Communiqué public : Poursuite des actions en faveur des exclué-e-s par d’autres moyens.

Aujourd’hui j’arrête l’action que j’avais débuté ce lundi 02 décembre, du moins je l’arrête dans la pratique que j’ai utilisé. Cette dernière n’a été qu’un moyen et des conditions extérieures font que je me dois de la changer.

Il y a beaucoup d’histoires à raconter, des personnes qui m’ont soutenu que ce soit de manière directe ou non, de manière régulière ou ponctuelle. Il y aussi les contacts fréquents avec les prisonnierEs de Vottem et leurs actions, ainsi que ceux et celles de Brugge et de Steenokerzeel, les émotions et moments partagés.
Il y a aussi les sentiments que j’en éprouve : tout d’abord de la gratitude pour vous, inconnuEs ou non, qui, chaque jour, vous battez pour des valeurs émancipatrices et égalitaires.
Il y a également de la peine pour, entre autre, cet homme décédé dans un camp de la honte à Brugge dans des circonstances troublantes. Pour moi, il s’agit d’un assassinat d’état comme il en existe bien d’autres dans les endroits d’enfermement car tout mort dans de tels endroits sont des assassinats… Lorsque j’ai parlé hier aux prisonnierEs de Vottem, illes me racontaient que le mouvement de grève de Brugge avait été brisé de manière répressive et que plusieurs personnes allaient être envoyées dans d’autres centres, d’autres encore ont été misE en isolement, probablement pour casser la résistance.
Il y a toujours de la tristesse lorsque je repense aux enfants qui sont toujours au Béguinage mais également tous ceux et celles, inconnuEs, vivant des conditions similaires.
Il y a également du doute sur le choix de la méthode qui a vu se concentrer l’attention sur certaines personnes et, peut-être, moins sur les situations qui ont entrainé une telle démarche…
Mais il y a surtout de l’espoir et de la volonté : espoir face à tout ce soutien, à ces luttes qui continuent partout de manière autonome, tous et toutes étant les propres acteurs et actrices de leurs luttes, que ce soit les afghanEs, les « sans-papiers » ainsi que les excluéEs sociaux et sociétaux.
Volonté car la situation l’exige. Car les sentiments d’impuissance nous sont imposés et qu’ils peuvent être brisés. Mais aussi car je ne peux que vivre, dans la pratique, avec mes valeurs que je considère comme digne, émancipateur et d’égalité. Des valeurs pour le vivre ensemble.
L’ensemble des dons reçu lors de la grève, excepté s’il y a des personnes qui souhaitent récupérer leurs biens, sera donné aux « Sentinelles de la nuit », petite association liégeoise qui parcourt les rues pour offrir du temps, de la parole, de la nourriture et autres aux amiEs de la rue. Quant à mon action, elle continue donc mais sous d’autres modes.
Tout d’abord, une table ronde ouverte et horizontale sera organisée au théâtre à la place (TALP, place de l’Yser à Liège) ce vendredi 13 décembre à 19h en compagnie de Mme France Arets du Collectif de Résistance Aux Centres Pour EtrangerEs (CRACPE), d’une personne du collectif de soutien des AfghanEs et des représentantEs des « travailleurs avec et sans » des syndicats. Mais également avec tous ceux et celles qui voudraient y participer et/ou soutenir. Ces personnes viendront nous parler de leurs expériences mais également des prochaines actions qui auront lieux ces prochains jours :
- Comme tous les samedis, rassemblement de protestations devant le centre fermé de Vottem à 16h. Lors de ce moment, des vieux gsm (sans appareil photo) et des cartes sim sont donnés aux prisonnierEs pour qu’illes puissent communiquer avec l’extérieur. C’est grâce à ceci que nous avons pu être en contact.

- Le lundi 16 décembre, le CRACPE et le comité de soutien aux « sans-papiers » organisent un rassemblement place du marché devant l’hôtel de ville pour sensibiliser la population et interpeller les conseillerEs communaux sur la situation actuelle.

- Le mercredi 18 décembre, en front syndical des « travailleurs avec et sans » monteront secouer la Sinistre Maggie Deblock à Bruxelles. Un rendez-vous sera fixé à midi à la gare des Guillemins.

- Le mardi 24 décembre, le CRACPE organise un rassemblement devant le centre fermé. Il s’agit d’un rassemblement avec torches, bougies et flambeaux qui se déroulera de 16h30 à 18h30.
Je compte également récolter des vieux gsm et cartes sim pour le CRACPE ainsi que des médicaments pour adultes et enfants contre toutes les maladies dues au froid pour les AfghanEs du Beguinage. Je compte également passer du temps avec les grévistes de Bruxelles qui sont venus me rendre visite dans ma tente à Vottem et particulièrement avec les enfants du Beguinage. Et si des personnes veulent s’y joindre, ce sera avec plaisir.
Surtout je veux continuer à tisser des réseaux de solidarité et de résistance entre les individuEs qu’illes soient avec papiers ou non, abris ou non, emplois ou non etc.
Car c’est par là, me semble-t-il, qu’on peut constater que la résistance, la solidarité existe en réalité, qu’elles s’accrochent à du vécu comme j’ai pu le voir souvent, particulièrement à la vue du nombre de soutien que j’ai reçu lors de cette grève. Et c’est cette expérience que je veux faire partager dans ce communiqué. Et que « Oui, c’est possible. »

Je vous remercie encore,

Decamp Loïc.

Source : http://loicdecamp.wordpress.com/2013/12/08/communique-public-poursuite-des-actions-en-faveur-des-exclue-e-s-par-dautres-moyens/


publié le 8 décembre 2013