À 9h du matin, deux personnes ont été perquisitionnées à Mandres-en-Barrois. L’un est un habitant historique qui est né dans le village et y vit depuis toujours, l’une y habite depuis plusieurs années et son engagement est connu. L’un pour sa participation supposée à un rassemblement non-autorisé, l’autre, déjà perquisitionnée par trois fois, l’a été dans le cadre de l’instruction pour association de malfaiteurs. Tout le matériel informatique et téléphonique de ces deux personnes a été saisi ou copié sur place par les enquêteurs.
À peine cinq jours après la décision négative de la Cour de Cassation sur la levée des contrôles judiciaires le 28 novembre (sortirdunucleaire.org), et l’annonce par la Ligue des Droits de l’Homme de l’ouverture d’une commission d’enquête sur les violations des droits à Bure (ldh-france.org) les gendarmes reviennent impunément forcer les portes d’habitant.e.s et opposant.e.s au projet Cigéo, cherchant désespérément des preuves de culpabilité qui leur permettraient de remplir un dossier d’instruction en "Association de malfaiteurs" qui demeure décidément bien vide au regard des moyens considérables mis en œuvre pour le remplir (liberation.fr).
Après deux agriculteurs déjà poursuivis par le passé pour outrage ou complicité dans l’occupation du Bois Lejuc (grandest.confederationpaysanne.fr), ces perquisitions ciblent une nouvelle fois des personnes qui habitent le territoire et s’engagent contre ce projet d’enfouissement de déchets nucléaires qui ruinerait leur vie. Le simple fait d’habiter quelque part et de s’opposer à la destruction de son cadre de vie doit-il exposer à l’acharnement répressif et une possible inculpation ? "La lutte contre la poubelle de Bure doit être brisée à n’importe quel prix" disent des sources anonymes proches du dossier : la réalité sur le terrain de Bure l’illustre chaque jour davantage.
Après le maintien par la Cour de Cassation de contrôles judiciaires liberticides sur les personnes mises en examen dans le cadre de l’association de malfaiteurs, la stratégie d’asphyxie répressive de la lutte poursuit son déroulement, tel un impertubable rouleau compresseur : cette fois-ci ce sont des habitants historiques qui ont osé déposer des recours en justice contre l’Andra (pour protéger leur forêt communale), qui sont dans le viseur. Mais aussi des habitats historiques, comme la Maison de Résistance : ainsi le 5 décembre plusieurs personnes engagées dans l’association Bure Zone Libre, gestionnaire de la Maison de Résistance, sont convoquées à la gendarmerie dans le cadre de l’enquête pour "association de malfaiteurs". Elles craignent comme les autres de se retrouver dans le collimateur débridé du juge d’instruction Kevin Le Fur et du procureur pyromane Olivier Glady (Manif-est.info).
L’enquête d’instruction pour "association de malfaiteurs" légitime un cadre liberticide et punitif qui permet de tirer à vue sur tout ce qui remue (blogs.mediapart.fr), et d’attraper dans les mailles du filet toujours plus de personnes, de différentes sphères de la lutte. Alors même que des révélations médiatiques affirment que le dossier de 10 000 pages est bien inconsistant et que le Procureur Olivier Glady admet qu’il est possible "qu’à la fin il n’y ait pas assez d’éléments", l’enjeu réel de toute cette machinerie est-il de produire des preuves pour d’hypothétiques procès à venir au terme d’années de procédures coûteuses et infructueuses ou bien de mettre au pas un mouvement de lutte entier ?
La peine, ici, c’est avant tout la procédure elle-même !
La répression à Bure est un feuilleton policier sordide où les atteintes gravissimes aux droits élémentaires des personnes se multiplient, où les idées, l’engagement et la solidarité deviennent criminels.