lieu : hôtel de ville
adresse : grand place, bruxelles

Arrestations rue de la Régence - Interpellation au conseil communal de Bruxelles

Le 13 septembre dernier vers 16h, nous sommes 35 à avoir été encerclé-es, chargé-es, arrêté-es (pour certain-es frappé-es) rue de la Régence par la police de M. Vandersmissen. Nous peinons toujours à en identifier les raisons. C’est pourquoi nous allons nous adresser aux Conseil communal de Bruxelles et à M. Philippe Close.
Notre interpellation a été refusée par Philippe Close. Nous la lirons toute de même devant l’ho^tel de ville pour qu’il l’entende.
➡ Venez masqué-es et tenez-vous par groupe de quatre maximum !


Voici le texte de notre interpellation :

INTERPELLATION AU SUJET DE L’ARRESTATION DE 35 PERSONNES RUE DE LA RÉGENCE LE 13/09/2020
Nous faisons partie des 35 personnes arrêtées le dimanche 13 septembre 2020, rue de la Régence un peu avant 16h. Certain·es d’entre nous attendaient le tram, certain·es rentraient chez eux. Certain·es ont participé à la Manifestation pour La Santé, d’autres pas. Nous, passant·es et manifestant·es ; soignant·es, kinésithérapeute, enseignant·es, journaliste, étudiant·es… ; majeur·es et mineur·es ; arrêté·es administratifs ou judiciaires ; citoyens et citoyennes de diverses communes de Belgique, avons été encerclé·es, chargé·es, et arrêté·es brutalement par la police.
Nous sommes en colère. Nous sommes choqué·es. Nous vivons tous dans l’incompréhension de ce qui nous est arrivé.

Incapables de voir dans le déroulé des évènements autre chose qu’un piège, dans lequel nous sommes tombé·es alors que nous rentrions paisiblement chez nous, nous cherchons des réponses.

Nous n’allons pas revenir en détail sur l’exposé des faits, assez fidèlement relatés dans l’article ci-joint paru dans le journal Le Soir du 23 septembre 2020.
En résumé : à 15h50, rue de la Régence, la rue est calme. Des passant·es marchent isolément, sans cris, sans pancartes, sans slogans. Soudain, sans que rien ne l’annonce, certains assistent au gazage, à bout portant, d’un homme en train de se faire contrôler par le commissaire Vandersmissen, qui ôtera son masque quelque minutes plus tard.

Quelques voix se sont indignées de la scène à voix haute, mais sans menaces aucunes. La majorité, ignorant l’incident, circule et cherche une issue.

En avançant, un barrage de policiers nous fait face, puis nous encercle. Nous sommes frappé·es avec les boucliers, agglutinés les uns sur les autres au mépris de toutes règles de distanciations physiques. Le processus d’arrestation s’est aussi accompagné de force physique et d’intimidations nombreuses : « On demande des volontaires », déclare M. Vandersmissen, sans préciser pour quoi ; « Je vais t’apprendre un mot de français, ‘‘écarte les jambes’’ » dit un autre à une jeune femme qui comprend peu le français lors de la fouille tout en lui assénant un coup pour faire glisser son pied ; « Comme ça tu sauras pour la prochaine fois que te reprend l’envie de manifester », explique un troisième en fouillant un jeune de 16 ans, « T’as un joli caleçon » s’esclaffe un policier en retirant le pantalon d’un autre mineur en pleine rue.

Ces mineurs ont été arrêtés sans qu’aucun parent n’en soit informé. Finalement relâchés, seuls dans la ville trois heures plus tard, en toute irrégularité : une privation de liberté, sans signatures, sans audition, sans documents légaux. Le Délégué général aux droits de l’enfant vous a d’ailleurs interpellé à ce sujet.
Pour trois personnes, l’histoire tourne plus mal. Elles ont été frappées très violemment par les forces de police. Nous sommes tous témoins qu’il n’y a eu aucune rébellion !

Nous avons assisté impuissant à ce déchainement de coups sur des corps déjà à terre.
Nous avons reporté une grande partie de ces faits dans plus d’une dizaine de plaintes introduites au Comité P, qui a déjà jugé qu’elles nécessitaient une enquête. Nous n’égrainerons pas ici tous les jours d’interruption de travail et les certificats médicaux que beaucoup ont reçus pour des motifs psychologique ou physique résultant de cette interpellation qui n’a laissé personne indemne.

Nous, citoyens et citoyennes, exercions notre droit à circuler librement, après avoir exercé pour certains celui tout aussi fondamental de manifester.

Rappelons qu’il n’était pas 16h et que la manifestation était autorisée.
Rappelons qu’il s’agissait d’une manifestation pour le refinancement des soins de santé.
Rappelons encore que les manifestant·es étaient pour la plupart des soignant·es, dès lors comment ne pas être choqués que leurs revendications soient réprimées avec autant de violence ?

Signalons aussi que nous exercions notre droit à manifester, essentiel en démocratie et que depuis cette arrestation, certain·es d’entre nous, intimidés par cette démonstration de force injustifiable, hésitent à se rendre à une nouvelle manifestation.
Plus concrètement, nous avons 8 questions. Nous voudrions savoir :

1- Quelles sont les directives que vous avez données à votre police concernant le maintien de l’ordre de la manifestation pour la Santé du dimanche 13 septembre 2020 ? Concernant l’heure de dislocation ? Les effectifs ? Les barrages et l’usage de la force ?

2- Qu’est-ce qui a justifié l’utilisation à bout portant d’un gaz irritant à l’égard de l’homme dont M. Vandersmissen contrôlait l’identité (Antonin dans l’article du Soir), que plusieurs témoins ont décrit comme étant pourtant passif ?

3- Quel est le « trouble à l’ordre public » exactement dont nous nous serions rendus coupables, nous, passant·es de la rue de la Régence ? Et qui a justifié le bouclage, la charge puis l’arrestation de presque une rue entière ?

4- Nous avons été plusieurs à écoper de remarques des policiers suivant lesquelles, si nous ne voulions pas être arrêté·es, il ne fallait pas venir manifester ! Pourquoi le simple fait d’avoir été en manifestation constitue-t-il pour les policiers un motif d’arrestation ? Empêcher l’exercice de ce droit fondamental, est-ce une initiative de leur part ou y a t-il des consignes en ce sens ?

5- Comment expliquez-vous que les mineur·es aient été arrêté·es puis relâché·es au hasard dans la ville sans avoir signé ni reçu aucun document et sans que jamais leurs parents n’aient été prévenus ? Ces arrestations ont-elles été comptabilisées dans les 32 arrestations administratives ?

6- Quels sont la nature, le statut et le rôle dans le maintien de l’ordre de cette brigade de policiers en civil, matraque télescopique au poing, et pistolets à la ceinture (sans étuis), qui semblent ne savoir intervenir que par une agressivité et une violence disproportionnée et non régulée ? Étiez-vous au courant de cette stratégie ?

7- Fiché·es depuis cette arrestation préventive et injuste, nous voudrions savoir à quelles fins sont utilisées les bases de données de manifestants, et en quoi ils se différencient d’un fichage politique, permettant de nous arrêter n’importe quand sans motif préalable ?

8- Quelles mesures (sanctions, informations, sensibilisation, dispositifs de contrôle) comptez-vous prendre ou avez-vous déjà prises pour qu’à l’avenir une telle opération policière disproportionnée ne se reproduise plus ?


publié le 19 octobre 2020