[COVID-19] Attaquons leur déni, organisons la survie

Ce mercredi 18 mars, la Belgique s’est vue à l’arrêt avec pour cause la pandémie du COVID-19.

Depuis le début du mois, la peur du virus a envahi la population. On aura vu la fermeture de l’HoReCa, des commerces et des écoles, accompagnée par l’annulation des événements sociaux et culturels. Et maintenant le confinement général du pays. Le monde semble soudain en suspens.

Si le gouvernement a longtemps sous-estimé le problème, refusant de mettre en place les mesures adéquates, c’est bien par son cynisme sans limite, préférant le déni plutôt que de risquer un ralentissement de l’économie. Mais ne nous voilons pas la face, cette épidémie est aussi l’occasion pour le pouvoir d’instaurer un nouvel état d’exception.

Il y a en effet un autre danger fondamental avec cette épidémie. Les gouvernements sont en train d’instaurer de nouvelles normes de contrôle et de surveillance toujours plus larges et strictes. Ces normes tendent, discrètement, doucement mais sûrement, à être généralisées. On voit apparaitre une normalisation de la surveillance, une accoutumance à l’obéissance et une standardisation de nos conditions d’existence. Voilà : sous nos yeux, les dictatures font bas des masques.

L’année dernière a vu une vague mondiale de révoltes face au capitalisme et son monde qui s’effondre de tous les côtés. Laissant place non seulement à une créativité insurgée mais aussi aux forces réactionnaires du fascisme.

Qui plus est, l’économie ralentit depuis un certain temps. Sa paralysie causée par le coronavirus a construit la tempête parfaite pour laisser la bourse et ses fictions spéculatives en chute libre.

C’est dans ce contexte que la maladie arrive sur notre territoire, avec un état d’urgence ‘antiterroriste’ encore frais dans nos mémoires.

Le gouvernement, toujours en retard, prend donc progressivement ses mesures. De toute évidence, elles ne suffisent pas et leur seul objectif est d’assurer la libre circulation des capitaux et la survie de l’économie.

Nous avons également vu comment la situation s’est développée dans d’autres pays à un stade d’infection plus avancé. Un contexte de révolte, de guerre urbaine et d’état d’urgence absolu a pris forme dans les rues chinoises, italiennes et dans d’autres parties du monde, avec plus ou moins de succès. L’État chinois, célébré pour sa capacité répressive, a concentré tous ses efforts sur le confinement total mais, jonglant pour maintenir son économie debout, a laissé ses gouvernements régionaux libres d’à la fois reprendre la production et maintenir la quarantaine. Au-delà de ça, c’est de loin le pays dont la quarantaine a été la plus effective et la plus efficace (nous ne mentionnerons pas les États-Unis, dont la politique publique est réduite à se couvrir les oreilles et à crier dans tous sens).

Le cas italien est notable, plus que toute autre chose, pour sa résistance aux mesures de quarantaine et à la « distanciation sociale », euphémisme néfaste de l’auto-isolement, de la précarisation forcée déguisée en « télétravail », de l’accaparement des biens essentiels et du déni de solidarité. Ainsi, l’un des effets de l’épidémie du Coronavirus aura été le retour de la conflictualité sociale, que ce soit dans les prisons ou dans les usines. Grèves sauvages se multiplient aujourd’hui sur tout le territoire et dans les prisons la plus grande révolte carcérale de ce siècle a commencé : 27 prisons sont en révolte, de nombreuses personnes ont été tuées, des policiers et des gardiens ont été pris en otages et des centaines de prisonnier.e.s ont réussi à s’échapper. Nous leur souhaitons bonne chance.

En territoire belge, la situation est incertaine. On ne semble être qu’au début de la pandémie : le nombre d’infections et de décès augmentent chaque jour, les hôpitaux sont déjà surchargés et le corps médical se trouve en manque de moyens pour soigner les malades. Les rues se vident, les villes se désertifient, laissant les personnes sans-abris à leur propre sort. Chacun.e est exhorté.e à rester chez soi mais les usines continuent à tourner, les entreprises refusent de fermer, beaucoup d’entre nous sont obligé.e.s à poursuivre le travail. De plus, nous sommes des millions à se retrouver sans travail, sans revenu et dans l’incapacité de payer le loyer ou de quoi manger.
La question posée : comment allons-nous survivre ?

Ailleurs la pandémie est devenue une occasion de révolte. Gardons cette flamme vivante et organisons-nous pour survivre.

Voici quelques mesures que nous considérons dignes à être généralisées, plutôt une inspiration qu’un programme :

• Grève dans tous les lieux de travail non-essentiels afin de limiter réellement au maximum la propagation du virus.

• Le boycott de toute forme de travail à distance ou d’étude, pour que la quarantaine devienne une grève générale.

• Des garanties claires de maintien des salaires pour toutes celles et ceux qui sont amené·e·s à arrêter le travail dans ce contexte de crise.

• Mise en place d’une aide financière pour toute personne incapable de subvenir à ses besoins fondamentaux.

• Logement pour tou.te.s : grève des loyers et reprise de espaces vides comme centres de collecte ou refuges pour celles et ceux qui se retrouvent sans logement.

• La libération immédiate de tou.te.s les prisonnier.e.s.

• Santé gratuite : tests, protections, traitement et soins pour tou.te.s

• Des contreparties sérieuses pour tout le personnel du secteur qui sera amené à travailler dans des conditions encore plus difficiles dans les semaines et mois à venir.

Les semaines qui viennent risquent d’être terribles, accablantes, cruelles...
Prenez soin de vous, de vos ami.e.s et de vos amours.
Prenons soin de nous.


publié le 22 mars 2020