Les événements récents, et plus généralement la situation répressive actuelle en Belgique, nous font réfléchir quant aux stratégies futures à adopter. Les techniques policières durant les manifestations ont évolué, contrairement aux stratégies militantes qui ont même parfois régressé. Pendant ce temps, d’anciennes stratégies militantes, telles que l’ouverture de squats et le sabotage, ont été relativement laissé de côté, tout comme du côté des gilets jaunes avec une baisse quant aux blocages et à la prise de ronds-points.
Les squats (mais aussi les espaces achetés) permettent la réouverture de lieux inhabités. Le nombre de personnes vivant à la rue et le nombre de logements inoccupés font froid dans le dos : c’est l’une des conséquences de notre système. De plus, des lieux ouverts peuvent également servir de lieux de rencontres, de QG, d’endroits où l’on se sent le bienvenu. Il est donc important d’en ouvrir et de les maintenir. Ils permettent de renouer l’entraide et la fraternité entre les personnes, dans une société qui nous replie sur nous-même et qui nous fait croire que nous sommes seuls et que l’on devra arriver à tout faire soi-même. Les gilets jaunes ont montré que peu importent les divergences politiques, nous pouvons faire beaucoup lorsque nous avons un ennemi commun, à condition de tisser des liens solides. La solidarité est ce qui a permis aux gilets jaunes de tenir, car peu importe le nombre, d’irréductibles restaient et étaient de plus en plus soudés. C’est pourquoi selon nous, recréer des lieux de vies où l’on se sent chez soi peu importe où nous allons est important, et peut être bénéfique au mouvement des gilets jaunes. Car que ce soit dans la dynamique de groupe qui ouvre le lieu, ou la solidarité entre les lieux afin de les maintenir, des liens seront tissés et nous en ressortirons encore plus fort tout en combattant ce système qui nous replie sur nous et nous fout à la rue. La différence entre squats et espaces achetés est que le squat amène d’emblée un autre rapport de force avec l’ordre dominant et les conséquences qui en découlent. Les maisons du peuple, centres sociaux, etc., sont des moyens de se (ré)approprier nos vies, nos pratiques, nos collectivités sur base de la rencontre et de la solidarité, en cassant les modes de vies imposés par l’ordre dominant, et de redéfinir nos existences par la pratique tout en ayant un apport concret face à un monde aliéné d’idéalismes. Les ronds-points et les blocages nous rapprochent également. Ce sont des endroits de franche camaraderie où l’on discute politique, où l’on partage des moments autour d’un barbec’, tout en essayant de pousser à bout le gouvernement, en leur faisant perdre de la thune, et en faisant souvent des bienfaits pour l’écologie. Ces lieux occupés, pris, bloqués peuvent devenir des formes de zad urbaine en essayant de les faire tenir le plus longtemps possible. C’est toujours un moyen, comme les squats, de se réapproprier des lieux, et ainsi, se réapproprier nos vies.
Enfin, viennent le sabotage et l’action directe, ils permettent aussi de nous rapprocher car ils nécessitent d’avancer avec un groupe dans lequel nous avons particulièrement confiance. Le sabotage peut s’attaquer à la publicité qui collabore avec ce système en essayant de nous pousser à acheter constamment. Il peut s’attaquer à des lieux de pouvoirs, aux infrastructures, à des lieux qui collaborent avec ce qui nous étouffe et nous empêche de vivre. Les actions directes et le sabotage sont des méthodes qui ont fait leurs preuves et permettent plus de discrétion. Ce sont des moyens de lutter activement et de pousser à bout nos oppresseurs.
La répression physique, psychologique mais aussi sociale et l’aliénation, s’immiscent dans le moindre de nos rapports humains et de nos pensées. Tout cela ne doit pas nous stopper : remettons en question nos pratiques, multiplions-les et ne baissons pas les bras.
Les gilets jaunes triompheront.