Génocide, j’écris ton nom

Samedi 7 janvier 2017, à midi, c’était la 615ème fois que les Mères du samedi se réunissaient place Galatasaray, à Istanbul. Elles ne demandent qu’une seule chose : où sont nos enfants ? Elles veulent savoir la vérité mais personne, ici, n’a le courage de leur répondre. Alors, le samedi suivant elles reviennent sur la même place et posent à nouveau la même question, cernées par les forces de police qui ont reçu l’ordre de se taire : Que sont devenues les jeunes femmes, où sont les corps des hommes encore si jeunes sur les photos, tous disparus depuis tellement d’années, alors qu’ils et elles étaient entre les mains de la police d’État ? 615 semaines que l’État préfère garder le silence, les lèvres aussi dures qu’un bec d’oiseau charognard, les derniers de la chaîne : ceux dont les becs ont été taillés pour fracasser les os séchés par le soleil d’Anatolie, pour en tirer encore un peu de moelle et vivifier leur sang d’oiseaux qui se nourrissent de pourriture et de mort.


publié le 9 janvier 2017