Londres victime du communautarisme, les Français réclament une dictature

Lundi soir, sur France 5, BFMTV, CNews, LCI et France 2, tout le monde s’accorde à dire que l’attentat de Londres est le résultat d’un abominable laxisme communautariste. Heureusement, les Français sont plus raisonnables : ils préfèrent renoncer à leurs libertés pour être protégés par un Etat policier.

« Les opinions sont devenues très dures sur le sujet du terrorisme », assure Christophe Barbier. Invité lundi d’un C dans l’air dont le titre, « Attentats de Londres : “Trop c’est trop” », reprend une citation de Theresa May, l’éditorialiste fait profiter les téléspectateurs de France 5 de son intime connaissance des « opinions ». « Elles veulent des moyens et elles veulent qu’on durcisse le ton, les actes face aux terroristes. » C’est vrai, il faut cesser de cajoler les terroristes. « Bien entendu, elles acceptent de voir des militaires au coin de rues, ça rassure. » Je ne franchis jamais un coin de rue sans m’être assuré d’être couvert par des soldats, ça me rassure.

« Et puis pour éviter que les terroristes ne passent à l’acte, l’opinion a accepté qu’on puisse décréter l’état d’urgence et donc des perquisitions et des interpellations administratives… » Les arrestations et les détentions arbitraires, ça rassure. « … Et puis qu’on puisse surveiller tout le monde en écoutant des téléphones, en surveillant Internet. » De me sentir surveillé, je suis rassuré. « La culture a beaucoup bougé en peu de temps. » La culture de Christophe Barbier, pas tellement. C’est rassurant.
« Ceux qui viennent dire : “Attendez, c’est pas normal qu’on puisse espionner une messagerie Internet”, ils se font regarder comme s’ils étaient les complices des terroristes. » Par Christophe Barbier. « Vraiment, l’opinion a basculé du côté sécurité, avant la liberté. » Marre de la liberté, mieux vaut une dictature rassurante. « C’est le cas aussi en Grande-Bretagne ? », s’inquiète la présentatrice, Caroline Roux. « Oui, depuis les attentats à Londres en 2005 », répond Sophie Pedder, correspondante en France pour The Economist.

« On est au stade suivant, maintenant, l’interrompt Christophe Barbier. L’opinion est prête à accepter que par exemple on arrête des gens de manière préventive. Il y a 12 000 à 15 000 fichés S, y en a 3 000 jugés dangereux, pourquoi on ne les arrête pas ? » Et pourquoi on ne les fusille pas ? Ça me rassurerait énormément. « On l’a toujours, cette question, intervient Caroline Roux. A chaque fois qu’on fait une émission sur le terrorisme, on a toujours des gens qui nous interrogent en disant : “Mais pourquoi on n’interpelle pas tous ceux dont on sait qu’ils ont eu des contacts avec les réseaux ?” » C’est peut-être parce qu’à chaque fois qu’on fait une émission sur le terrorisme, on a toujours Christophe Barbier pour invité…

… Ainsi que l’éminent criminologue Alain Bauer. Et Didier Leschi, ancien chef du bureau des cultes au ministère de l’intérieur, pour qui la lutte contre le terrorisme ne nécessite pas seulement la mise en place de l’Etat policier réclamé par Christophe Barbier mais « dépend aussi de la capacité interne au monde musulman à construire un discours alternatif au djihadisme ».
Caroline Roux pointe le grand responsable des attentats de Londres, Internet, qu’entre initiés on appelle « la Toile » : « Je reviens sur cette guerre que Theresa May veut lancer sur la Toile en disant : “On ne peut plus laisser les gens avoir accès à cette idéologie maléfique.” Elle va être suivie ou c’est juste parce qu’on est à trois jours d’un vote qui s’annonce difficile, sur cette nécessité de réguler cet espace qu’est Internet… » La nécessité de bâillonner Internet résistera-t-elle à la démagogie électoraliste ? « Facebook et Twitter ont fait des progrès, certifie Christophe Barbier, le geek de L’Express. Il reste le mystère Telegram, cette messagerie cryptée est encore beaucoup utilisée par les terroristes. » Seule façon d’éclaircir le mystère, l’arrestation préventive de tous les usagers de Telegram. Pour rassurer l’opinion, bien sûr. […]

« Le débat, c’est entre le communautarisme à la britannique ou le modèle français. » Tiens, qu’est-ce que je disais ? « Je pense que le modèle français est excellent à condition qu’on le respecte. » Cette fois, c’est Mohamed Sifaoui qui parle, sur LCI, dans l’émission d’Yves Calvi titrée en hommage à C dans l’air « Attentats : “trop c’est trop” ». « On évoquait en début d’émission la question soulevée par Theresa May sur le communautarisme qu’elle rendait responsable de la situation dans son pays… » Tout le monde est donc d’accord.

« Le débat, c’est entre le communautarisme à la britannique ou le modèle français. » Tiens, qu’est-ce que je disais ? « Je pense que le modèle français est excellent à condition qu’on le respecte. » Cette fois, c’est Mohamed Sifaoui qui parle, sur LCI, dans l’émission d’Yves Calvi titrée en hommage à C dans l’air « Attentats : “trop c’est trop” ». « On évoquait en début d’émission la question soulevée par Theresa May sur le communautarisme qu’elle rendait responsable de la situation dans son pays… » Tout le monde est donc d’accord.

Retour sur BFMTV, où Ruth Elkrief répète : « Le modèle britannique est en débat. » Sur BFMTV tout spécialement. « La société britannique se déchire aujourd’hui. » « Non, répond Caroline Fourest. Elle débat, enfin !, de la lutte contre le communautarisme intégriste. » Et contre l’intégrisme communautariste. « Il y a déjà eu des tentatives un peu plus lucides sous David Cameron et puis on a abandonné la piste de la lucidité. » C’est dingue, tous ces gens hermétiques à la lucidité de Caroline Fourest (qui, je le précise, représente la gauche sur le plateau de BFMTV).

« Ce débat s’ouvre enfin, il y a quelques journaux qui y résistent encore. Le Guardian est le temple de ce journalisme qui est dans le déni de l’islamisme. » Et aussi le Daily Telegraph, d’après ce que j’ai vu tout à l’heure avec cette journaliste qui, heureusement, a été congédiée. Caroline Fourest dénonce aussi « Jeremy Corbyn, le chef des idiots utiles de l’islamisme, complaisant, qui a même une permanence dans une mosquée radicale ». Une arrestation préventive s’impose. […]

Comme Mohamed Sifaoui, Caroline Fourest s’inquiète du laxisme des successeurs de Manuel Valls et Bernard Cazeneuve. « Là, il n’y a pas de continuité évidente dans la lutte antiterroriste. Ce gouvernement n’a pas envoyé de signaux très clairs sur le domaine de la laïcité. » Toujours pas de Guantánamo à la française. « La lutte contre le fanatisme, ça passe par le renforcement des droit des femmes, on a bien vu qui a été nommée secrétaire d’Etat et quelles sont ses positions. » Islamo-gauchistes. Donc, elle est complice des terroristes. « On a bien vue que Gérard Collomb a affiché une ligne un peu tendre sur la laïcité. » Sa tendresse le perdra… Mais reconnaissons-lui tout de même d’avoir envoyé des renforts policiers à Calais pour empêcher les associations de donner à manger aux migrants, ces terroristes en puissance, si j’en crois l’opinion (d’Elisabeth Lévy). […]


publié le 7 juin 2017