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Charlie a tué la liberté d’expression en France

gepost op 14/01/15 door Je ne suis pas Charlie Trefwoorden  médias  répression / contrôle social  veiligheids / terrorisme 

Grâce à Charlie, nous savons maintenant où s’arrête la liberté d’expression, qui a le droit de s’en réclamer et qui en est exclu. Cela fait quinze ans que les véritables antiracistes dénoncent la dérive totale de l’hebdomadaire reconverti dans la pensée dominante qui, de journal libertaire censuré par l’Etat est passé au statut plus rassurant de bouffon de la République protégé par ce même Etat.

Et maintenant, on voudrait qu’on oublie tout ça au nom de la défense de la « liberté d’expression », cette même liberté d’expression que Charlie avait contribué à museler chez les autres, chez tous ceux qui n’avaient pas troqué leur impertinence contre la soumission aux valeurs que veut nous imposer la société, avec juste une petite tolérance pour la critique bien-pensante des problèmes secondaires. On voudrait qu’on oublie que Charlie a soutenu toutes les guerres de l’Otan, qu’il n’a jamais rien fait pour défendre les Palestiniens, qu’il a fait de l’islamophobie son fonds de commerce tout en assimilant l’antisionisme à l’antisémitisme, qu’il n’a jamais remis en cause le libéralisme ou la République… C’est la pire insulte qu’il pouvait faire au Charlie d’il y a quarante ans.

Les assassins fanatiques ne pouvaient pas faire de meilleur cadeau à nos gouvernants qu’en transformant en martyrs de l’Etat ceux qui n’étaient jusque-là que ses idiots utiles et sa caution « libertaire », au même titre que les Cohn-Bendit et autres anciens contestataires passés dans l’autre camp. Au lieu de laisser mourir ces repentis de leur belle mort, sous le mépris de ceux qui continuaient à lutter contre l’Etat, le racisme et la pensée unique, des criminels imbéciles ont préféré en faire des martyrs. On connaissait les martyrs religieux, les martyrs nationalistes et les simples martyrs sans étiquette des dictatures et des fascismes. On a maintenant les martyrs d’Etat, ceux qui défendent les valeurs de la République et de la France profonde avec l’alibi de l’impertinence… envers les autres. Car l’impertinence des débuts de Charlie était oubliée, alors, pour y pallier, il a bien fallu s’inventer de nouvelles têtes de Turcs. Au milieu des crimes et des nettoyages ethniques, que faisait Charlie ? Pour se distraire, il se foutait de la gueule de Mahomet ! Quel courage, quelle lucidité politique ! Pas une fois, pas deux fois, mais en permanence, selon le rythme du déficit de ses ventes. Charlie, ce sont des islamophobes récidivistes, des serial pourfendeurs de musulmans, un créneau très rentable.

Maintenant que l’Etat a ses martyrs, fini de rire ! Il peut décréter la « tolérance zéro » pour tous ceux qui ne sont pas Charlie. Ça a commencé à un rythme effréné : « l’incitation au terrorisme » est devenu le mot d’ordre pour embastiller les déviants, les tribunaux font les trois huit, la France est sous contrôle. Et on ne peut pas demander à un Charlie à cinq millions d’exemplaires de dénoncer ça, ce serait tuer la poule aux œufs d’or. Non, il vaut mieux continuer avec Mahomet, ça fait vendre, ça, coco ! Luz et les survivants n’ont rien compris ! Peut-être rêvent-ils, puisqu’ils ont l’Etat avec eux, qu’ils pourront passer, quels qu’en soient les risques, à dix millions d’exemplaires, et même, pourquoi pas, que le prix des abonnements soit prélevé directement sur nos impôts. Ce serait faire acte de civisme.

Charlie n’est pas mort seulement sous les balles des terroristes, mais sous le poids des millions et le soutien des pires crapules de la planète. Avec un peu de retard, nous sommes enfin arrivés en 1984. Merci Big Brother ! Merci, Charlie Hebdo !


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