Communiqué de presse, 8 avril 2021
Occupation de La Monnaie :
La police coupe le micro des sans-voix,
mais nous ne nous laisserons pas réduire au silence
Le collectif de jeunes travailleurs.euses et étudiants.es du champ culturel qui occupe la Monnaie s’est vu saisir son matériel technique au moment où démarrait sa tribune quotidienne, destinée à faire entendre les voix des perdants et des invisibilisé.es de la crise... Quel message la Ville de Bruxelles veut-elle ainsi faire passer ?
Nous sommes un collectif de jeunes travailleurs.euses et étudiants.es du milieu culturel. Depuis près d’une semaine, nous occupons le Théâtre de la Monnaie et organisons chaque jour à 17h une tribune publique sur la place de la Monnaie. Nous y donnons la parole à celles et ceux qui, bien au-delà du secteur culturel, subissent de plein fouet les conséquences de la gestion politique de la pandémie. Ce faisant, notre but est d’interpeller le gouvernement sur le creusement vertigineux des inégalités.
Aujourd’hui, à la surprise générale, les agents de police ont procédé à la saisie administrative de notre matériel technique (micros et enceintes), rendant impossible le bon déroulement de l’événement public. Cette saisie est d’autant plus étonnante qu’elle s’est déroulée une fois le matériel technique installé, sous l’œil de la police, présente comme d’ordinaire, et alors que l’événement autorisé allait démarrer.
Malgré tout, l’action a continué, au mégaphone et sans amplification. Mais comment ne pas voir dans cette confiscation une atteinte directe à la liberté d’expression et de manifester ? Comment justifier cette confiscation, alors que chaque jour, cette tribune se déroule pacifiquement et dans le respect maximal des normes sanitaires ? Les autorités bruxelloises ne comprennent-elles pas que cette scène et ce micro ouverts constituent l’un des derniers espaces où la jeunesse et tous les “oubliés” de la crise, de plus en plus précarisés, peuvent encore se faire entendre, et alimenter le débat et la réflexion, alors même que l’urgence du débat démocratique se fait plus forte que jamais… ?
La Ville de Bruxelles justifie sa décision par le fait que des interventions artistiques et parfois musicales sont proposées dans le cadre de cette tribune, et que cela aurait entraîné “des débordements”... à savoir, quelques minutes de musique amplifiée au-delà des limites très strictes fixées par la police ! Nous revendiquons que la liberté d’expression est non seulement politique mais aussi artistique. Et pourtant, notre tribune quotidienne n’est pas un spectacle.
En cela, il nous a semblé essentiel qu’elle se poursuive malgré tout dans les prochains jours. Car, comme l’a dit Christine Mahy du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, dans son discours ce soir, sans micro : “Empêcher que la voix soit portée, c’est un problème. Je ne comprends pas pourquoi on empêche les échanges, pourquoi on empêche les prises de paroles diversifiées, pourquoi un fait d’hier où il y aurait eu un peu de musique sanctionne ce qui devait se passer aujourd’hui. Et je trouve que ça ressemble terriblement à ce qui se passe tout le temps par rapport à la pauvreté, à l’exclusion, à toutes les formes de discriminations qui sont en général dans notre société extrêmement cachées, extrêmement tues.”
Bezet la Monnaie Occupée.
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