[projection-discussion] Stare into the lights

posté le 16/10/19
lieu : Acrata
adresse : Rue de la Grande Île 32, 1000 Bruxelles
Mots-clés  luttes sociales  luttes numériques / internet  projection / débat / concert 

– Projection de Stare into the lights, documentaire de Jordan Brown (2017, 1h 35min).
– Bouffe végan.
– Discussion à partir des questions et réflexions suscitées par le film.

Quelles sont les conséquences, à la longue, de vivre par procuration à travers l’ordinateur ? Et comment cela a-t-il déjà changé la manière dont nous réfléchissons, ressentons, apprenons, comprenons et mémorisons ?
Jamais en effet la technologie n’a été aussi prolifique, et organisé aussi intimement nos vies. Quelle part résiduelle de nos rapports au monde et avec nous-mêmes n’est pas encore médiatisée par un support numérique ? C’est là le mouvement dominant de notre époque : l’extraordinaire faculté de la technologie à parasiter les relations qui restructure de fond en comble la société – la totalité du vécu – à sa mesure. On ne pourrait manquer d’y voir une offensive majeure dans la guerre du pouvoir contre l’autonomie individuelle… À moins bien sûr de confondre les relations humaines et leur médiation technologique, la réalité et son image numérisée, etc.
La technologie rend possibles des rapports de force dont n’aurait jamais osé rêver l’autorité personnelle “classique”. Il suffit de songer au levier de pouvoir que représente le réseau internet mondial. Or, s’il est vrai que le pouvoir tend à s’exercer de manière plus impersonnelle, quasi imperceptible, par le craquement de l’éclair dans une fibre optique, il importe pour autant d’arracher la technologie à la sphère des machines, afin de révéler sa vraie nature de force sociale. Non seulement la technologie reflète les rapports de pouvoir qui la produisent mais, en outre, son introduction modifie les rapports sociaux d’une manière qui renforce le pouvoir (ou accroît le profit) de ceux qui en contrôlent l’emploi.
Il s’ensuit que l’offensive technologique lancée contre la liberté ne tient pas principalement au potentiel de contrôle de la société cybernétique. On pense ici à la transformation de nos moindres faits et gestes en informations. Ce sont les ressources morales, l’envie même de vivre libre qui sont prises d’assaut, au moins autant que la possibilité concrète de se révolter. Comme le milieu naturel d’antan, le paysage mental est haché au cutter sur des échelles de plus en plus vastes, à mesure que la technologie prolonge sa médiation dans l’esprit humain.
N’est-ce pas l’ultime fantasme caressé par tout État, toute autorité, obscurément : détrousser l’individu de sa capacité à penser contre ce monde en dehors d’une structure de pouvoir ?


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