Nettoyage ethnique de Bédouins en Palestine

"Voici une nouvelle d’Israël que les journaux européens sont incapables de publier. Qui croirait que l’état juif et démocratique allait proposer aux non-juifs deux possibilités pour leur lieu d’habitation, soit à côté d’une décharge, soit à côté d’une usine de traitement des eaux sales des colonies ?", écrit Amira Hass dans Haaretz.

"C’est un bobard antisémite, dirait le rédacteur d’un quotidien britannique, avant d’enterrer un article venu du chef de la section Moyen Orient. La rédactrice de la chaîne de télé allemande jetterait un rapide coup d’œil sur un reportage de Jérusalem, prendrait peur et dirait : « Laisse tomber. Sais-tu combien de lettres de protestation et d’appels téléphoniques on va recevoir, si on diffuse ça ? On dira que nous diffusons un chapitre des Protocoles des Sages de Sion ».

Vraiment, qui pourrait bien inventer une pareille histoire, sinon les ennemis d’Israël ? L’état juif et démocratique offrirait donc aux non-juifs deux possibilités pour leur lieu d’habitation, soit à côté d’une décharge, soit à côté d’une usine de retraitement d’eau sale ?

Résultat : le lieu où ils vivent depuis des dizaines d’années pourrait être évacué pour laisser place à de nouveaux pavillons juifs ? Seul Jeremy Corbyn est capable d’inventer une telle sottise, diraient les représentants de la communauté juive de Londres. Malheureusement, ce n’est pas une invention de ceux qui haïssent Israël. C’est la vérité.

La Haute Cour de Justice a demandé aux procureurs du parquet d’expliquer par écrit leurs suggestions pour adoucir un peu l’arrêté d’expulsion forcée des Bédouins de la tribu Jahalin de Kahn al-Ahmar, qui avait déjà obtenu l’approbation d’un autre panel de juges.

Répétons les détails, car la tactique du gouvernement est de les brouiller. Répétons les détails, car ce n’est pas un cas isolé. Des évictions semblables ont eu lieu depuis les Accords d’Oslo. À présent, l’intention est de continuer à nettoyer les Bédouins palestiniens d’un vaste espace au sein de la Cisjordanie, afin de poursuivre l’expansion des colonies. Si l’expulsion de la communauté, rendue publique – due à la construction d’une école avec des pneus – devient réalité, ce sera un appel aux expulsions de masse d’autres communautés palestiniennes.

La Haute Cour a fait sa demande, et les procureurs du parquet Ran Rosenberg et Hadas Eran ont écrit ainsi :

« Ceux qui seront expulsés, seront conduits dans des tentes que l’état fournira, à un endroit connu sous le nom de Jahalin-West (à côté de la décharge de la colonie de Ma’ale Adumim). Puis, quelque temps après, avec trois autres communautés du même clan, Abu Dahuk, on leur allouera une superficie de 255 dounams (63,7 acres), pour y construire leurs maisons. S’ils le veulent, « ils pourront relier les bâtiments prévus au système d’adduction d’eau, situé à un kilomètre et demi de là ». Magnifique ! De l’eau courante, quelle offre séduisante ! Les évacués d’Amona, eux, n’ont pas eu ça.

Et ce n’est pas tout. Une autre planification préalable peut se faire : Les relier au système d’égouts. Les procureurs du parquet ont écrit, soutenus par un affidavit du « Major Yaniv Ben-Shoshan », sous-directeur des infrastructures, dans l’administration civile : « Au niveau environnemental, dans cette zone, il est possible de relier le système d’égouts à l’usine de de traitement d’eau de Vered Yeriho, qui se trouve à côté du deuxième choix (à l’est de Mitzpeh Yeriho) ».

Donc, en marge, un document présenté à la Haute Cour de Justice, précise que le deuxième choix offert est situé à côté de l’usine de traitement d’eau.

Vraiment ? Les photos aériennes jointes au document, fournies aussi à l’avocat des Bédouins, Tawfiq Jabarin, n’étaient pas très claires. Il a demandé et reçu des photos plus claires qui montrent que la zone offerte ne se trouve pas à côté de l’usine de traitement d’eau de la colonie, mais près de l’immense usine de traitement d’eau d’Og. L’usine traite les eaux usées des colonies de Ma’ale Adumim et de Kfar Adumim. Quelle ironie ! Ces colonies font tout ce qu’elles peuvent pour expulser les Bédouins d’où ils habitent actuellement.

Jabarin ayant dénoncé ce camouflage et les erreurs de la planification de l’administration civile, on a un peu amélioré : on réduira la surface de la zone qui sera donc plus éloignée des eaux usées. La version améliorée du projet, présentée par les procureurs du parquet, cache le camouflage précédent.

Ceux-ci ont baptisé une fois de plus l’immense usine de traitement du nom de Vered Yeriho, ajoutant Og entre parenthèses. Pourtant, ce nom n’existe dans aucun autre document officiel. Le nom HaOg S.T.P. suffit. Alors, nous avons une simple question : Pourquoi cacher aux juges qu’on leur demande d’approuver une expulsion vers un site à proximité d’une usine de traitement des eaux usées ?"


publié le 6 septembre 2018