Comme un hiver glacial qui s’annonce.

Ce matin, notre cher premier ministre s’est réveillé et n’a rien trouvé de mieux que de nous foutre la journée en l’air avec un discours bizarre, ou il prône l’unité nationale contre le terrorisme, alors qu’il convoquait une séance plénière exceptionnelle à la Chambre. Lire le discours dans l’intégralité dans le fil d’infos du Soir à partir de 9h30.

La Belgique, il faut bien le dire, si nous ne la haïssons pas complétement -d’une certaine façon-, c’est justement parce que personne au sein de ce territoire ne se définit comme tel. Il y avait l’autre jour à la radio une théorie selon laquelle s’il n’y avait pas encore eu d’attentat en Belgique, c’est justement parce qu’il n’y a pas cette arrogance chauvine insupportable qu’il y a par contre chez les dirigeants de nos voisins. Parce que frapper "la Belgique" est une idée absurde, parce que ce pays est une aberration. Et qu’être dirigeant d’une aberration, ce n’est pas une sinécure -on en viendrait presque à le plaindre- et Charles Michel qui n’est pas vraiment un grand puissant, même s’il aimerait bien, utilise donc le concept d’unité nationale qui semble marcher si bien chez ses voisins, pour donner une consistance à l’aberration qu’il est supposé gouverner. Et son gouvernement, cette association de malfaiteurs, euh coalition autoproclamée, qui regroupe notamment des individus nauséabonds à côté de qui Zemmour fait pâle figure, applaudit à tout rompre les propositions liberticides du premier ministre.

Car bien sur -nous avons lu la "stratégie du choc"- et ces attentats sont une aubaine pour le renforcement de l’arsenal policier. Et malheureusement même quand ils enrobent leurs discours de "liberté", et de "Lumières", etc, ils annoncent toujours un recul de ces mêmes valeurs.
Donc l’assemblée au complet a applaudi le Premier pour ses propositions si démocratiques : étendre la garde à vue de 48 à 72h (et hop, la constitution ciao), rétablir les contrôles aux frontières, fermeture des websites prêchant la haine (indymedia prêche-t-il la haine ?), fin des cartes SIM anonymes, enregistrement des passagers dans les transports, caméras en plus, etc. (Liste complète ici)

C’est bien sur tellement logique de renvoyer ceux qui reviennent de Syrie en prison puisque c’est souvent là même qu’ils ont pris la décision d’y aller. Bref, en ces temps d’austérité on trouve toujours 400 millions d’€ pour la police et l’armée.

Quelle manquement de lucidité que de stigmatiser Molenbeek, une commune à forte proportion d’immigrés, simplement parce que quelques exaltés y résidaient. Mais il est tellement facile de faire des amalgames, et d’enfin avoir un prétexte pour manifester son racisme d’Etat au grand jour. (Même les petits nazis de Nation comptent bien en profiter.) Mais bien sur la répression n’a jamais entraîné la radicalisation n’est-ce pas ?

Si le Premier cherchait la sécurité, il fermerait d’abord la fabrique d’armes d’Herstal, qui exporte à grands flots vers le Moyen Orient sa marchandise meurtrière. Peut-être qu’il serait temps aussi d’arrêter tout échange avec l’Arabie Saoudite qui en plus de pratiquer la torture finance Daech, à coup de pétro-dollars.
Mais quand il est question d’argent, la sécurité n’est plus qu’un vague concept poétique, comme la liberté dans ce discours.

C’est bien sur certainement au nom de notre liberté que les manifestations contre la COP 21 ont été interdites à Paris. [Lire le communiqué de la Coalition 21 (qui se débine un peu)][Lire le communiqué de Anticop21 (qui ne se débine pas)]

Face à tout ce marasme sémantique, rappelons bien que si le pétrole n’avait aucune valeur, il n’y aurait pas ces groupuscules de névrotiques fanatiques. Car effectivement le lien est ténu, et si l’on veut lutter contre ces terroristes, alors il faut aussi lutter contre le changement climatique.


publié le 19 novembre 2015