Ces mouvements rassemblent des gens de toutes conditions, capitalistes et prolétaires, patrons et salariés, exploiteurs et exploités, dominants et dominés, tous unis pour remettre en question les institutions légales et l’autorité de l’État. Ce qu’ils considéraient auparavant comme allant de soi, leur devient maintenant insupportable et ils le manifestent bruyamment.
Si toutes ces personnes dont les intérêts objectifs sont fondamentalement opposés, dé-
fendent une cause commune, c’est qu’elles affirment avoir en commun certains caractères qui les différencient. Et, c’est parce qu’elles exaltent certains traits physiques,
historiques, culturels ou religieux, qui leur seraient propres et les distingueraient du
reste de l’humanité qu’elles affirment constituer un peuple.
Toutes les nations se sont ainsi constituées à partir d’a priori artificiels et toujours par opposition à d’autres peuples car ces traits distinctifs sont pour
eux sources de fierté et d’orgueil.
Or, l’histoire montre suffisamment que les populations sont sans cesse en mouvement, qu’elles sont en perpétuel remue-ménage et que leurs cultures ne cessent de se mélanger, empruntant sans cesse les unes aux autres et s’enrichissant ainsi. A l’époque moderne, ce mouvement s’accélère encore. La revendication par des groupes humains d’une identité particulière et de racines est donc une absurdité qui veut nous faire oublier que tous les êtres humains sont égaux et appartiennent à une même et unique humanité.
Toutes les cultures sont égales en dignité et appartiennent au patrimoine de l’humanité.
A ce titre, nous sommes tous également propriétaires (NDT : même si la propriété c’est le vol) et responsables de l’ensemble des cultures du monde.
C’est une illusion de penser que parce que le drapeau ou les uniformes de la police ou de l’armée sont différents, l’action de l’état serait différente et c’est un paradoxe insupportable qu’un mouvement qui prétend lutter contre l’oppression d’un état en vienne à revendiquer la création d’un nouvel État. Comme si changer de maître suffisait pour obtenir la liberté.