Ken Loach n’en est pas l’auteur et ce qu’il dit de l’affaire Kastner dans son interview à la revue Ballast en octobre 2017, correspond, quasiment mot pour mot, à ce que disait de « l’étrange M. Kastner » la philosophe Hannah Arendt dans son célèbre livre “Eichmann à Jérusalem”. Va-t-on à nouveau accuser cette dernière d’être antisémite ?

La deuxième accusation, reprise d’un article de The Guardian en septembre 2017, serait d’avoir donné une « légitimité fallacieuse » à la négation de l’Holocauste dans une interview à la BBC. Loach s’était certes alors exprimé avec confusion et maladresse mais, sur le fond, pourquoi passer sous silence huit mois plus tard la mise au point limpide qu’il avait adressée à ce journal : « Dans [cette] interview à la BBC, j’ai été interrogé à propos d’un discours que je n’avais pas entendu et dont je ne savais rien. Ma réponse a été sollicitée pour suggérer que je pensais qu’il était acceptable de questionner la réalité de l’Holocauste. Je ne le pense pas. L’Holocauste est un événement historique aussi réel que la guerre mondiale elle-même et ne doit pas être mise en doute. Selon les mots de Primo Levi : « Ceux qui nient l’Holocauste sont prêts à le refaire ». Les premières images horribles que j’ai vues à l’âge de neuf ans sont gravées dans ma mémoire comme c’est le cas pour toute ma génération. Je connais l’histoire de la négation de l’Holocauste, sa place dans la politique de l’extrême-droite et le rôle de gens comme David Irving 2. Insinuer que je pourrais avoir quelque chose en commun avec eux est méprisable. Un simple coup de téléphone aurait permis de clarifier ma position » 3.

Ces deux seules « pièces » des infamantes accusations d’antisémitisme et de négationnisme portées contre Ken Loach apparaissent dès lors comme un simple écran de fumée. Les vrais mobiles sont ailleurs : dans les engagements militants de Ken Loach en faveur de la cause palestinienne et au sein de la gauche travailliste, au côté de l’actuel leader du Labour, Jeremy Corbyn.

Dans un mouvement de dénégation indignée presque comique, les critiques de l’ULB rejettent l’idée que la question palestinienne intervienne ici le moins du monde. Même l’adhésion à la campagne BDS semble soudain trouver grâce à leurs yeux. Prenons en acte…

La situation politique en Grande-Bretagne, elle, est présentée sous un prisme grossièrement déformé, comme s’il s’agissait d’une vérité d’évidence que le Labour Party se trouvât submergé par l’antisé­mitisme, avec la complicité plus ou moins active de Jeremy Corbyn et sous les applaudissements de Ken Loach. Rappelons que depuis l’élection de Corbyn à sa tête à l’été 2015, le Labour a connu un essor spectaculaire, en adoptant une plate-forme résolument à gauche, en attirant de centaines de milliers de nouveaux adhérents, en s’affirmant comme la plus importante force dynamique et novatrice de la gauche européenne aujourd’hui. Pour ces raisons, il est l’objet d’une campagne incessante d’insultes et de diffamation.

Pour qui suit l’actualité politique britannique, il ressort que les adversaires de Corbyn font flèche absolument de tout bois. Leur (provisoirement) dernière trouvaille a consisté à lui attribuer la responsabilité des manifestations marginales d’antisémitisme au sein du Labour et des trop nombreux exemples de cécité, d’indifférence ou de complaisance à leur égard. Une chose est d’estimer, comme Corbyn l’a souligné lui-même, qu’il faut absolument mettre en œuvre toutes les dispositions nécessaires pour extirper toute forme de complaisance envers l’antisémitisme, autre chose est de s’associer à une campagne politique dirigée contre la gauche par des politiciens conservateurs, de vieux chevaux blairistes sur le retour et le Daily Mail , ce champion toutes catégories du racisme et de la xénophobie.

Il y a bien longtemps que de fausses accusations d’antisémitisme ont été instrumentalisées par rapport aux enjeux israélo-palestiniens. Cela devient visiblement aussi une arme pour chercher à discréditer la gauche européenne.

Tout cela étant dit, les engagements de Ken Loach par rapport à la Palestine ou à la politique britan­nique ne sont en rien intervenus dans le choix de l’ULB de lui décerner un honoris causa. Elle l’a fait pour honorer la personnalité qui a produit une telle œuvre cinématographique exceptionnelle et l’ode à la diversité qui la traverse.

Il faudrait que les détracteurs qui l’accusent de « haine obsessionnelle » à l’encontre des juifs expliquent comment il peut se faire qu’on n’en trouve pas la moindre trace dans les dizaines de films qu’il a réalisés. Toute son œuvre est au contraire un hymne à la solidarité et à la fraternité sociales et internationales, à l’esprit de lutte contre toutes les formes d’oppression et pour la justice sociale, à l’image du juif Sam Shapiro, l’attachant militant syndical du film Bread and Roses.

Bienvenue à l’ULB, Ken.

Signataires : Mateo ALALUF (Professeur honoraire à l’ULB), Bernard BELLEFROID (cinéaste), Joëlle BAUMERDER (Directrice de la Maison du Livre), Marta BERGMAN (cinéaste), Stéphane BISSOT (comédienne), Jacques-Henri BRONCKAERT (producteur), Walter BURNIAT (ancien Chef de Clinique Adjoint des Hôpitaux Universitaires de l’ULB), Catherine CHRISTOPHE (ancien Chef de Service de Radiologie de l’HUDERF), Vanja D’ALCANTARA (cinéaste), Fabrice DU WELZ (cinéaste), Frédéric FONTEYNE (cinéaste), Pierre GILLIS (Professeur honoraire à l’Université de Mons), Anne GREGOIRE (Professeure honoraire à la Faculté de Médecine de l’ULB), Claire GREGOIRE (Professeure honoraire de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’ULB), Laurent GROSS (Professeur à l’INSAS), Anne HERSCOVICI (Conseillère CPAS d’Ixelles), Heinz HURWITZ (Professeur honoraire à la Faculté des Sciences de l’ULB), Joachim LAFOSSE (cinéaste), Alain LAPIOWER (Président de l’Union des Progressistes Juifs de Belgique), Hugues LE PAIGE (journaliste), Pierre MARAGE (Professeur émérite et ancien Doyen de la Faculté des Sciences de l’ULB), Olivier MASSET-DEPASSE (cinéaste), Danièle MEULDERS (Professeure honoraire à l’ULB), David MURGIA (comédien), Robert PLASMAN (Professeur honoraire à l’ULB), Samuel TILMAN (cinéaste), Esther VAMOS (Professeure émérite à la Faculté de médecine de l’ULB), Jaco VAN DORMAEL (cinéaste), Jean VOGEL (Président de l’Institut Marcel Liebman)


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