Merde au Hamas. Merde à Israël. Merde au Fatah. Merde à l’ONU

Partout dans le monde, en en particulier au Moyen-Orient où les populations crèvent de ces guerres entre ces deux pôles du terrorisme international que sont le militarisme occidental et l’islamisme politique, des voix s’élèvent pour affirmer qu’elles en ont assez d’être prises en otages par les différentes fractions réactionnaires qui ensanglantent le monde.

Depuis toujours, et plus encore particulier depuis 2001 et l’invasion de l’Afghanistan suivie de l’occupation de l’Irak en 2003, nous avons toujours combattu les barbaries des différentes puissances impérialistes au Moyen-Orient sans soutenir les bandes réactionnaires islamistes ou nationalistes. Nous avons toujours mis en avant, au contraire, notre solidarité avec les organisations ouvrières, les mouvements de femmes et les luttes pour la liberté et l’égalité qui avancent au Moyen-Orient les mêmes aspirations à une vie meilleure que les luttes ouvrières d’Europe ou d’Amérique. Là, c’est depuis la Bande de Gaza, une de ces régions du monde où la population crève, derrière les murs de l’apartheid, des bombardements criminels du militarisme israélien, étouffe des exactions des bandes islamistes du Hamas, que s’élève un Manifeste de la jeunesse de Gaza qui commence par ces mots :

« Merde au Hamas. Merde à Israël. Merde au Fatah. Merde à l’ONU et à l’Unrwa. Merde à l’Amérique ! » pour finir par cette aspiration, « Nous voulons être libres, nous voulons vivre, nous voulons la paix »

En Europe, y compris au sein des mouvements qui se disent progressistes, il a souvent semblé difficile de faire partager ce refus tant de l’oppression israélienne que celle des réactionnaires du Hamas et des corrompus du Fatah pour parler de liberté, de paix, de justice et d’égalité, bref de nos aspirations universelles, en Israël et en Palestine. Cette fois, c’est de la Bande de Gaza qu’une voie s’élève pour affirmer ces refus. Et c’est bien de ces refus que peut naître un espoir pour toutes celles et tous ceux qui, en Irak, en Afghanistan, en Palestine, en Israël, en Iran et ailleurs, rêve d’un autre monde, libéré du racisme, de la guerre, du fanatisme religieux, du machisme et de l’oppression.

Analyse ci-dessus du site de nos amis de Iran en Lutte que nous partageons totalement, ainsi que celles des jeunes de Gaza qui ont publié ce manifeste, a ce propos d’autres articles sur ces prétendus « anti impérialistes » de cette « gauche radicale altermondialiste » européenne, américaine et française qui continue de soutenir le régime de Khamenei et Ahmadinejad de notre série ces collabos du régime iranien, sont en cours de rédaction et seront publiés ici prochainement.

Manifeste de la jeunesse de Gaza

Merde au Hamas. Merde à Israël. Merde au Fatah. Merde à l’ONU et à l’Unrwa (1). Merde à l’Amérique ! Nous, les jeunes de Gaza, on en a marre d’Israël, du Hamas, de l’occupation, des violations permanentes des droits de l’homme et de l’indifférence de la communauté internationale.

Nous voulons crier, percer le mur du silence, de l’injustice et de l’apathie de même que les F16 israéliens pètent le mur du son au-dessus de nos têtes, hurler de toute la force de nos âmes pour exprimer toute la rage que cette situation pourrie nous inspire. Nous sommes comme des poux coincés entre deux ongles, nous vivons un cauchemar au sein d’un autre cauchemar. Il n’y a pas d’espace laissé à l’espoir, ni de place pour la liberté. Nous n’en pouvons plus d’être piégés dans cette confrontation politique permanente, et des nuits plus noires que la suie sous la menace des avions de chasse qui tournent au-dessus de nos maisons, et des paysans innocents qui se font tirer dessus simplement parce qu’ils vont s’occuper de leurs champs dans la zone « de sécurité », et des barbus qui se pavanent avec leurs flingues et passent à tabac ou emprisonnent les jeunes qui ont leurs idées à eux, et du mur de la honte qui nous coupe du reste de note pays et nous enferme dans une bande de terre étriquée.

On en marre d’être présentés comme des terroristes en puissance, des fanatiques aux poches bourrées d’explosifs et aux yeux chargés de haine ; marre de l’indifférence du reste du monde, des soi-disant experts qui sont toujours là pour faire des déclarations et pondre des projets de résolution mais se débinent dès qu’il s’agit d’appliquer ce qu’ils ont décidé ; marre de cette vie de merde où nous sommes emprisonnés par Israël, brutalisés par le Hamas et complètement ignorés par la communauté internationale.

Il y a une révolution qui bouillonne en nous, une énorme indignation qui finira par nous démolir si nous ne trouvons pas le moyen de canaliser cette immense énergie pour remettre en cause le statu quo et nous donner un peu d’espoir. Le dernier coup qui a encore aggravé notre frustration et notre désespoir s’est produit le 30 novembre, quand des miliciens du Hamas ont débarqué au siège du Sharek Youth Forum

http://www.sharek.ps/

http://www.sharek.ps/index.php

une organisation de jeunesse très active à Gaza) avec leurs fusils, leurs mensonges et leur agressivité. Ils ont jeté tout le monde dehors, arrêté et emprisonné plusieurs personnes, empêché Sharek de poursuivre ses activités ; quelques jours plus tard, des manifestants regroupés devant le siège de Sharek ont été agressés, battus et pour certains emprisonnés.

