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Partagée, guidée, transcendée : la masturbation n’est pas qu’un plaisir solitaire

posté le 24/09/18 Mots-clés  genre / sexualité 

A priori, quand on pense masturbation, ce n’est pas exactement l’aventure qui nous vient à l’esprit. Sans entrer dans des détails logistiques (êtes-vous plutôt nouilles tièdes ou banane bio, jet dentaire ou vibro high-tech ?), la plupart d’entre nous préfèrent considérer cette activité comme un pis-aller : mécanique, hygiénique, une tâche dont on se débarrasse au mieux dans une relative indifférence, au pire dans la culpabilité.

Notre efficacité s’y mesure en termes de rapidité, pas en termes d’intensité (imaginez si nous en faisions autant pendant les rapports à deux).

- Pourtant, aucun code pénal n’interdit d’utiliser la masturbation dans les rapports de couple. Qu’on affronte les défis d’une relation longue distance ou les conséquences d’une maladie, qu’on expérimente un retour de couches ou une chute de libido, ou plus positivement, qu’on souhaite étendre son répertoire sexuel ou son intimité avec l’autre, la masturbation peut constituer une option satisfaisante. Et pas seulement comme second choix ! Mais comme pratique à part entière, avec son vocabulaire, ses espaces de liberté et ses limites – une autre manière de prêter main-forte, sans utilisation systématique des organes génitaux.

(D’ailleurs, aussi romantique que soit l’idée d’un accès illimité au corps aimé, nous possédons toutes et tous des espaces de restriction : il est tout aussi raisonnable et naturel de bouder la pénétration vaginale que de refuser la sodomie ou le cunnilingus. Exactement de la même manière qu’on refuse la douleur, les galipettes en présence du chien, ou la brouette javanaise dans la chambre d’ami des beaux-parents. Personne ne donne tout, tout le temps.)

Partager la masturbation, donc – c’est-à-dire transgresser le tabou d’un onanisme secret, et dans la foulée, parce que le sexe est politique, légitimer la pratique. Si ça n’est plus obscène, si ça devient visible, alors on peut enfin se détendre. Et profiter. Ces masturbations partagées se produisent en présence du partenaire, qui peut jouer le rôle de voyeur (« je suis là, je regarde, je valide »), de pourvoyeur d’encouragements (« je t’écoute, je te parle, je commente »), ou de participant secondaire (« je te caresse en même temps, je t’embrasse, je stimule »). On peut toucher ou serrer les testicules, s’occuper de la lubrification, jouer avec la prostate, titiller le clitoris, pénétrer digitalement le vagin ou l’anus, utiliser des sex-toys, pincer les seins, lécher les coudes, limer les ongles... selon les préférences.


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