Victime annoncée du coronavirus-hommage à Mme NGATARE

Madame NGATARE est morte. Nous disons son nom, malgré le secret professionnel, pour qu’elle ne disparaisse pas, victime anonyme de la pandémie.
Victime anonyme mais victime annoncée. Par sa précarité.

Elle venait d’obtenir ses papiers, après une lutte acharnée de 13 ans, 19 procédures. Treize années de survie, d’interruption de traitement (parce que « à défaut d’attestation de mutuelle, le médicament ne peut être délivré qu’au prix plein, à 625 € la boîte »), d’errance (se logeant dans des lieux immondes pourtant loués très chers), de maltraitances politiques.
Il y a un mois, elle est venue nous montrer sa carte, en dansant…

Et puis, le 13 mars, se voyant encore transporter « sa maison » dans un sac, elle a dit : « vous imaginez, être au CPAS et noire, impossible de trouver un logement ». Alors, elle continuait de se traîner d’une connaissance à l’autre, candidate idéale pour une contamination par le coronavirus…

Nous, son médecin traitant, son avocate, nous pleurons sa disparition.
Avec elle, c’est notre humanité qui a failli.


publié le 21 mars 2020