La déclaration qui suit nous parvient d’un membre du groupe activiste libanais "Kafeh" traduite de l’anglais.
" Les manifestations se poursuivent. Des affrontements ont eu lieu dans le nord du Liban et la municipalité de Tripoli a été brûlée.
La classe moyenne, représentée par certains groupes et les médias ont dépeint les participants à ces actions comme des extrémistes et des terroristes.
C’est pour cette raison que 60 jeunes hommes ont été arrêtés à leur domicile aujourd’hui (2/2/2021).
Des manifestations réclamant la libération des détenus se déroulent à Beyrouth et dans les villes de Tripoli et d’autres, tandis que de multiples affiches appelant à des manifestations sont diffusées dans toutes les grandes villes.
Quelques jours après que Tripoli ait choisi d’affronter ses oppresseurs, quelques jours après la chute de deux martyrs par les balles de tyrans, l’autorité avec son entourage de lèche-bottes et de professionnels des médias, durcissent leur attaque médiatique contre toute une région et sa population, sous prétexte de faire la lumière sur ce qu’elle appelle le "terrorisme".
L’autorité criminelle tremble, craignant son destin inévitable aux mains des travailleurs. Aujourd’hui, les chiens de sécurité ont été envoyés pour intimider et arrêter plus de 60 jeunes hommes, issus de régions et de milieux différents mais réunis par les conditions pénibles et les options limitées.
Des jeunes hommes qui ne voyaient qu’un seul ennemi à l’origine de leur détresse - ceux qui représentent l’autorité et son entourage, ceux de la classe corrompue qui se nourrissent de la fatigue des travailleurs quotidiens et de tous les groupes marginalisés, dont on ne se souvient que les jours d’élection et pour les mouvements populistes.
2500 LL, c’est le prix du pain, qui est absent des tables de beaucoup, depuis que les prix ont grimpé de plus de 67% - transformant le plus basique des aliments de base en un luxe pour de nombreux ménages. Le prix du pain a pratiquement triplé en peu de temps.
Que signifie l’incendie d’un bâtiment vide face à ceux qui maintiennent les gens chez eux sans aucune alternative ? Et lorsque des mesures ont été prises pour refléter cette peur, les chiens ont ouvert le feu directement sur les personnes sans défense.
Au milieu du silence des autres villes et d’aucune action directe témoignant d’une véritable solidarité, nous voyons les chiens autoritaires faire des raids dans les maisons des personnes et les criminaliser * sous l’accusation de faim * afin de semer l’intimidation et la peur.
Il est clair que cette autorité terroriste n’hésitera pas à utiliser toutes ses capacités pour dissuader les gens de s’exprimer. Elle se nourrira plutôt du silence des autres villes pour renforcer la désintégration des rangs des marginaux et des travailleurs.
Il est nécessaire de souligner avec cette bataille, une bataille qui est une lutte de classe. Et que la normalisation de l’atmosphère politique qui prévaut n’est rien d’autre qu’un obstacle à la capacité du peuple à atteindre ses objectifs.
Nous sommes main dans la main, face à la criminalité de cette autorité et de ses moutons représentés par les forces de sécurité d’abord, les médias dirigés par l’État et les capitalistes ensuite, et les flics fascistes en troisième lieu, avec tous leurs services secrets. Nous sommes solidaires de tous ceux qui ont décidé de rejeter l’injustice de l’autorité.
Peu importe la force des voix des idolâtres et des tyrans quand la faim frappe, les sanctuaires brûleront."
Depuis plus d’une semaine, la ville de Tripoli est devenue l’épicentre d’une nouvelle poussée insurrectionnelle au Liban. Plus de 300 blessés et deux manifestants morts n’ont pas fait taire cette colère. Le photographe Florient Zwein est sur place et nous a envoyé ses superbes photos, témoignage de la force et du courage d’un peuple qui n’abandonne jamais.