C’est vraiment un cauchemar au sein d’un autre cauchemar que nous vivons. Il n’est pas facile de trouver les mots pour décrire la pression qui s’exerce sur nous. Nous avons difficilement survécu à l’opération « Plomb durci » de 2008-2009, quand Israël nous a systématiquement bombardé la gueule, a détruit des milliers de logements et encore plus de vies et de rêves. Ils ne se sont pas débarrassés du Hamas comme ils en avaient l’intention mais ils nous ont fichu la trouille pour toujours, et le syndrome du « stress post-traumatique » s’est installé à jamais en chacun de nous, parce qu’il n’y avait nulle part où fuir les bombes.

Nous sommes une jeunesse au cœur lourd. Nous portons en nous un poids tellement accablant qu’il nous empêche d’admirer le coucher de soleil : comment pourrait-on, alors que des nuages menaçants bouchent l’horizon et que des souvenirs effrayants passent dans nos yeux à chaque fois que nous les fermons ? Nous sourions pour cacher la douleur, nous rions pour oublier la guerre, nous gardons l’espoir pour ne pas nous suicider tout de suite.

Au cours des dernières années, Hamas a tout fait pour prendre le contrôle de nos pensées, de notre comportement et de nos attentes. Nous sommes une génération de jeunes qui se sont déjà habitués à évoluer sous la menace des missiles, à poursuivre la mission apparemment impossible qui consiste à mener une existence normale et saine, et nous sommes à peine tolérés par une organisation tentaculaire qui s’est étendue à travers notre société, tel un cancer malveillant déterminé à détruire dans sa propagation jusqu’à la dernière cellule vivante, la dernière opinion divergente, le dernier rêve possible, à paralyser chacun de nous en faisant régner la terreur. Et tout ça arrive dans la prison qu’est devenu Gaza, une prison imposée par un pays qui se prétend démocratique.

A nouveau l’histoire se répète dans toute sa cruauté et tout le monde a l’air de s’en moquer. Nous vivons dans la peur. Ici, à Gaza, nous avons peur d’être incarcérés, interrogés, battus, torturés, bombardés, tués. Nous avons peur de vivre parce que chaque pas que nous faisons doit être sérieusement considéré et préparé, parce qu’il y a des obstacles et des interdits partout, parce qu’on nous empêche d’aller où nous voulons, de parler et d’agir comme nous le voulons et même parfois de penser ce que nous voulons, parce que l’occupation colonise nos cerveaux et nos cœurs, et c’est tellement affreux que c’est une souffrance physique, que nous voulons verser des larmes de révolte et de colère intarissables.

Nous ne voulons pas avoir de haine, ressentir toute cette rage, et nous ne voulons pas être encore une fois des victimes. Assez ! Nous en avons assez de la douleur, des larmes, de la souffrance, des contrôles, des limites, des justifications injustifiées, de la terreur, de la torture, des fausses excuses, des bombes, des nuits sans sommeil, des civils tués aveuglément, des souvenirs amers, d’un avenir bouché, d’un présent désespérant, des politiques insensées, des politiciens fanatiques, du baratin religieux, de l’emprisonnement. Nous disons : ASSEZ ! Ce n’est pas le futur que nous voulons !

Nous avons trois exigences : nous voulons être libres, nous voulons être en mesure de vivre normalement et nous voulons la paix. Est-ce que c’est trop demander ? Nous sommes un mouvement pacifiste formé par des jeunes de Gaza et des sympathisants de partout ailleurs, un mouvement qui continuera tant que la vérité sur ce qui se passe chez nous ne sera pas connue du monde entier, et à tel point que la complicité tacite et la tonitruante indifférence ne seront plus acceptables.

Ceci est le manifeste pour le changement de la jeunesse de Gaza !

Nous allons commencer par rompre l’occupation qui nous étouffe, par nous libérer de l’enfermement mental, par retrouver la dignité et le respect de soi. Nous garderons la tête haute même si nous rencontrons le refus. Nous allons travailler nuit et jour pour changer la situation lamentable dans laquelle nous nous débattons. Là où nous nous heurtons à des murs, nous construirons des rêves.

Nous espérons que vous qui lisez maintenant ces lignes, oui, vous, vous nous apporterez votre soutien. Pour savoir sous quelle forme c’est possible, écrivez sur notre mur ou contactez-nous directement à freegazayouth@hotmail.com

Nous voulons être libres, nous voulons vivre, nous voulons la paix.

(1) Agence de l’ONU crée en 1948 pour prendre en charge les réfugiés palestiniens.

http://iranenlutte.wordpress.com/2010/12/29/merde-a-limperialisme-occidental-merde-a-lislamisme-politique/

http://forumdespeuplesenlutte.over-blog.com/article-merde-au-hamas-merde-a-israel-les-jeunes-de-gaza-se-lachent-63908996.html

http://www.anticapitalisme.be/?p=732


publié le 28 mai 2016