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Témoignage de ZinTV équipe arrêtée le 16 octobre

gepost op 17/10/15 Trefwoorden  luttes sociales  médias  répression / contrôle social  D19-20 

Bruxelles, le 16 octobre 2015

C’est avec indignation que nous vous faisons parvenir ce communiqué de presse afin de vous informer de l’arrestation d’une de nos équipes de tournage lors de la manifestation contre le traité transatlantique à Bruxelles, le jeudi 15 octobre 2015. La police ayant obligé un caméraman de ZIN TV d’effacer toutes les images tournées, détruisant ainsi sa journée de travail. La police visait à faire disparaître délibérément, illégalement et impunément les preuves de son action. Les images contenaient l’humiliation de la police infligée à des manifestants perçus comme des "sales gauchistes", des "chômeurs qui n’ont rien d’autre à faire que d’emmerder la population"… avaient également été captées certains propos méprisants du commissaire en charge de l’arrestation - le tristement célèbre Pierre Vandersmissen - se comportant en décideur omnipotent : « Vous êtes dans cette situation parce que je l’ai décidé... » et menaçant les manifestants avec une bombonne de gaz lacrymogène.

Voici le témoignage de Thomas Michel, caméraman pour ZIN TV :

13h30 : Entre 70 à 90 personnes participent à une action place Meiser : collecter barrières, grilles, panneaux trouvés sur la route, afin de bloquer les artères principales menant à la Commission, au moins 4 personnes filment.
Parcours : Place Meiser, Avenue Eugène Plasky, Avenue Léon Mahillon, Place des chasseurs Ardennais, Rue Charles Quint, Avenue de la Brabançonne, Square Ambiorix, Avenue Palmerston, Square Marie-Louise, Avenue Livingstone, Rue Joseph II, Rue Ortélius, Rue de Spa. Blocages approximatifs au Square Ambiorix et dans la rue Joseph II. La police nous a repoussé jusqu’à la rue Ortélius, puis nous nous sommes fait encerclés rue de Spa. La réaction de la police m’a semblé disproportionnée au vu de l’action en cours, les blocages ont été minimes, la répression a été soudaine et virulente, mais sans violence véritable. Les militants refusant d’obtempérer se sont fait maîtrisés fermement.
Environ 65 personnes encerclées par la police. Nous-nous sommes rassemblés en un groupe soudé et la police nous a contenu à l’aide de boucliers. L’arrestation administrative a été déclarée à 14h30. Nous avons arrêté de filmer à ce moment là.
Puis, un par un, les policiers nous ont attachés les mains avec des colsons en plastique et nous ont placé au sol, sur le trottoir, assis les uns derrières les autres, entre des poteaux et le mur de la rue, par groupes de cinq. Nous avons attendus l’arrivée des bus une bonne heure sous la pluie. Une fois les bus sur place, hommes et femmes ont été séparés, le bus des hommes étant rapidement complet, un groupe d’hommes a été placé dans le bus des femmes. Tous chantaient des slogans anti-TTIP dans les bus.
Vers 16h45, arrivée à la caserne d’Etterbeek. Retrait des colsons. Répartition des manifestants dans 3 cellules. Placement en « privation de liberté ». Fouille des sacs, contrôles d’identité. Au moins une demie heure d’attente. Signatures des déclarations d’arrestation administrative, à peu près tous les manifestants ont signé.
Retour à Bruxelles-Capitale en bus de police (commune de l’arrestation), arrêt porte de Hal, vers 19h30. Cinq policiers étaient avec nous, j’ai filmé au moins 4 plans dans le bus.
Nous sommes descendus un par un, par l’avant du bus. J’étais dans les premiers à descendre et j’ai aussitôt sorti ma caméra pour filmer la descente du bus. Une dizaine de manifestants sont descendus et un policier s’est avancé vers moi pour saisir ma caméra. Il m’a demandé de supprimer les images de la descente du bus, certains des visages des policiers apparaissant dans le cadre. J’ai donc supprimé devant lui cette séquence. Néanmoins, une fois cette séquence supprimée, il m’a prit la caméra des mains, pour en vérifier le contenu. En découvrant les séquences filmées dans le bus, le policier est monté dans celui-ci avec ma caméra et a supprimé l’ensemble de mes images.
Les manifestants ont protesté, mais les policiers ont rétorqués qu’ils étaient en droit de supprimer toutes images sur lesquelles ils pouvaient être identifiés, justifiant que leur mission était de niveau 3 sur 4 sur l’échelle des risques de terrorisme. Parmi les manifestants, un étudiant en droit leurs a expliqués qu’il n’étaient pas en droit de supprimer mes images. Les policiers nous maintenaient à distance durant la suppression des images. Le policier m’a rendu la caméra, toutes mes images avaient disparues.

Nous rappelons qu’il est illégal d’être saisi de ses sources, c’est une violation du secret professionnel et la justification de niveau 3 sur 4 sur l’échelle des risques de terrorisme est simplement bidon. Comme le rappelle le juriste et membre de l’Observatoire des violences policières de la Ligue des droits de l’Homme, Matthieu Beys, dans son ouvrage ‘Quels droits face à la police’ publié chez couleur livres :

Page 314 : J’ai le droit de cacher et de refuser de communiquer "tout renseignement, enregistrement et document" qui pourrait permettre aux policiers notamment de découvrir l’identité de mes informateurs, la nature ou la provenance de mes informations, l’identité de l’auteur d’un texte ou d’une production audiovisuelle ou le contenu des informations et des documents eux-mêmes si ceux-ci permettent d’identifier un informateur. Les policiers n’ont pas le droit de me cuisiner dans le but de découvrir mes sources d’informations.
Je ne pourrai jamais être poursuivi pour avoir caché mes sources, même si j’ai des données ou documents qui ont été volés ou détournés par mes informateurs (ou d’autres personnes), ou si mes informateurs (ou d’autres personnes ont violé leur secret professionnel). MAIS exceptionnellement, les policiers peuvent enquêter sur mes sources si trois conditions sont réunies :
1. un juge leur a demandé ; 2. les informations demandées sont d’une importance cruciale pour empêcher des infractions constituant une menace grave pour l’intégrité d’une ou de plusieurs personnes (par exemple, un attentat terroriste menaçant des vies humaines) ; 3. les policiers ne peuvent obtenir ces informations "d’aucune autre manière".
(…) Page 460 : il n’existe aucune interdiction générale de photographier ou filmer les actions de la police. Il est légitime que des citoyens et journalistes filment ou photographient des interventions policières, que ce soit pour informer ou récolter des preuves du déroulement des événements et ce n’est en principe pas une infraction, lorsque les policiers filment une intervention, eux-mêmes ou par des caméras de surveillance, il arrive que les scènes de leurs brutalités soient malencontreusement absentes du film ou indisponibles pour des raisons techniques. Comme le dit l’autorité de contrôle de la police en France (une espèce d’équivalent du Comité P), les forces de l’ordre "doivent considérer comme normale l’attention que des citoyens ou des groupes de citoyens peuvent porter a leur mode d’action. Le fait d’être photographiés ou filmés durant leurs interventions ne peut constituer aucune gêne pour des policiers soucieux du respect des règles déontologiques".

ZIN TV est une WebTV de participation citoyenne à caractère culturel, éducatif et informatif. Nous sommes délibérément engagés socialement afin de donner à connaître les initiatives issues de la société civile. ZIN TV est également un centre de formation qui offre des outils concrets, pratiques et théoriques à des citoyens impliqués dans le tissu associatif.

En détruisant le matériel filmé de ZIN TV, la police a non seulement violemment avorté un film, bafouant délibérément la liberté d’expression, mais montre également son mépris envers la presse citoyenne accompagnée d’une préoccupante dérive fascisante de son rôle dans notre société. Il faut agir et aider à renforcer le contrôle démocratique de la police par celles et ceux qu’elle est censée protéger et servir.


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